Pour ceux qui ne lisent pas la presse belge.
«Télécharger n'est pas normal!» (22/09/2005)
Déjà 255 actions lancées en 2005 par la fédération du disque. Son directeur s'en prend aux lecteurs MP 3 et iPod
BRUXELLES Une campagne pour stopper l'hémorragie. L'industrie du disque peine face au téléchargement par Internet. C'est ainsi que depuis ce lundi est diffusé sur RTL-TVi un spot mettant en scène un musicien se retrouvant quasi dans le plus simple appareil après avoir été dépossédé de ses droits. «C'est une campagne éducative, signale Marcel Heymans, le directeur-général de l'IFPI-Belgium, la branche belge de la Fédération internationale de l'Industrie phonographique. Elle fait suite à celle que nous avions lancée il y a cinq ans et qui portait sur le CD enregistrable.»
Combien de chansons téléchargées chaque jour chez nous via le Net?
«On estime en moyenne à 1 million le nombre de titres downloadés chaque jour. Je parle ici de titres téléchargés à partir d'un ordinateur belge.»
L'IFPI porte plainte contre les sites qui fournissent de la matière musicale au téléchargeur. Combien d'actions introduites en 2005?
«A ce jour, nous en sommes à 255 dossiers introduits. Ce qui représente une augmentation par rapport à 2004 où 179 actions avaient été intentées. A titre de comparaison, l'IFPI Belgium a introduit 94 plaintes en 2003 et seulement 75 en 2002. Notre priorité reste les sites qui fournissent un grand volume de chansons. Nous attaquons également ceux qui ne mettent qu'une chanson sur le Net. Un tube actuel aura plus de chance d'être téléchargé qu'une collection complète d'albums qui ne se sont jamais vendus.»
A combien se chiffre aujourd'hui la perte pour l'industrie belge du disque?
«Toute l'industrie souffre du téléchargement. Entre 1999 et 2005, son chiffre d'affaires global a chuté de 40%. Ce qui est énorme. Si on se place du côté des disquaires, cela fait un manque à gagner de plus ou moins 100 millions d'euros. Certains tentent de mettre cela sur le compte de la crise économique. Mais jamais la croissance économique n'a baissé de 40%. Connaissez-vous encore des petits détaillants de disques? Il en existe encore quelques-uns dans les grandes villes mais plus dans les villages. Aujourd'hui, tout est concentré dans les grands magasins. Et encore: le rayon disques est en train de perdre du mètre linéaire. Les grandes chaînes misent sur le DVD. Mais le DVD est en train de subir le même sort à cause du téléchargement illégal de films.»
Pourquoi dites-vous que l'enjeu en la matière se situe en Wallonie?
«En Communauté française, les pouvoirs publics veulent mettre la culture à la portée de tous. Mais le patrimoine culturel est en danger. Comment peut-on encore investir dans un réseau de médiathèques performant alors que celles-ci souffrent également du téléchargement? Leur chiffre d'affaires a également chuté.»
Le danger, finalement, ne vient-il pas aujourd'hui du succès des lecteurs MP 3 et des iPod?
«Il faut bien faire une distinction entre l'outil et ce qu'on en fait. Quand on possède une voiture, on ne roule pas à fond la caisse dans les petites rues du centre de Bruxelles. Avec les lecteurs MP 3 et les iPod, c'est pareil. Ils servent à Monsieur-Tout-le-Monde à écouter sa propre collection ou à télécharger des chansons légalement sur le site iTunes. Pas à télécharger illégalement. Je lance donc un message au gouvernement fédéral pour qu'il se saisisse de la question.»
C'est-à-dire?
«Celui-ci doit entamer des actions. Le téléchargement ne doit plus être considéré comme normal. Cela fait du tort à notre industrie mais aussi à l'économie en général et aux finances de l'Etat par la même occasion. Sur la vente d'un disque, l'Etat perçoit 21% de TVA. Chaque année, les Finances perdent donc 21 millions d'euros. Comme le travail au noir, le téléchargement illégal, c'est de la culture en noir. Les CD-R (CD enregistrables, NdlR) ne constituent toujours pas une infraction. Lors d'un contrôle de police routier, on regarde si les papiers sont en règle, l'assurance, la présence de drogue mais on ferme les yeux sur la présence de CD enregistrables dans l'habitacle»
Est-il déjà trop tard selon vous?
«Pour tous les magasins qui ont fait faillite, il est déjà trop tard. Mais pour ceux qui sont encore là, il n'est pas trop tard.»
Propos recueillis par Karim Fadoul
© La Dernière Heure 2005
«Télécharger n'est pas normal!» (22/09/2005)
Déjà 255 actions lancées en 2005 par la fédération du disque. Son directeur s'en prend aux lecteurs MP 3 et iPod
BRUXELLES Une campagne pour stopper l'hémorragie. L'industrie du disque peine face au téléchargement par Internet. C'est ainsi que depuis ce lundi est diffusé sur RTL-TVi un spot mettant en scène un musicien se retrouvant quasi dans le plus simple appareil après avoir été dépossédé de ses droits. «C'est une campagne éducative, signale Marcel Heymans, le directeur-général de l'IFPI-Belgium, la branche belge de la Fédération internationale de l'Industrie phonographique. Elle fait suite à celle que nous avions lancée il y a cinq ans et qui portait sur le CD enregistrable.»
Combien de chansons téléchargées chaque jour chez nous via le Net?
«On estime en moyenne à 1 million le nombre de titres downloadés chaque jour. Je parle ici de titres téléchargés à partir d'un ordinateur belge.»
L'IFPI porte plainte contre les sites qui fournissent de la matière musicale au téléchargeur. Combien d'actions introduites en 2005?
«A ce jour, nous en sommes à 255 dossiers introduits. Ce qui représente une augmentation par rapport à 2004 où 179 actions avaient été intentées. A titre de comparaison, l'IFPI Belgium a introduit 94 plaintes en 2003 et seulement 75 en 2002. Notre priorité reste les sites qui fournissent un grand volume de chansons. Nous attaquons également ceux qui ne mettent qu'une chanson sur le Net. Un tube actuel aura plus de chance d'être téléchargé qu'une collection complète d'albums qui ne se sont jamais vendus.»
A combien se chiffre aujourd'hui la perte pour l'industrie belge du disque?
«Toute l'industrie souffre du téléchargement. Entre 1999 et 2005, son chiffre d'affaires global a chuté de 40%. Ce qui est énorme. Si on se place du côté des disquaires, cela fait un manque à gagner de plus ou moins 100 millions d'euros. Certains tentent de mettre cela sur le compte de la crise économique. Mais jamais la croissance économique n'a baissé de 40%. Connaissez-vous encore des petits détaillants de disques? Il en existe encore quelques-uns dans les grandes villes mais plus dans les villages. Aujourd'hui, tout est concentré dans les grands magasins. Et encore: le rayon disques est en train de perdre du mètre linéaire. Les grandes chaînes misent sur le DVD. Mais le DVD est en train de subir le même sort à cause du téléchargement illégal de films.»
Pourquoi dites-vous que l'enjeu en la matière se situe en Wallonie?
«En Communauté française, les pouvoirs publics veulent mettre la culture à la portée de tous. Mais le patrimoine culturel est en danger. Comment peut-on encore investir dans un réseau de médiathèques performant alors que celles-ci souffrent également du téléchargement? Leur chiffre d'affaires a également chuté.»
Le danger, finalement, ne vient-il pas aujourd'hui du succès des lecteurs MP 3 et des iPod?
«Il faut bien faire une distinction entre l'outil et ce qu'on en fait. Quand on possède une voiture, on ne roule pas à fond la caisse dans les petites rues du centre de Bruxelles. Avec les lecteurs MP 3 et les iPod, c'est pareil. Ils servent à Monsieur-Tout-le-Monde à écouter sa propre collection ou à télécharger des chansons légalement sur le site iTunes. Pas à télécharger illégalement. Je lance donc un message au gouvernement fédéral pour qu'il se saisisse de la question.»
C'est-à-dire?
«Celui-ci doit entamer des actions. Le téléchargement ne doit plus être considéré comme normal. Cela fait du tort à notre industrie mais aussi à l'économie en général et aux finances de l'Etat par la même occasion. Sur la vente d'un disque, l'Etat perçoit 21% de TVA. Chaque année, les Finances perdent donc 21 millions d'euros. Comme le travail au noir, le téléchargement illégal, c'est de la culture en noir. Les CD-R (CD enregistrables, NdlR) ne constituent toujours pas une infraction. Lors d'un contrôle de police routier, on regarde si les papiers sont en règle, l'assurance, la présence de drogue mais on ferme les yeux sur la présence de CD enregistrables dans l'habitacle»
Est-il déjà trop tard selon vous?
«Pour tous les magasins qui ont fait faillite, il est déjà trop tard. Mais pour ceux qui sont encore là, il n'est pas trop tard.»
Propos recueillis par Karim Fadoul
© La Dernière Heure 2005