joeldu18cher a dit:
tu peux développer ce passage s'il te plait ..?
je n'ai jamais vu le fait de croire comme un truc qui permet de se reposer mais plutot de se bouger de douter parfois et d'agir surtout..., quant à "chialer" c'est pas mon truc ..
Je ne voudrais que mon ironie facile te fasse grincer des dents, ou te choque. Alors, je développe.
Croire est un dieu sert à beaucoup de choses. Pour le prendre par la lorgnette de l'agnosticisme, croire en un dieu permet de trouver une réponse à deux questions qui n'en ont pas, et qui, de ce fait sont angoissantes, deux questions que tu m'as posé : d'où venons-nous, ou repartons-nous ?
La réponse des agnostiques est : peu importe, nous sommes.
La réponse des athées est : Poussière nous étioons, poussière nous redeviendrons.
Maintenant, croire en un dieu ne sert pas seulement à résoudre ces questions anxiogènes. Cela sert aussi à se fixer des limites aisément, puisqu'elles sont définies par d'autes, et cela sert également à affronter la fin de l'existence. La fin du miracle de la vie.
J'ai déja cité Norbert Elias ailleurs, dans un autre fil. Il disait quelque chose de très pertinent : la mort est une affaire de vivants. Autrement dit, la souffrance de la mort n'est accessible qu'aux vivants. Le mort, lui, ne souffre plus. sauf si l'on croit aux fantômes ou à l'enfer, bien sûr.
Donc, comme la mort est une affaire de vivants, les vivants redoutent la mort. Ils redoutent la douleur de la séparation d'avec l'être aimé.
C'est pour cette raison que les grandes religions monothéïstes, et nombre de religions polythéïstes et animistes, ont délégué à certains de leurs membres le soin d'être les passeurs de cette douleur. Les prètres, les chamans, etc. sont ceux qui organisent le rite funèbre, organisent la symbolique de la séparation, de l'au-revoir. Laissant ainsi aux proches toute leur énergie pour pleurer, exprimer leur souffrance, etc.
Il se trouve, comme je te l'ai dit, que j'ai eu à plusieurs reprises à assumer cette position-là, pour des gens qui m'étaient proches, et avec qui j'avais des liens profonds. Je sais donc par expérience, dans ma chair, quelle force il est nécessaire d'avoir pour assurer la transition de l'être vers le néant, pour créer les conditions du souvenir, pour aider ceux qui souffrent le plus, ou ceux qui ont le plus peur de la mort, à vivre ce rituel de la séparation.