Bérurier Noir branche les Transmusicales de Rennes sur courant alternatif
RENNES (AFP) - Bérurier Noir, groupe mythique de rock alternatif muet depuis près de quinze ans, a livré jeudi soir une prestation scénique unique à l'occasion de la 25e édition du festival des Transmusicales de Rennes, où il a démontré n'avoir rien perdu de son énergie ni de sa radicalité.
En un peu plus d'une heure et 14 morceaux, le trio a revivifié sa propre légende, forgée au cours des années 80 à coups de concerts tonitruants dans les squats de la banlieue parisienne.
Un succès populaire et médiatique grandissant avait fini par angoisser une formation qui s'était toujours voulue hors système, la poussant à se saborder en 1989. La qualité de sa prestation de jeudi aura néanmoins fait mentir ceux qui craignaient que l'échec possible d'une formation sur le retour écorne le mythe.
A 22h30, dès les premiers riffs de guitare de Loran, le public retrouve en effet l'énergie des "Bérus". François au chant et Masto au saxophone montrent vite qu'ils n'ont rien perdu eux non plus de la spontanéité de leur jeunesse tumultueuse.
Les crêtes rouges et vertes s'agitent en tout sens, pogo et slam (saut dans le public) s'enchaînent parmi la foule. Quadragénaire émoustillé de revoir son groupe culte ou spectateur plus jeune n'ayant connu les Bérus que sur cassettes, tous dansent sur des morceaux joués tambour battant, accompagnés d'une boîte à rythme.
"Vive le feu", "Petit agité", "Vivre libre ou mourir", Bérurier Noir remet au goût du jour ses chansons les plus fameuses. Derrière le groupe, un écran géant met en image son message politique: des poulets en batterie pour illustrer l'exploitation animale, une flaque de sang pour dénoncer la sauvagerie du viol.
Accompagnés sur scène d'une demi-douzaine de danseurs alternant contorsions et crachements de feu, le trio change de tenue à chaque morceau, alternant port de masques ou de casques de viking.
Chauffé à blanc, le public reprendra avec joie en fin de concert le refrain du célèbre morceau "Porcherie": "La jeunesse emmerde le Front national !".
Evénement pour le milieu punk que le groupe a durablement marqué, le concert a néanmoins généré quelques frustrations, quelque centaines de personnes personnes venues dans la capitale bretonne assister à la résurrection tant attendue n'ayant pu obtenir de places.
Le groupe est intervenu sur le balcon de la salle du Liberté de Rennes, quelques minutes avant le début de sa prestation, expliquant aux 2 à 300 personnes qui tentaient de forcer le passage qu'en cas d'entrée en force le concert serait annulé.
Quelques dizaines de ces fans frustrés ont ensuite pendant près de deux heures jeté des cannettes de bière sur les forces de l'ordre présentes sur place, qui ont riposté à coups de grenades lacrymogène.

