Extrait de l'article : La Société civile des producteurs de phonogrammes en France (SPPF) déclare que "la gratuité induite par le téléchargement illégal de fichiers musicaux sur internet via les réseaux «Peer To Peer» risque d'altérer de façon profonde et durable le modèle économique de l'industrie du disque".
Grosso modo, moins de revenus pour les disquaires, les labels, les éditeurs, bref toute une chaîne culturelle bientôt mise à mal par le système du Peer2Peer.
Je suis mort de rire.
1. Ici à Avignon, nous avons en centre-ville - roulez tambours, sonnez trompettes - une
FNAC. En fait, il s'agit du SEUL disquaire multi-genres, les autres pratiquant soit l'occase soit des thématiques sonores particulières - techno ou classique principalement. Tous les autres disquaires multi-genres ont disparu, écrasés par le mastodonte de PPR.
Curieusement, je n'ai pas ouï dire que ces enseignes se portaient mal : la
FNAC parce que son C.A. ne dépend pas majoritairement du disque, les autres parce que leur spécialisation évite - en partie - une concurrence frontale du web et leur offre une niche ainsi qu'une clientèle dédiée.
Je ne dis pas que personne ne va télécharger du MP3 de Hildegarde Von Bingen, Marin Marais ou Steve Roach, mais la qualité audio risque de prendre un shoot sévère. Alors que dans le cas de la Star'Ac (ou Evanescence, ou ce que vous voudrez d'un peu "gros son"), la perte est moins importante - bref, vous voyez ce que je veux dire...
2. Les autres magasins disposant d'un espace disques sont en périphérie (Cultura, Virgin), enseignes multi-genres elles aussi et ne dépendant pas du disque pour leur survie. Et puis... il y a les Hyper et leur choix systématiquement dédié aux majors, ceux-là même qui gueulent contre le P2P.
3. Où les français moyens s'achalandent-ils précisément en biens de consommation courante, en produits culturels et en informatique ? En hypermarchés, lieux où les têtes de gondoles et les responsables de rayons doivent faire du chiffre et où le Plus Petit Dénominateur Commun sera mis en avant. Avez-vous jamais vu un seul hyper prendre un risque culturel en mettant en avant un produit qui n'avait pas bénéficié d'une campagne de pub préalable ? Non.
4. L'offre y est donc régulée sur de grands standards : quelques Bestoffes, deux-trois albums des plus gros vendeurs drivés par des singles puisamment médiatisés, une tripotée de compiles, et les dernières prods à la mode de chez nous. Une faiblesse dans le choix qui en fait une proie facile pour le P2P.
Car la musique - et les biens culturels en général - restent chers à l'achat. "Woah, il est pas donné le dernier IAM - T'inquiète, je peux t'le charger sur Kazaa".
Pour l'enfant, le collégien - mais également le bon père de famille - internet (si tant est qu'on en dispose... sinon, il y a toujours les amis) devient alors une grande caverne d'Ali Baba. Ne pas succomber un minimum ne serait pas humain.
5. La musique ayant perdu toute forme matérielle par l'entremise du net - et donc toute notion de légalité/illégalité, le P2P s'assimile alors à une free-radio en ondes ouvertes où l'auditeur va commander ses playlists comme s'il enregistrait sur une (grosse) cassette ses émissions favorites. Une nouvelle forme de comportement naît, dans lequel la mise à disposition gratuite devient normalisée par la force des choses. Et là le modèle économique, il en prend un sale coup. Indeed.
6. Allez donc dire à ces nouveaux consommateurs qu'ils enfreignent la loi, ils vous répondront 1. qu'ils payent leur internet 2. qu'ils sont taxés sur les supports sur lesquels ils dupliquent leurs fichiers musicaux 3. que tout le monde le fait 4. que l'Etat et les majors du disques "s'en mettent suffisamment plein les fouilles comm'ça..." et que ce ne sont pas quelques téléchargements qui vont mettre leur business en danger.
D'un côté, des compagnies de disques complètement décrédibilisées et juridiquement belliqueuses, qui n'ont pas senti venir le vent de l'internet et qui - tout comme les politiques - tentent de le rattraper, qui virent des artistes pour absence de rentabilité... et qui prétendent récupérer une partie de ce qui est téléchargé parce que, quand même, c'est un peu leur gagne-pain et que les artistes, ça coûte cher : j'ai lu quelque part que vus les frais engagés dans le dernier Robbie Williams, celui-ci avait été contractuellement obligé par EMI d'en vendre x millions, sinon... Il arrive la même tuile à M. Jackson. Pour un Jackson et un R. Williams produits, combien de musiciens tout aussi talentueux laissés sur le bas-côté ? Bref, des majors dont la puissance de lobbying n'est pas des moindres puisque s'appuyant désormais sur de très grands groupes (de pression) média.
De l'autre côté, les consommateurs du "hub numérique", et d'internet en particulier, tous potentiellement pirates, plusieurs centaines de millions d'utilisateurs. Certains plus au fait que d'autres sur leurs droits et leurs devoirs d'internautes, certains carrément pirates, d'autres naïfs, la plupart sachant désormais que la législation interdit le P2P dans la très grande majorité des fichiers...
Les fans du P2P accepteront-ils de revenir sur leurs pratiques ? Rachèteront-ils des CDs (si jamais ils en achetaient auparavant) ? Seront-ils menacés d'extradition par la RIAA ?
Les majors commencent vraiment à flipper. Ce qui n'est jamais bon pour le business. Alors, en France, on en appelle au politique. On légifère, alors que des textes de lois existent peut-être déjà...
Bref, on refuse de se remettre en question - les actionnaires n'aiment pas ça - et on préfère brandir le bâton de la Loi.
Woah.
Ca fait peur.
Le piratage (musical), grande cause nationale ? Vous voulez dire, au même niveau que le chômage, la pauvreté, l'insécurité routière, la maladie, j'en passe et des meilleurs ?
On marche sur la tête.
Il n'y a pas plus important ?
(à suivre...)
One more time : désolé pour la longueur du post.