Sujet unique Steve Jobs, le (deuxième) film : votre avis ?

Je pense que j'irais voir ce films quand il sortira dans une salle du Jura ;)

Si c'est comme aux Rousses, ce sera pour 2017/2018, dans une salle pour 20 spectateurs, à l'unique séance journalière de 15h37 ... ;)
 
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Réactions: Phil1982
Bon , les gars de Macg, je vous aime bien mais là vous êtes completement à coté de la plaque.

Allez TOUS voir ce film.

Je viens de le voir aujourdhui, j'avais plutôt un bon à priori car Boyle+Sorkin+Fassbender , ça peut pas être completement mauvais.

Je me suis trompé, en fait c'est absolument Excellent, et probablement le meilleur film qu'on puisse artistiquement sur faire sur Steve Jobs, car complétement à son image.

""si vous n’aviez pas une bonne image de Steve Jobs avant de voir le métrage, vous sortirez réconforté dans votre opinion"
Alors on n'a pas vu le même film. Je trouve que c'est exactement le CONTRAIRE : Si vous detestez Steve Jobs, n'allez pas voir ce film car vous risqueriez d'aimer le personnage en en sortant.

L'idée de base du film est en réalité génialissime : C'est finalement un type dont l'obsession est de créer des machines qui soient ce que lui n'arrive pas à être : conviviales, humaines, accueillantes. Elles sont l'idéal qu'il sait qu'il ne pourra pas atteindre , lui. Il vit par procuration à travers elles.

La thèse du film explique au contraire très bien la raison du succès d'Apple : Il y de l'humain dans la machine, machines crées par un type à qui tout le monde reproche de ne pas l'être ( humain ) , alors qu'en fait il est totalement conscient de ces failles qu'il se sent incapables de modifier, et une fragilité et des blessures profondes qu'il cache avec une surabondance de confiance en soi et d'arrogance.

C'est ce qui rend en réalité son personnage extrêmement touchant. Les personnages totalement parfaits, lisses, irréprochables, blanc comme neige ne nous touchent pas.

Le succès et la réussite de l'informatique grand public vue par Apple est en réalité entièrement due aux failles de son personnage. S'il avait été parfait, on n'aurait pas eu cette vision de l'informatique
Il y a un moment assez touchant à la fin, et qui résume tout, durant la scène de confrontation avec sa fille, quand après plusieurs tentatives maladroites Steve essaye désespérement de se racheter auprès d’elle, et qu’elle lui jette « pourquoi alors tu as passé ton temps a le nier? ( qu’elle était sa fille) » , il lui répond , d’un air penaud et presque pathétique : « Je suis né avec un vice de fabrication »

« Vice de fabrication » qu’il n’accepte pas pour ses machines, quitte à rendre tout le monde fou, pour 0,1mm, pour un cube parfait, quitte à virer les équipes de niveau B afin qu’elles n’entachent pas la perfection des équipes de niveau A, quitte à tout vérouiller sur ces machines afin qu’elles ne soient pas « souillées ». Jobs passe son temps à nier : qu’’il se fiche de l’avis des autres ( alors que c’est faux, il révèle régulièrement ds le film à quel point ça peut le blesser, mais toujours tardivement ) , à nier que le LISA est réellement basé sur le nom de sa fille ( alors que c’est faux), etc…

Pendant tout le film, on n’arrete pas de lui jeter « tes machines sont meilleures que toi » , par Wozniak, par Hoffman, par Herzfled.. Jobs prend ça comme un badge de fierté ( voir la scène du réglement de compte avec Woz, avant le lancement de l’iMac), parce que justement il léguera au gens la meilleure partie de lui : ses machines. Jobs cite même comme référence Jésus, de manière un peu mégalomane, comme s’il se sacrifiait lui ( quitte à se rendre détestable) pour pouvoir léguer à l’humanité quelque chose de supérieur. Il était persuadé que révolutionner la vie des gens valait le sacrifice de sa propre personnalité « Je me fiche que vous me détestiez, car on vise plus haut que ça « en somme.

C’est exactement pour cela qu’il devient finalement si touchant. Il y a un running gag pendant tout le film « Apple ne commence jamais en retard » balance-t-il à tout ceux qui proposent de commencer un peu en retard afin de régler les soucis techniques de la démo. Et puis à la fin, pour la première fois de sa vie, il commencera en retard, pendant qu’il est sur le toit avec sa fille alors que tout le monde l’attend. Il commencera en retard, parce qu’il réalise enfin tout ce qu’il a passé sa vie à nier, parce que ironiquement, il commence à devenir enfin comme ses machines : humain.

Je ne comprends pas qu’on puisse penser que ce film ne fait que montrer Jobs sous un mauvais angle. C’est au contraire le portrait le plus élogieux qu’on puisse faire de lui. C’est presque en réalité un film de fanboy total.

Un autre running gag dans le film est que Woz balance toujours « On fait pas de l’art , mec » , ce à quoi Jobs répond à chaque fois « Fuck you. On fait de l’art ». Certains critiquent le film au fait qu’il n’est pas bureautiquement, techniquement,précis sur tel et tel détail , sur le pourquoi du choix du 6809 au lieu du 6800, etc.. Ce à quoi répondent Boyle+Sorkin+Fassbender « Fuck you, on fait de l’art ». Ce film est le plus bel hommage qu’on pouvait faire à Jobs en réalité. Un film à son image.

Désolé pour ce pavé, mais ce film m’a tellement emballé, et je pense que comme le Mac, ce sera un flop ( commercial) qu’on comprendra bien plus tard, et qu'il deviendra absolument culte sur le tard. Je prends les paris.

PS: et je passe sur la performance brillante de Fassbender, qui arrive à faire totalement oublier sa non-resemblance avec l'original, sur la mise en scène constamment emballante de Boyle qui utilise l'espace physiquement restreint des coulisses pour tenir la tension au maximum
 
Dernière édition:
Idem, je pense que j'irais le voir !
 
J'y suis allé hier soir, et je suis entièrement d'accord avec Fluxus, qui a très bien résumé ce qu'on ressent. Le film a fait un flop aux US, mais il a très bien marché à New York, Los Angeles et quelques villes universitaires. Il a fait un flop dans le reste du pays, non pas parce qu'il n'est pas bon, mais parce qu'il n'est pas un film "d'entertainment" classique. Je ne veux pas avoir l'air péremptoire en disant ça, mais c'est un film trop intelligent.

Jobs raconte l'histoire d'une personne en la mettant en scène à trois moments clé de sa vie. Chacun de ces moments pourrait être une répétition du précédent, mais il s'agit juste là de montrer comment il a su évoluer, devenir un homme, un humain, en transcendant ses propres phobies et complexes. A la fin, c'est presque une rédemption pour lui, parce que sa carrière est enfin en symbiose avec ce qu'il a à offrir.

Ce n'est pas un documentaire sur Apple, ni une re-création des keynotes (d'ailleurs, il fallait en avoir des sacrement grosses pour remplir une salle de figurants, recréer toute la scénographie et même pas montrer le Mac qui fait "Hello", mais ce n'est pas l'histoire racontée ici, et Boyle s'y tient), et ce n'est pas non plus un biopic où on vous vend le mec trop cool face au système et qui passe son temps à faire Hi Five à ses potes.

Au final, c'est une excellent fiction qui arrive à capturer l'essence d'une figure publique. L'un des meilleurs moments est probablement quand il emmène Woz dans la fosse d'orchestre et à la question "Mais tu joues de quoi toi ?", il dit qu'il est le chef d'orchestre. On voit bien maintenant, dans l'ère post Steve, qu'il n'y a pas un chef d'orchestre avec la force suffisante pour faire face à son premier violon...

Bref, allez le voir, faites vous une opinion, et osez abandonner ce que vous savez sur Steve Jobs pour apprécier une belle histoire de cinéma, très bien racontée par des personnes qui sont probablement pas loin du sommet de leur art.