des phrases contiennent des verbes
&
je fais partie de ceux qui pensent que structure de phrase et de pensée sont intimement liés
Nicolas Boileau, que je ne prendrais certainement pas comme conseiller
ès Poésie malgré sa notoire paternité d'un «
Art Poétique» en alexandrins, a bien résumé par contre sur le terrain de la
Prose (terrain où il était manifestement mieux à son avantage) l'exigence fondamentale qui la gouverne: «
Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement».
Cette référence à la «
clarté» chez un auteur du XVIIè siècle Français fait écho de toute évidence au critère de la
rationalité claire & distincte que
Descartes venait tout juste de rendre public.
J'en retrouve les échos directs dans les deux citations de
Pascal (qui n'a pas de
Blaise appendu à son
blase 
) et de
Edd (dont la voyelle initiale me contrarie de lui donner l'
Edd d'une muette élidée

). Ma modeste contribution sur ce terrain exigeant se bornera à un bref
Panégyrique de la «
Langue Française».
L'absolue originalité de la «
Langue Française» me paraît qu'elle est, au sens le plus pur du terme, une
langue syntaxique, qui en fait la langue de la
Raison même. «
Sujet_Verbe_Complément» : voilà la structure radicale d'aucune phrase Française, par quoi l'esprit se trouve invité à contempler, intellectuellement parlant, une
séquence dont le point-de-départ est le '
sujet' d'un
état ou d'une
action ; dont le moyen-terme est le '
verbe' signalant l'
inhérence ou la
performance du sujet pré-cité ; et dont le terme est le '
complément' par quoi se montre l'
attribut du sujet ou le
produit de son action.
«
Je suis inspiré» et «
le bûcheron coupe l'arbre» - voilà à n'en pas douter des énoncés exemplaires de la
Langue Française. Par quoi l'esprit appréhende clairement une
raison d'être ou d'agir dans l'énoncé qui s'opère reliant l'
effet à la
cause et l'
attribut à la
substance. Comme l'image la racine Latine du mot qui est '
prorsus' : ce qui va de l'avant, la
prose dé-montre dans un déroulement verbal ce qui s'implique d'un point-de-départ. Elle invite, en bref, sans se montrer 'vache' à
contempler des trains qui passent...
Je trouve que l'essence de la
Langue Française ne réside pas dans la richesse d'un vocabulaire beaucoup plus restreint, avec ses 75 000 mots, que celui de langues
descriptives comme le
Grec Ancien aux 300 000 termes recensés dans le dictionnaire
Bailly ou la
Langue Anglaise riche de plus de 150 000 mots. Car parler Français, ou écrire en Français, consiste à
créer une phrase syntaxiquement conforme à la séquence :
sujet_verbe_complément, c'est-à-dire à
produire une raison qui ne pré-existait pas à l'invention de la phrase dans le sens isolé d'aucun mot relevant du vocabulaire commun, ni dans aucune expression toute faite précédant l'énoncé et qu'il suffirait de plaquer sur une donnée d'expérience de manière à l'
emballer dans du
pré-conçu pour faire sens ou à l'
épingler d'une épithète pour faire sensation (comme l'usage courant de l'Américain en donne un si affligeant exemple).
Cette '
créativité syntaxique' (dont il est logique que le linguiste Américain
Noam Chomsky accoucha du concept par référence directe et explicite à
Descartes) invite chaque sujet qui s'exprime en
Français à un
acte de liberté, quel qu'en soit le degré et le raffinement, et c'est bien là toute la difficulté de cette
Langue qui paraîtra toujours mal-séante, pour ne pas dire malsaine, à ceux pour qui parler se résume à se faire les échos particuliers d'un brouhaha collectif dans lequel leur obédience se figure une musique de groupe.