mais faut être réaliste à un moment. là je rame depuis longtemps, j'ai 27 ans.
normalement, ça devrait être le contraire.
Euh, 27 ans c'est vieux ?
les soucis que je rencontre, je pense que c'est ceux de tout le monde :
Si c'était le cas personne ne vivrait de ces boulots.
-pas assez de clients.
-mes clients me rapportent pas d'autres clients.
-les clients veulent qu'on travaille gratuitement pour eux après plusieurs commandes payées (en prétextant qu'on est plutôt "amis" maintenant, car on s'échange des politesses pour que ce soit plus agréable de travailler ensemble).
-souvent les clients veulent baisser les devis, c'est toujours trop cher pour eux, donc si je cède pas, ils vont voir ailleurs.
Ça ça fait un peu beaucoup ! Ce n'est pas normal de cumuler tout ça…
Si tu n'as pas assez de clients ET que tes clients te trouvent trop chère, il y a un truc qui cloche… Logiquement, tu aurais du baisser tes prix pour augmenter ton nombre de clients pour mieux t'en sortir vu que "pas assez de clients", ça veut dire aussi un emploi du temps pas rempli. Replis ton agenda et monte tes prix après.
Bien sur dans l'idéal, il vaut mieux peu de boulot bien payé que beaucoup mal payé mai ceux qui peuvent se permettre d'être hors de prix ne se plaignent jamais de ne pas avoir assez de clients.
Une astuce : si tu fais un geste commercial, n'hésite pas à le valoriser sur la facture ou le devis en précisant le prix réel et, en négatif, avant le total, le rabais. Ça évite que, de bonne foi, le client te demande de travailler toujours à ce prix.
Bon.
Un autre truc qui cloche : normalement un client satisfait revient et nous amène d'autre clients. Je ne juge pas ton travail, je ne le connais pas, mais, quoi qu'ils te disent par devant, s'ils ne reviennent pas et ne te font pas de bouche à oreille, c'est qu'ils ne sont pas satisfaits. Pourquoi ? Il faut le déterminer. Mais un fait est un fait.
As tu fait une erreur ? Y a-t-il eu une incompréhension entre vous ? Est-ce que ce type de cleinet est vraiment fait pour toi, pour ce que tu sais faire le mieux sans vouloir viser trop haut… Je me suis méga-planté au début sur ce dernier point, vital en
free lance. Les nouveaux se disent "je ne sais pas faire mais je ne suis pas plus bête qu'un autre, je prends le boulot et on verra après". C'est le meilleur moyen de se planter dans le devis (en sa défaveur, généralement) tout en rendant le client insatisfait.
-la concurrence faite de plein de pseudo-graphistes du dimanche, des bidouilleurs même pas diplômés
Je ne suis pas diplômé et je ne reprendrai plus jamais de jeunes stagiaires diplômés ou en formation. Ils ont trop de choses à désaprendre en étant persuadés du contraire.
En assimilant "pseudo-graphistes du dimanche" et "pas diplomés" tu fais une très grave erreur (et tu ne t'attire pas ma sympathie, forcément) qui témoigne d'une posture qui explique peut-être en partie tes soucis. N'oublie pas que ces écoles sont récentes et qu'on n'est pas encore professionnel en en sortant, loin de là. Dans nos métiers ce n'est pas le diplôme qui fait le professionnel. Quelqu'un qui n'a jamais dessiné ni rien fait de graphique dans sa vie avant d'entrer dans une école de graphisme (ou d'art) n'en resortira pas plus graphiste (ou artiste) que quand il y est entré. Il y a autant de pseudo-graphistes diplômés que non diplômés.
Et concernant ces "pseudo-graphistes du dimanche" (je te confirme qu'ils pulullent et la tendance ne va pas s'inverser de si tôt), en ce qui me concerne, j'estime qu'il ne me prennent pas tellement mon boulot puisque justement, une fois sur deux on me contacte suite à une déception due à ce genre de boulot. Du coup, les clients qui sont passés par là savent qu'un boulot correct se paie.
en fait, pour donner une réponse complète :
sorties de mon école, les seules personnes qui ont un salaire un peu près régulier sont :
-soit la minuscule poignée de chanceux (je sais pas si c'est le bon mot) qui ont trouvé une agence de communication (souvent ils ont déménagé à l'autre bout du pays pour ce poste).
-soit deux filles qui font plutôt de l'illustration (livres d'enfants, dessin de presse) et qui cumulent à côté de ça des tafs autres (genre donner des cours, ateliers d'arts plastiques avec enfants etc...)
(y'a aussi un gars qui a un agent artistique depuis peu qui lui amène ses commandes).
Je ne dirais pas que ceux qui sont en agence sont chanceux (en tout cas il faudrait leur demander leur avis ! …
.
Quant aux deux filles dont tu parles, il me semble que leur profil est tout à fait conforme à ce qu'on peut attentre dans ce type de métier, surtout si on est orienté illustration.
En free lance, il faut chercher les niches, les spécialisations, faire des piges complémentaires à droite et à gauche (qui ne sont pas uniquement pécuniaires mais aident à trouver des clients et des relations de travail et à s'ouvrir l'esprit). Petit à petit, la clientèle de fidèles s'étoffe et on fais de moins en moins d'à-côtés. Un client satisfait qui te donne un boulot à 300 € tous les cinq ans mais te ramène régulièrement d'autres clients est un très bon client.
Je bosse dans le domaine associatif et culturel en province. Ces gens là ne sont pas du tout sensibles aux sirènes et aux discours opaques des boites de com' et trouvent un interlocuteur proche d'eux. Voilà le type de niche qu'il faut exploiter.
C'est un boulot où on rame souvent. On a d'autres avantages.
Si quelqu'un t'a promi que juste de par ton diplôme tu gagnerai, à coup sûr, bien ta vie avant 35 ans dans ce métier, il est bon à enfermer.