Vos poèmes préférés

Burzum

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5 Mai 2005
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Caen
Je ne pense pas qu'un thread similaire soit ouvert, donc si vous souhaitez faire partager les poèmes qui vous font vibrer...

Remords posthume


Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse,
Au fond d'un monument construit en marbre noir,
Et lorsque tu n'auras pour alcôve et manoir
Qu'un caveau pluvieux et qu'une fosse creuse;

Quand la pierre, opprimant ta poitrine peureuse
Et tes flancs qu'assouplit un charmant nonchaloir,
Empêchera ton coeur de battre et de vouloir,
Et tes pieds de courir leur course aventureuse,

Le tombeau, confident de mon rêve infini
(Car le tombeau toujours comprendra le poète),
Durant ces grandes nuits d'où le somme est banni,

Te dira: "Que vous sert, courtisane imparfaite,
De n'avoir pas connu ce que pleurent les morts?"
? Et le vers rongera ta peau comme un remords.
 
Et le bon Charles, il a pas le droit d'être crédité ? :siffle:
 
reineman a dit:
dis moi l'ami tu serais pas d'une nature un peu mélancolique toi?

Oui et de plus en plus, c'est un peu mon problème...

Chanson d'automne

Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure ;

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Paul Verlaine
 
gothique avant l' heure , le charles!
 
Burzum a dit:
Oui et de plus en plus, c'est un peu mon problème...

Chanson d'automne

Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure ;

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Paul Verlaine

et t'écris des poemes? ou t'es juste un amateur 'sec' de poésie?
 
Pablo Neruda, United Fruit Co. en est un que j'apprécie beaucoup.

La United Fruit Co.

Cuando sonó la trompeta, estuvo
Todo preparado en la tierra
Y Jehová repartió el mundo
A Coco-Cola Inc., Anaconda,
Ford Motors y otras entidades:
La Compañía Frutera Inc.
Se reservó lo más jugoso,
La costa central de mi tierra,
La dulce cintura de América.

Bautizó de nuevo sus tierras
Como "Repúblicas Bananas",
Y sobre los muertos dormidos,
Sobre los héroes inquietos
Que conquistarón la grandeza,
La libertad y las banderas,
Estableció la ópera bufa:
Enajenó los albedríos,
Regaló coronas de César,
Desenvainó la envidia, atrajó
La dictatura de las moscas,
Moscas Trujillo, moscas Tachos,
Moscas Carías, moscas Martínez,
Moscas Ubico, moscas húmedas
De sangre humilde y mermelada,
Moscas borrachas que zumban
Sobre las tumbas populares,
Moscas de circo, sabias moscas
Entendidas en tiranía.

Entre las moscas sanguinarias
La Frutera desembarca
Arrasando el café y las frutas,
En sus barcos que deslizaron
Como bandejas de tesoro
De nuestras tierras sumergidas.
Mientras tanto, por los abismos
Azucarados de los puertos,
Caían indios sepultados
En el vapor de la manaña:
Un cuerpo rueda, una cosa
Sin nombre, un número caído,
Un racimo de fruta muerta
Derramada en el pudridero.
 
Noirs de loupes, grêlés, les yeux cerclés de bagues
Vertes, leurs doigts boulus crispés à leurs fémurs,
Le sinciput plaqué de hargnosités vagues
Comme les floraisons lépreuses des vieux murs ;

Ils ont greffé dans des amours épileptiques
Leurs fantasque ossature aux grands squelettes noirs
De leurs chaises ; leurs pieds aux barreaux rachitiques
S'entrelacent pour les matins et pour les soirs !

Ces vieillards ont toujours fait tresse avec leurs sièges,
Sentant les soleils vifs percaliser leur peau
Ou, les yeux à la vitre où se fanent les neiges,
Tremblant du tremblement douloureux du crapaud.

Et les Sièges leur ont des bontés : culottée
De brun, la paille cède aux angles de leurs reins ;
L'âme des vieux soleils s'allume, emmaillotée
Dans ces tresses d'épis où fermentaient les grains.

Et les Assis, genoux aux dents, verts pianistes,
Les dix doigts sous leur siège aux rumeurs de tambour,
S'écoutent clapoter des barcarolles tristes,
Et leurs caboches vont dans des roulis d'amour.

- Oh ! ne les faites pas lever ! C'est le naufrage...
Ils surgissent, grondant comme des chats giflés,
Ouvrant lentement leurs omoplates, ô rage !
Tout leur pantalon bouffe à leurs reins boursouflés.

Et vous les écoutez, cognant leurs têtes chauves
Aux murs sombres, plaquant et plaquant leurs pieds tors,
Et leurs boutons d'habit sont des prunelles fauves
Qui vous accrochent l'oeil du fond des corridors !

Puis ils ont une main invisible qui tue :
Au retour, leur regard filtre ce venin noir
Qui charge l'oeil souffrant de la chienne battue,
Et vous suez, pris dans un atroce entonnoir.

Rassis, les poings noyés dans des manchettes sales,
Ils songent à ceux-là qui les ont fait lever
Et, de l'aurore au soir, des grappes d'amygdales
Sous leurs mentons chétifs s'agitent à crever.

Quand l'austère sommeil a baissé leurs visières,
Ils rêvent sur leur bras de sièges fécondés,
De vrais petits amours de chaises en lisière
Par lesquelles de fiers bureaux seront bordés ;

Des fleurs d'encre crachant des pollens en virgule
Les bercent, le long des calices accroupis
Tels qu'au fil des glaïeuls le vol des libellules
- Et leur membre s'agace à des barbes d'épis.



Les Assis

Arthur Rimbaud
 
Au cinquante-six, sept, huit, peu importe
De la rue X, si vous frappez à la porte
D'abord un coup, puis trois autres, on vous laisse entrer
Seul et parfois même accompagné.

Une servante, sans vous dire un mot, vous précède

Des escaliers, des couloirs sans fin se succèdent
Décorés de bronzes baroques, d'anges dorés,

D'Aphrodites et de Salomés.

S'il est libre, dites que vous voulez le quarante-quatre
C'est la chambre qu'ils appellent ici de Cléopâtre

Dont les colonnes du lit de style rococo
Sont des nègres portant des flambeaux.

Entre ces esclaves nus taillés dans l'ébène

Qui seront les témoins muets de cette scène
Tandis que là-haut un miroir nous réfléchit,

Lentement j'enlace Melody.
 
Gainsbourg, non?
 
LE BONHEUR

Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite, cours-y vite.
Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite. Il va filer .

Si tu veux le rattrapper, cours-y vite, cours-y vite .
Si tu veux le rattrapper, cours-y vite . Il va filer .

Dans l' ache et le serpolet, cours-y vite, cours-y vite,
Dans l' ache et le serpolet, cours-y . Il va filé .

Sur les cornes du bélier, cours-y vite, cours-y vite,
Sur les cornes du bélier, cours-y vite . Il va filer .

Sur le flot du sourcelet, cours-y vite, cours-y vite,
Sur le flot du sourcelet, cours-y vite .Il va filer .

De pommier en cerisier, cours-y vite, cours-y vite,
De pommier en cerisier, cours-y vite .Il va filer .

Saute par dessus la haie,

Cours-y vite, cours-y vite,

Saute par dessus la haie,

Cours-y vite !

Il a filé !


Paul Fort
"Ballades Françaises"
 
O ma Douce Clarabelle
Tes joues sont aussi rouges
Tendres et belles que
Des babybels

- Jean Foutre, poete breton-
 
elKBron a dit:
je confirme... grand fan devant l Eternel... Serge, si tu nous lis !! :D:D:D

En même temps "L'homme la tête de chou" on pourrait citer tout l'album.
Toutefois, il ne serait pas d'accord, la chanson étant pour lui comme il disait "un art mineur".
 
Tutuguri - Le rite du soleil noir

Et en bas, comme au bas de la pente amère,
cruellement désespérée du c½ur,
s'ouvre le cercle des six croix,
très en bas,
comme encastré dans la terre mère,
désencastré de l'étreinte immonde de la mère
qui bave.

La terre de charbon noir
est le seul emplacement humide
dans cette fente de rocher.

Le Rite est que le nouveau soleil passe par sept points
avant d'éclater à l'orifice de la terre.

Et il y a six hommes,
un pour chaque soleil,
et un septième homme
qui est le soleil tout
cru
habillé de noir et de chair rouge.

Or, ce septième homme
est un cheval,
un cheval avec un homme qui le mène.

Mais c'est le cheval
qui est le soleil
et non l'homme.

Sur le déchirement d'un tambour et d'une trompette
longue,
étrange,
les six hommes
qui étaient couchés,
roulés à ras de terre,
jaillissent successivement comme des tournesols,
non pas soleils mais sols tournants,
des lotus d'eau,
et à chaque jaillissement
correspond le gong de plus en plus sombre
et rentré
du tambour
jusqu'à ce que tout à coup on voie arriver au grand galop,
avec une vitesse de vertige,
le dernier soleil,
le premier homme,
le cheval noir avec un
homme nu,
absolument nu
et vierge
sur lui.

Ayant bondi, ils avancent suivant des méandres circulaires
et le cheval de viande saignante s'affole
et caracole sans arrêt
au faîte de son rocher
jusqu'à ce que les six hommes
aient achevé de cerner
complètement
les six croix.

Or, le ton majeur du Rite est justement

L'ABOLITION
DE LA CROIX.

Ayant achevé de tourner
ils déplantent
les croix de terre
et l'homme nu
sur le cheval
arbore
un immense fer à cheval
qu'il a trempé dans une coupure de son sang.


Antonin Artaud
Pour en finir avec le jugement de Dieu
1925
 
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Réactions: PATOCHMAN et Nobody
Il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le coeur
il dit oui a ce qu' il aime
il dit non au professeur
il est debout
on le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous les huées des enfants prodiges
avec des craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
il dessine le visage du bonheur

Jacques Prévert
Paroles