commentaires.com - Philippe Barraud
jeudi 8 septembre 2005
Mercredi 7 septembre, au cours de l?émission que France-Inter offre chaque jour à l?extrême-gauche («Là-bas si j?y suis», de 17h. à 18h.), les auditeurs ont pu assister pendant une heure au lynchage de Nestlé, monstre capitaliste dévoreur d?ouvriers marseillais.
On y a célébré comme il se devait la «lutte», la pérennité du «mouvement» qui, depuis un an maintenant, a réussi à empêcher la fermeture de l?usine Nestlé. Et on a donné longuement la parole à un délégué CGT, comme de juste.
La CGT a certes des raisons de plastronner: l?usine a été rouverte sur ordre d?un? juge, oui, un juge, sans qu?on sache très bien s?il s?y produit encore quelque chose. La France, parfois, a quelque chose de Cuba. Les piquets CGT montent la garde et jouent aux cartes devant l?usine, en attendant que diverses instances judiciaires confirment ou défassent ce qu?ont ordonné d?autres instances judiciaires innombrables. Le magazine «Bilan», dans sa dernière édition, décortique cette hallucinante affaire. Ce pourrissement est évidemment tout bénéfice pour le syndicat, qui pose en défenseur des travailleurs et en rempart contre la mondialisation en général et l?ogre de Vevey en particulier, qui «détruit» des emplois. Dérisoire victoire, en réalité.
Osons dire en effet que la CGT est le plus grand ennemi des travailleurs français. Oui, vous avez bien lu. On ne dit guère ces choses-là en France parce que, des milieux politiques aux médias, la CGT a si bien infiltré le système qu?elle est devenue l?un des tabous les plus intouchables de la République. Il est exclu de la critiquer, sous peine de représailles immédiates.
Arrogant et totalitaire, ce syndicat est pourtant bien le principal frein au développement, et surtout à l?implantation de nombreuses entreprises, françaises et étrangères, dans l?Hexagone. En un mot comme en cent, il faut être fou pour implanter ou racheter une entreprise en France, aujourd?hui. Non seulement la productivité est aléatoire, mais encore les conditions fiscales et les entraves sociales sont-elles parfaitement décourageantes: comment voulez-vous engager du personnel quand les commandes affluent, sachant que vous ne pourrez licencier personne quand apparaîtront les chiffres rouges?
Avec Perrier, puis son usine de Marseille, Nestlé a fait des expériences cuisantes. Elles n?ont heureusement aucune incidence sur sa santé (le cours de l?action frise des sommets historiques), mais son image s?en trouvera forcément dégradée. Swissair, du temps de sa splendeur, a connu des déboires comparables outre-Jura. En rachetant Air Liberté, ricanait-on, elle rachetait aussi onze syndicats ? de quoi tuer la plus solide des entreprises?
Mais ne mettons pas toute la faute sur la CGT: d?une certaine façon, les Français eux-mêmes sont responsables. Viscéralement allergiques au libéralisme, ils n?admettront jamais que c?est au secteur privé qu?ils doivent leur travail et leur gagne-pain, et que pour que les entreprises créent des emplois, il faut leur en donner les moyens. Dans l?imaginaire français, les emplois, ce n?est ni le capital ni le marché, c?est le gouvernement, c?est l?Etat-papa qu?on appelle au secours pour un oui ou pour un non, et même quand l?essence augmente ou que le poisson vient à manquer! Cela a évidemment un prix: la France consacre 48,2% de son PIB à l'administration, c'est un record mondial.
Si la France veut sortir du bas du classement des pays industrialisés, si elle veut enfin faire diminuer son taux de chômage, elle doit impérativement introduire une dose conséquente de libéralisme dans son économie, plutôt que de lever des barricades grotesques contre les OPA qui menacent le secteur stratégique du yogourt. Elle a sous les yeux l?exemple éclairant de la Grande-Bretagne, mais hélas, c?est bien connu, les Français ne regardent jamais au-delà de leur nombril ? ou de celui de leur président, ce qui revient au même.
jeudi 8 septembre 2005
Mercredi 7 septembre, au cours de l?émission que France-Inter offre chaque jour à l?extrême-gauche («Là-bas si j?y suis», de 17h. à 18h.), les auditeurs ont pu assister pendant une heure au lynchage de Nestlé, monstre capitaliste dévoreur d?ouvriers marseillais.
On y a célébré comme il se devait la «lutte», la pérennité du «mouvement» qui, depuis un an maintenant, a réussi à empêcher la fermeture de l?usine Nestlé. Et on a donné longuement la parole à un délégué CGT, comme de juste.
La CGT a certes des raisons de plastronner: l?usine a été rouverte sur ordre d?un? juge, oui, un juge, sans qu?on sache très bien s?il s?y produit encore quelque chose. La France, parfois, a quelque chose de Cuba. Les piquets CGT montent la garde et jouent aux cartes devant l?usine, en attendant que diverses instances judiciaires confirment ou défassent ce qu?ont ordonné d?autres instances judiciaires innombrables. Le magazine «Bilan», dans sa dernière édition, décortique cette hallucinante affaire. Ce pourrissement est évidemment tout bénéfice pour le syndicat, qui pose en défenseur des travailleurs et en rempart contre la mondialisation en général et l?ogre de Vevey en particulier, qui «détruit» des emplois. Dérisoire victoire, en réalité.
Osons dire en effet que la CGT est le plus grand ennemi des travailleurs français. Oui, vous avez bien lu. On ne dit guère ces choses-là en France parce que, des milieux politiques aux médias, la CGT a si bien infiltré le système qu?elle est devenue l?un des tabous les plus intouchables de la République. Il est exclu de la critiquer, sous peine de représailles immédiates.
Arrogant et totalitaire, ce syndicat est pourtant bien le principal frein au développement, et surtout à l?implantation de nombreuses entreprises, françaises et étrangères, dans l?Hexagone. En un mot comme en cent, il faut être fou pour implanter ou racheter une entreprise en France, aujourd?hui. Non seulement la productivité est aléatoire, mais encore les conditions fiscales et les entraves sociales sont-elles parfaitement décourageantes: comment voulez-vous engager du personnel quand les commandes affluent, sachant que vous ne pourrez licencier personne quand apparaîtront les chiffres rouges?
Avec Perrier, puis son usine de Marseille, Nestlé a fait des expériences cuisantes. Elles n?ont heureusement aucune incidence sur sa santé (le cours de l?action frise des sommets historiques), mais son image s?en trouvera forcément dégradée. Swissair, du temps de sa splendeur, a connu des déboires comparables outre-Jura. En rachetant Air Liberté, ricanait-on, elle rachetait aussi onze syndicats ? de quoi tuer la plus solide des entreprises?
Mais ne mettons pas toute la faute sur la CGT: d?une certaine façon, les Français eux-mêmes sont responsables. Viscéralement allergiques au libéralisme, ils n?admettront jamais que c?est au secteur privé qu?ils doivent leur travail et leur gagne-pain, et que pour que les entreprises créent des emplois, il faut leur en donner les moyens. Dans l?imaginaire français, les emplois, ce n?est ni le capital ni le marché, c?est le gouvernement, c?est l?Etat-papa qu?on appelle au secours pour un oui ou pour un non, et même quand l?essence augmente ou que le poisson vient à manquer! Cela a évidemment un prix: la France consacre 48,2% de son PIB à l'administration, c'est un record mondial.
Si la France veut sortir du bas du classement des pays industrialisés, si elle veut enfin faire diminuer son taux de chômage, elle doit impérativement introduire une dose conséquente de libéralisme dans son économie, plutôt que de lever des barricades grotesques contre les OPA qui menacent le secteur stratégique du yogourt. Elle a sous les yeux l?exemple éclairant de la Grande-Bretagne, mais hélas, c?est bien connu, les Français ne regardent jamais au-delà de leur nombril ? ou de celui de leur président, ce qui revient au même.