A
Anonyme
Invité
Outre LÎle au trésor (merci mon Dieu pour Stevenson !), deux livres ont particulièrement marqué mes années dadolescence. Ceux qui me connaissent savent déjà que je lis peu, pas toujours du meilleur et, en tout cas, presque jamais de romans LÎle étant lexception la plus remarquable à cette règle, avec bon nombre des romans de Pearl Buck. Les deux livres en question sont très populaires et il ne serait donc pas étonnant que beaucoup dentre vous aient lu lun deux, sinon les deux. Il sagit du Petit prince dAntoine de Saint Exupéry, et de Jonathan Livingston le goéland de Richard Bach.
Tandis que jétais affairé à trouver quelque phrase belle et définitive à glisser dans ma signature, je repensais à cet extraordinaire petit bonhomme rencontré dans le désert saharien autant dire au beau milieu de nulle part , à son mouton et à sa rose (la variété importe peu), songeant peut-être que moi aussi jaimerais bien quon ne me vit quavec le cur Il mapparut soudain, et je trouve à présent singulier de ne pas lavoir relevé plus tôt, que ces livres qui me sont si chers ont tous les deux été écrits par des aviateurs. On pourrait ne voir là quune coïncidence, le monde est après tout rempli de cette sorte de petits hasards qui nous amusent plus souvent quils ne nous interrogent Pour moi, qui mapplique autant que je le peux à voir des moutons à travers les caisses, je ne crois pas à ce petit hasard ordinaire. Ce qui est à proprement parler « merveilleux » dans lhistoire de ces deux hommes nest pas quils aient fait des livres ou quils aient été des héros : nimporte qui peut faire un livre, personne nest à labri den faire un bon, et il est somme toute bien ordinaire de mourir à la guerre. Ce qui me semble merveilleux est quils aient précisément écrit ces livres-là parce quils étaient des aviateurs et que leur regard sur le monde, parce quil vient den haut, étend sur tous sa bienveillance.
Le Petit prince et Jonathan sont sans doute des uvres naïves, mais je reste persuadé que leur candeur fait leur force : elles nous donnent à voir ce quil y a de meilleur en chacun de nous, quil sagisse de nous élever au-dessus de notre condition humaine par le dépassement de soi, ou de poser sur la beauté immense du monde un regard de compassion et dhumilité.
En ces heures de doute, danxiété et de souffrance, il ne ma pas semblé inutile de rappeler que notre monde est beau, simplement beau, et je ne vois pas décidément la honte quil y aurait à sémerveiller naïvement de ses merveilles.
Mais les grandes personnes sont si compliquées Il faut tout leur expliquer.
He began our friendship with a gift. And later, not long before Tsavo, he gave me another. An incredible gift. A glimpse of the world through God's eye. And I thought "Yes, I see. This is the way it was intended."