Lettres mortes

A

Anonyme

Invité
Vous je ne sais pas, mais moi, il y a des gens comme ça, je ne les ai croisés qu'une seule fois, sur l'écran de mon téléviseur, dans un magazine à la con ou en marchant dans la rue, et j'aurais voulu leur dire des tas de trucs. Généralement des trucs salaces, le genre de choses qu'on ne dit pas : « Je vous trouve très beau et j'estime que l'hypothèse que nous couchions ensemble mérite d'être au plus tôt confirmée par l'expérimentation. » Ce genre. Mais ça peut être tout à fait autre chose, quelque chose de plus tendre ou au contraire de plus cruel, quelque chose comme une conversation qu'on aurait voulu avoir et que l'on n'a pas eue.
C'est pourquoi j'ai eu l'idée de ce fil, un fil destiné à recueillir toutes les lettres qu'on a pas écrites parce qu'on a pas eu le temps, parce qu'on a pas eu le courage, parce que ça ne se fait pas de dire tout ça à de parfaits inconnus, parce qu'on avait quatre ans et qu'on ne savait pas encore expliquer à Coralie que si on lui tirait sur les nattes c'était parce qu'on l'aimait bien, parce que si on avait eu le cran de dire à Ludovic, le capitaine de l'équipe, que c'était un gros con (ce que rien n'a jamais démenti), on aurait pris un pain.

À titre d'exemple, voici une lettre qui n'aura jamais de réponse. :D


Chère Mademoiselle Bertau,

Puis-je vous appeler Cécile ? Vous ne me connaissez pas et pourtant, de mon côté, j'ai l'impression de vous connaître depuis des années. J'avais remarqué votre nom dès ma première tentative pour me connecter à la messagerie Orange (qui s'appelait encore alors Wanadoo) de la société pour laquelle je travaille. Chaque semaine, mon premier geste était de cliquer sur le lien me dirigeant sur la page où, sous le champ « Adresse e-mail », je pouvais lire : « Ex : [email protected] ». Au fil des mois, votre nom attaché à ce rendez-vous hebdomadaire me devint aussi familier que celui d'une personne amie. Aussi étrange que cela vous puisse paraître, j'avais hâte d'arriver au lundi pour vous retrouver. Je me pris à imaginer quelle pouvait être la femme derrière ce nom mystérieux. Je me surpris même à rêver de vous dans le secret de mes nuits pâles.

À mesure que je vous imaginais, mon intérêt pour votre personne se transforma en un sentiment plus pur, plus élevé. Je pense vous avoir désiré plus ardemment qu'aucun autre des abonnés de France Telecom. Cela, oui, je peux vous le jurer. J'aurais tout fait pour vous, tout sacrifié. Il n'est rien qu'un seul mot de vous ne m'aurait convaincu de tenter, rien qui aurait su me retenir de satisfaire aux plus extravagants de vos caprices.
Seulement... Seulement, voici des mois que je vous écris régulièrement sans obtenir de votre part la moindre réponse. J'ai tout d'abord imaginé que Pierre, qui est d'une jalousie maladive, vous empêchait de me répondre. Mais il y a tellement d'autres endroits d'où vous auriez pu m'écrire ! Je me suis alors figuré qu'un accident de cheval survenu quand vous étiez enfant vous interdisait de vous servir du clavier. Mais, dans ce cas, pourquoi exhiber de la sorte votre adresse électronique ?

Non Cécile, non. J'ai épuisé toutes les situations qui auraient pu excuser votre silence. Je ne voulais pas croire que vous, si compréhensive, si douce, me repoussiez sans même chercher à me comprendre, sans même donner une chance à notre grand amour.
À présent, tout est terminé. C'est pourquoi je vous écrit cette lettre qui sera la dernière. Je voulais vous rendre votre liberté et vous dire que je ne vous en veux pas. Je vous souhaite d'être heureuse Cécile, aussi heureuse que cet été à Saint-Paul-de-Vence quand vous riiez sur la plage où le soir s'écrasait comme une vague rose et noire. Soyez heureuse Cécile et tranquillisez-vous. J'ai fait, il y a peu la connaissance d'un jeune homme, [email protected], qui m'apporte la chaleur et la tendresse que vous me refusiez. Auprès de lui, j'espère construire ce bonheur dont vous avez choisi de nous priver. Ne m'en veuillez pas trop de la peine que cette annonce vous causera sans doute et tâchez d'y sentir simplement mon désir de vous voir vous aussi tourner la page d'un épisode de nos vies qui ne nous menait nulle part. Soyez heureuse Cécile. Pour l'amour que je vous portais et pour celui que vous méritez.

Votre tendre,
docevil@removemefirst_free.fr
 
A vous ,

Voici des mois que je chercher à oser vous écrire, parler, interpeler. Il m'est très pénible de mettre sur le papier des heures de pensées reformulées, transformées, supposées, améliorées, intériorisées. Même si le résultat semble irrémédiablement voué à un lamentable torchon mal ficelé et digne d'un magasine du peuple , il me faut me lancer , oser, affronter, jeter, transpirer cette soupe infâme qui m'habite.

Je ne compte plus les petites balles anti-stress relaxantes que j'ai détruite. Ni les tonnes de goudrons que mes pauvres poumons subissent. Non rien ne me calme à la vue de vos gesticulations, agissements, déclarations, révulsions, convulsions ...

Je vous imagine à la maison. Reniflant sauvagement l'odeur de votre téléviseur chauffé à blanc, par des heures de téléfilms américains. Ces émissions que vous suivez depuis des dizaines d'années. Elles sont, je l'imagine, la source de la plus part de vos récits enflammés, sur ce blog que vous avez créé, afin de rester dans cette époque, qui vous échappe depuis la naissance.

Vos photos de vacances, volées sur Google, remplissent les forums de photographies, où les membres compatissant, vous félicitent sachant qu'elles ne sont jamais de vous , mais qu'elles remplissent vos rêves les plus fous.

Vos identités se multiplient. Un jour ceci, un autre cela, vous qui vivez grâce à cette imagination, qui caractérise cette solitude que vous combattez autant que vous recherchez. Vos nombreux CDD vous réinventent à chaque fois. Aucun patron ne vous comprend, vous qui êtes la bonté réinventée, transformée, améliorée, rentabilisée, standardisée. Votre âme charitable, vos standards, votre conception de la loyauté, vos promesses jamais tenues, font rêver des dizaines de personnes, que vous occupez chaque jour....ils passent en effet de si inoubliables moments à attendre la réalisation de ces projets que vous racontez, dessinez, projetez, calculez, valorisez...et que finalement dans ultime moment de génie, renvoyez , afin de les rendre encore plus magnifiques, car jamais réalisés.

Alors permettez moi encore une fois de vous remercier d'avoir pu, voulu, accepté, consenti, sublimé, parfumé, réalisé... rendu possible ... cette prise de conscience, que finalement, la vie sans vous est merveilleuse. Que le simple fait d'imaginer passer un jour avec vous, m'aide à supporter, tolérer, les heures d'embouteillages, des hausses d'impôts, la haine de mon patron, la précarité de ma situation.

Merci ,

:zen:
 
En même temps ça me fait un peut penser à la lettre au Chef de Gare de la tour de Carol de Brigitte Fontaine ;) :D


Monsieur le chef de gare
Monsieur le chef de gare de la tour Carol

Vous étiez très pâle à sept heures du matin
Vous aviez les paupières froissées
Et ça n'avez d'importance pour personne au monde
Ce qui est une chose horrible et normale

Monsieur le chef de gare de la tour Carol

Moi, j'étais descendue quatre stations avant et je ne vous verrais jamais
Comprenez-vous combien ce mot est cruel
Et combien il est nul en ce qui nous concerne vous et moi?

On vous a remis un gilet de soie rouge ...
Pour vous c'était l'heure du café au lait avec de la buée sur les vitres.
Je veux vous dire de faire bien attention en traversant la voie

Vous avez posé le gilet sur des papiers tristes et normaux
Alors que moi j'étais déjà dans les montagnes
Et je vous avez déjà oublié
Et le fait que je ne vous ai jamais vu n'y est pour rien et n'excuse rien

Monsieur le chef de gare
Monsieur le chef de gare de la tour de Carol
Je voulais vous dire ...
Merci pour le gilet.

:love:
 
Cher Monsieur,

Depuis des mois vous me harcelez, tentant par de multiples mails de me convaincre de la nécessité d'augmenter la taille de mon pénis.

Je trouve cette démarche bien cavalière. En effet, je ne crois pas vous avoir croisé un jour dans une cabine de piscine, ce qui laisserait sous entendre que
par principe vous considérez que la nature fut fort peu généreuse à mon encontre, et que de par le fait votre engin, source de joies multiples est bien plus avantageux que le mien.

J'avoue que vos mails m'ont, au début du moins, fait mal. Ma vie en fut même un moment perturbée.

Je me mis maladivement à observer mon appendice caudal, traquant la moindre malformation, coude à gauche, à droite, scoliose éventuelle du mat: rien. L'objet est droit, de bon aloi, propre et -me semble t-il, de taille raisonnable.

Je précise afin de lever tout doute que je mis même à contribution certains amis et certaines connaissances du beau sexe, de Orthez à Vladivostok, dont je savais que la chose leur était connue comme le loup blanc des neiges. Ceux-ci ma rassurèrent dans l'instant. Leurs exclamations me mirent même du baume à l'âme.

Fort de ces témoignages que je tiens à votre disposition, je vous prie donc par la présente de cesser de m'importuner avec vos propos vantards. Je suis même prêt à organiser, si vous le souhaitez, un concours dont les internautes anonymes seront seuls juges.

Je ne vous salue pas, Monsieur.
 
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Réactions: meskh
un rêve n'est jamais si beau que quand il est exaucé :zen:

mesdames, messieurs, Google nous permet d'accéder à Cécile Berteau, on applaudit bien fort :

06070805.jpg


:rose:
 
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Réactions: jpmiss et Ed_the_Head
un rêve n'est jamais si beau que quand il est exaucé :zen:

mesdames, messieurs, Google nous permet d'accéder à Cécile Berteau, on applaudit bien fort :

06070805.jpg


:rose:
Pardon, mais « ma » Cécile s'appelle Bertau.
D'ailleurs, Orange a même cru bon de préciser ceci (noter l'emploi du point d'exclamation pour ponctuer une question...). :D

Amok, :D :up:
 
Mademoiselle Juliette S. , Paris 14ème, Annecy

Chère Juliette,

je te réponds ici après 4 ans et 11 mois et cette belle lettre que tu me fis parvenir à cette adresse désormais défunte, cachée sous les ombres de la Basilique à proximité de trois béguinages et que seul yvos pourrait identifier dans les rues de cette belle ville art-déco surplombant les marais de l'Isle. Cette lettre avait alors créé des spasmes de joie retenue dans ma gorge et ailleurs, les deux autoportraits contenus à l'intérieur et réalisés à l'instantané Fuji ont, à cet instant précis de l'ouverture du pli, gonflé ma libido et le reste pour de longs mois ; et encore aujourd'hui lorsque je les regarde fiérement posés sur l'étagère cachant de leurs couleurs ocres-brunes certains titres en édition folio de Gombrowicz et de Calaferte. Plus encore que de me souhaiter un bon anniversaire et une bonne année ce qui est presque concommittent comme chez DocEvil et Amok, je retiens de cette lettre qu'elle fut un don de toi et que, depuis, peu m'auront donné aussi spontanément et sans attendre en retour autant d'eux-même. Pour ce don et toute la tendresse et l'admiration que je t'ai porté et te porte encore et même si tu ne lis jamais ce petit mot que j'aurais posté presque anonymement sur un forum du web, sache belle Juliette que je t'aime encore comme l'ami que je fus et l'amant que je regrette de n'avoir été.

Ton dévoué
Rémi

Nantes, le 12 novembre 2006, 13H
 
Salut,

Encore une fois je t'écris, pour te remercier de ces nombreuses années de plaisirs, de joie, de bronchites. Tu as accompagné toutes mes sorties, toutes mes émotions, la naissance de mes enfants, la mort de mon meilleur ami, la saisie de mes biens, ma dernière nuit de célibataire.

Certes au commencement ce fût le hasard , une erreur, un manque de caractère, une tentative hardie d'entrée dans le monde adulte. Je ne t'ai pas aimé de suite, même pas toléré, à peine pouvais-je supporter ton invasion gustative, tes vomissements, ton inimitable mal de tête.

Tu t'installas malgré tout dans mes habitudes, me forçant à me lever le matin tôt, me contraignant à de multiples recherches , afin de te trouver, de te posséder, te montrer mon total dévouement, mon amour, ma passion, ma raison de mourir.

Mais aujourd'hui je te dis adieu. A jamais tu resteras dans mes faiblesses, à jamais je serais ton esclave, mais plus jamais je ne te laisserais m'envahir, me soulager, me calmer, m'enivrer, plus jamais je ne te mélangerais , plus jamais tu ne me feras supporter le repas trop cuit, plus jamais tu ne seras le compagnon de mes excès, de mes faiblesses.

On dit que tu vas me manquer, que mon corps te réclamera, mais comme beaucoup, je te chasse de ma vie, avant que la vie ne me chasse de mon corps.

Merci de m'avoir permis d'exister, d'affirmer ma dépendance. Merci de m'avoir permis d'investir des sommes colossales, merci de m'avoir exclu des lieux publiques, merci de m'avoir fait découvrir les trottoirs de New York, les balcons, les fenêtres et les cages d'escaliers.

Merci.
 
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Réactions: Macounette
Il y a de ces lettres que je meurs d'envie d'écrire, surtout à des gens à qui j'ai pu faire du mal dans le passé... Ce n'est pas pour retourner le couteau dans la plaie, c'est plus par état de conscience en me disant que ce n'est pas comme cela que j'aurais voulu que les choses se passent, je regrette... Mais la force de pouvoir les écrire ne me vient pas car bien souvent je me dis que la page est tournée, que le temps m'aura effacé et que la personne est allée de l'avant et a tout oublié... :nailbiting: :casse:
 
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Réactions: La mouette
Cher Monsieur,

Depuis des mois vous me harcelez, tentant par de multiples mails de me convaincre de la nécessité d'augmenter la taille de mon pénis.

Je trouve cette démarche bien cavalière. En effet, je ne crois pas vous avoir croisé un jour dans une cabine de piscine, ce qui laisserait sous entendre que
par principe vous considérez que la nature fut fort peu généreuse à mon encontre, et que de par le fait votre engin, source de joies multiples est bien plus avantageux que le mien.

J'avoue que vos mails m'ont, au début du moins, fait mal. Ma vie en fut même un moment perturbée.

Je me mis maladivement à observer mon appendice caudal, traquant la moindre malformation, coude à gauche, à droite, scoliose éventuelle du mat: rien. L'objet est droit, de bon aloi, propre et -me semble t-il, de taille raisonnable.

Je précise afin de lever tout doute que je mis même à contribution certains amis et certaines connaissances du beau sexe, de Orthez à Vladivostok, dont je savais que la chose leur était connue comme le loup blanc des neiges. Ceux-ci ma rassurèrent dans l'instant. Leurs exclamations me mirent même du baume à l'âme.

Fort de ces témoignages que je tiens à votre disposition, je vous prie donc par la présente de cesser de m'importuner avec vos propos vantards. Je suis même prêt à organiser, si vous le souhaitez, un concours dont les internautes anonymes seront seuls juges.

Je ne vous salue pas, Monsieur.

Ok j'arrête.

Garde ton zobi.:D
 
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Réactions: Amok
Je viens d'écrire une lettre de rupture à un ex-associé, mais je ne crois pas qu'elle reste lettre morte. Je vais me concerter avec Joanes pour savoir si on en fait une version publiable. :D
 
Julie,

Je profite d’avoir enfin un peu de temps libre, pour t’écrire aujourd’hui ces quelques mots.

Je dois te le dire, depuis ton départ, rien n’est plus comme avant.

Dois-je t’avouer que je n’ai toujours pas compris ta réaction ?

Tu aurais pu me demander mon avis avant de claquer la porte.

Bref, peu importe, je respecte ton choix, même si je sais que tu finiras par le regretter. Je suis conscient de mes valeurs et de tout ce que j’ai pu t’apporter. Ça finira bien par te manquer un jour, mais, hélas pour toi, les serrures sont déjà changées.

La liberté de couple n’a jamais été un problème pour moi. Tu as toujours été libre de faire ce que bon me semblait, y compris cette série de photos Aubade dont la France entière a pu être témoin. Quelle frustration pour moi de n’avoir jamais pu prouver que ce qui faisait baver la plupart de mes compatriotes m’appartenait... Y as-tu pensé ne serait-ce qu’une seule seconde ?

Le comble, c’est que tu sois parti avec le photographe. Quelle manque d’originalité. Ceux-là, ils se font tout ce qu’ils shootent. Une série pour un magazine de chasse ? Pas de problème, la biche y passe. C’est pour dire les morts de faim. Ça ne te fait rien de passer après un poulpe et avant une momie 5 siècles d’âge ? Pourtant, j’ai eu beau décourager ce mécréant en lui envoyant des mails anonymes sur les diverses possibilités d’augmenter les dimensions de son appareil reproducteur, rien n’y a fait. Note cependant qu’il m’a tout de même demandé des informations complémentaires et qu’il m’a versé un premier acompte assez conséquent !

Enfin bon, c’est ta vie, ton œuvre, ton cul, je n’ai rien à en redire. Fais bien ce que tu veux.

Pour terminer, il y a bien une leçon, finalement, que tu n’as jamais comprise, c’est la numéro 12 : ne jamais faire trop cuire le rôti.
 
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Réactions: Amok et jpmiss
Monsieur Krystof

Votre jalousie n'a d'égale que votre mauvaise foi. Et que dire de votre mauvais foie, juste bon à secréter le fiel dont vous tentez de me couvrir par des manœuvres pitoyables. Imaginez-vous ne serait-ce qu'un instant que le fait de placer une tête de putois sur mon paillasson Gucci, un maquereau mort dans le coffre de ma Jaguar et d'envoyer les Sweet Potatoes chanter sous mes fenêtres changera le cours des évènements ?
Julie est heureuse, acceptez le. Jamais momie ou poulpe ne me donna plus de satisfaction que son corps de braise sur lequel je m'oublie chaque soir pour mieux le retrouver le matin. Et je ne parle pas de sa collection époustouflante de sous vêtements. Aubade le matin, Aubade le soir, Aubade 3 fois par jour avant les repas: un traitement de choc et de jouvencelle, je retrouve une âme d'étudiant. Mieux encore : jamais je ne me suis penché sur des devoirs conjugués avec plus d'assiduité que les leçons de choses qu'elle me prodigue.
Cours de géographie avec la route de la soie, de géologie avec ses strates délicatement rosées dans lesquelles se nichent des perles de rosée, de topographie lors de la découverte de ses mamelons et d'histoire car chaque jour je pars à leur conquête, quittant la tranchée pour, lentement gagnant du terrain, aller y planter mon mat dans un râle de victoire. Ses seins sont des monuments aux mots sur lesquels je dépose des millions de moi en devenir qu'elle étale de ses doigts fins, arabesques ouvrant l'heure de dessin. Julie lapin agile me glisse entre les doigts et détrempe mon pinceau.

Julie Lascaux, aux grottes miraculeuses, a décidé de mettre fin a sa carrière dans laquelle vous n'entrerez plus. Vous n'y trouveriez que poussière de votre histoire commune et la trace de ma vertu. Oubliez donc toute possibilité de retour. Si vous persistez dans cette démarche pitoyable, j'en informerais Benjamin, administrateur des forums qui se fera plaisir de vous passer par le fouet.
 
Cher Krystof,

Oui, je l’avoue, je t’ai quitté sur un coup de tête.

Ce photographe m’a hypnotisé. Surtout son paillasson Gucci. C’est bête, tu ne trouves pas ? Je suis certaine que oui.

Me pardonneras-tu ?

Je m’ennuie. Surtout pendant les préliminaires. Toujours très long, trop long. Il faut attendre que la pilule miracle fasse effet, tu comprends ? Non, évidemment... Tu n’as jamais eu à faire à ce procédé qui, au final, rend la chose si peu naturelle. Et que dire de l’instant ou il enfile son préservatif Vuitton. Du mauvais cuir, en plus, qui m’irrite plutôt qu’autre chose. Le prétentieux s’en est fait faire un sur mesure. Du XXL rempli au dixième ! Tu imagines la bête ? Non, évidemment ça non plus, tu ne connais pas. Par contre, ça m'a permis de découvrir mes talents de simulatrice, chose qui m'était encore inconnue à ce jour.

Les journées sont longues. Les samedis chez ikéa, les dimanches dans des gares désafectées à prendre la pose sur un vieux rail rouillé... C’est simple, je n’ai pas un homme en face de moi, mais un appareil photo. Un personnage qui décomplexe ces problèmes intimes sur des zooms érectiles qui me rappelle à ton bon souvenir.

Tu me manques. Appelle-moi. Et puis, j’ai compris la leçon numéro 12. J’en ai marre des sushies.

Julie.
 
Amok,

J'ai bien reçu ton invitation, les sweet potatoes seront sous tes fenetres ce soir pour te mettre la misère.

Nous commenceront par "born under a bad sign" ensuite on te jouera "got my mojo working" et puis on finira certainement par "five long years".

Je ne pourrai malheureusement pas rester trés longtemps car je dois ensuite diner avec rezba à l'hotel de la tringlette, c'est lui qui raque, alors tu penses bien que je vais pas me priver.

Pour ton pb d'érection, j'en ai parlé avec le Doc, qui pense que c'est purement psychosomatique, il a l'air de dire que depuis le décés de ta compagne, Jackie Sardou, tu as mis ta libido de coté pour ne plus te concentrer que sur ton travail de photographe... En parlant de ça, tu penseras à me rendre la fin du rouleau qu'on a fait à la gare... tu sais les photos avec les plumes.. tout ça...

Krystof,

Cette Julie n'était pas pour toi... elle n'a pour elle que son prénom.

Figure toi, qu'elle fait une vie pas possible à ce pauvre amok qui n'est plus en état de se défendre... un jour à San Remo pour le p'tit déj, un jour au palais maeterlink pour manger un homard les pieds dans l'eau... un jour à St trop... l'enfer..

Je l'ai croisé hier soir au "chatte's" il était défait... un vrai zombie. Il n'a pu boire que 12 bloody mary alors t'as qu'à voir. Tiens d'ailleur hier soir j'ai aussi croisé JP qui a l'air de t'en vouloir un peu quand même... semblerait que tu te sois comporté comme un goujat encore... il était vraiment amoureux apparement... tu aurais pu rester au moins deux soirs.

Bon sinon pour le boeuf c'est quand tu veux, faudra qu'on travaille deux ou trois morceaux de plus pour aller faire tartir amok chez lui.

PS : que le cul vous pêle à tous.

Sonny.
 
Cher Roberto,

je t'écris afin de te dire que Perrine, puisqu'elle se nomme Perrine, a beaucoup ri à la lecture de ta lettre. Elle te trouve sensible et doutait que le type, qui la regardait bouche ouverte et dicrétement, caché derrière sa chemise-à-fleurs tahitienne et ses lunettes de bobo nantais, pouvait être aussi sensible. Je lui ai même fait lire ta Bédé où elle m'a même reconnu derrière le gros vendeur (je lui ai purtant juré que c'était un mix de Bruno et de Jacques), ce ne fut pas un moment flatteur mais je te rassure, elle a su se faire pardonner son ironie en acceptant de ne garder que ses bas par la suite. Perrine me fait aussi dire qu'elle est d'accord pour aller boire un coup mais plutôt au Flesselles ou dans Bouffay que Place du Commerce où elle trouve les gens ennuyeux (son côté babos que j'aime aussi peu que toi mais que son charme efface) mais qu'elle sera accompagné d'un picard assez sympa...

Elle prend bien entendu souvent la ligne 1 car elle habite à côté de l'arrêt Boulevard de D..

Bien à toi, on s'appelle et on se voit bientôt hein ! ça me ferait du bien de boire des bières avec un pote dans plus que 13M2, je t'embrasse.
Rémi

ps : nous nous sommes loupés vendredi, j'ai oublié que j'avais rencart avec la 69 ! ;)

 
Cher ami, je ne sais comment vous remercier (ou plutôt je ne le sais que trop). de la riche idée que vous avez eu : me faire parvenir copie des missives hilarantes de nos Laurel et Hardy locaux, Amok et Krystof. Cette soirée qui s'annonçait terne sans vous, grâce à vous, a retrouvé des couleurs et moi le sourire.

Lire ces péroraisons dont la fatuité n'a d'égale que l'abyssale platitude était un bonheur pur que venait rehausser tel la cerise sur le gâteau (mais là je m'égare et mes mains aussi), d'abord les minauderies d'Amok se sentant obligé,tandis qu'il cahotait sur son clavier dans les arcanes de son forum préféré, se sentant obligé, disais-je, de me manifester une once d'intérêt : "qu'est-ce qui te fait rire, chérie , "rien d'intéressant, ce n'est que de la sous-littérature que j'ai au programme" lui répondais-je, pouffant in petto ; puis les éructations téléphoniques de Krystof au téléphone qui, ayant réussi à m'avoir (au bout du fil, faute de mieux, le pauvre), en se faisant passer pour la bonne du curé de Camaret. Savez-vous que, pour ce faire, désespérant de masquer sa voix, et de fait, c'est là tâche difficile, il est parvenu à parler avec deux balles de tennis dans la bouche ! Mais non, ne venez pas me dire quand nous nous reverrons, bientôt j'espère, qu'une fois de plus, il faisait preuve de mégalomanie et que ce devait être plutôt ses balles de ping-pong, vous êtes taquin). Mais revenons à nos humoristes involontaires, m'ayant enfin au bout du fil (il eut préféré au bout de la gaule mais, vous le savez, en fait de grand Charles, ce serait plutôt un gauliste au petit pied), il a tenu à me rappeler tout le bonheur qu'il est persuadé de m'avoir procuré, le pauvre !

Pour l'un comme pour l'autre, j'ai fini par couper court (ne riez pas), leur disant que j'avais mes cours à réviser. Comme à l'accoutumée, la plus légère référence à l'université les a rendus cois. Je n'ai pu m'empêcher, honte sur moi, d'en rajouter un peu, disant à l'un comme à l'autre que j'avais bien fait de m'inscrire à ces cours sur la symbolique chez Jules Verne. J'ai même été jusqu'à leur demander (j'eusse été bien embêtée s'ils eussent accepté) s'ils ne souhaitaient vraiment pas s'inscrire aussi. Ils se sont récrié, l'un comme l'autre, séparés mais jumeaux dans leurs réactions infantiles, m'expliquant sentencieusement qu'ils avaient "d'autres chats à fouetter". Vous imaginez dans quel état cette expression heureuse m'a laissé. J'ai du m'absenter un moment pour remédier à des émois qui ne pouvaient attendre.

Mais laissons là ces deux nigauds. Je languis de reprendre avec vous l'oeuvre de notre cher Jules là où nous l'avons laissée et même de reprendre peut-être au tout début. Ces souvenirs sont si agréables que je les égrène sans me lasser. Je me souviens du début où vous m'avez fait comprendre la signification profonde de "Cinq semaines sans caleçon" et sans même respecter la chronologie, presque aussitôt "Sans dessous dessus". Depuis, vous m'avez amené au plus profond de "Voyage au centre de la terre" pour m'amener bien vite "de la terre à la lune". Du "pays des fourrures" à "l'île mystérieuse", vous m'avez fait faire "le tour du mont en 80 jours". Vous voyez que j'ai retenu vos leçons. J'espère que vous m'épargnerez "Deux ans de vacances". Je préferais me mettre au travail avec "P'tit bonhomme" et essayer "l'île à hélice" en espérant que "Clovis darde à tort" et à travers. Je languis de revoir "le phare du bout du monde" et rêve de lui faire rencontrer "le volcan d'or", de voir "Maître du monde" jouer "l'invasion de la mer".

Mais, hélas, jusqu'à la semaine prochaine, ce sera "un hivernage dans les glaces". je languis "les forceurs de blocus" et ce n'est pas l'Amok ânonnant "Les tribulations d'un chinois en chine" ni Krystof dans "un billet de loterie" hélas si rarement gagnant, qui me consoleront de devoir attendre "Zob dur le conquérant" venir au secours de "L'archipel en feu".

Mais, cher ami, je ferais contre mauvaise fortune bon coeur et patienterais des deux mains en attendant que nous puissions enfin entreprendre un autre de ces voyages extraordinaires. Toute à vous, votre Julie.
 
Post-scriptum

Cher ami, me laissant entraîner par mes émotions, j'ai omis de vous parler, pour une fois, de symbolique, j'ai pensé que cela pourrait m'amuser. Nos deux humoristes, encore une fois jumeaux dans leurs manies, se sont entichés d'un étrange personnage dénommé ou surnommé, je n'ai pu le déterminer précisément compte tenu du vacarme qui l'environne quand il passe, Sonny ou Sonnyboy. Cet individu à l'allure louche, ne semble en effet jamais se déplacer sans une guitare dans les bras qu'il serre amoureusement contre lui, d'autant plus qu'il ploie sous le poids d'un sac à dos de bonne taille dont j'ai fini par comprendre qu'il lui sert à véhiculer l'ampli qui nous rend sourd (je connais pourtant d'autres façons plus agréables) dès qu'on se retrouve à moins d'une page googleearth de lui. Le fait que le dit sac soit surmonté d'un mât de bonne taille (et là, on se rapproche de la question que je ne vais pas tarder à vous poser) équipé d'une hélice (Ah, je repense à Jules, excusez-moi une seconde) au fins d'éolienne. Contrairement à ces deux petits camarades, il y aurait l'à l'indice qu'il soit doué d'une certaine habileté manuelle, mais un indice ne fait pas une preuve comme on en a la révélation dès qu'on entend les bruits qu'il commet avec son instrument, par nature pourtant si mélodieux.

Que pensez-vous que signifie cette insistance à astiquer le manche, et de cette manière d'arborer un mât sur son dos. Serait-ce le signe d'un manque ? Vous avez su si agilement mettre en évidence, je dirai même me faire toucher du bout des doigts, des manques que je ne me savais pas posséder que, sans doute, vous pourriez m'éclairer sur la question.

Toute à vous, votre Julie
 
bonjours a vous.

je sais qu'au bon vieux temps vous étiez toujours affoler de lire mes papiers.
les temps on un peut changé j'écrit de pus en plus et je fait de moins en moins de faute(s).
il est devenus plus simple pour moi de mettre les lettres que je ne sais pas placé entre parenthèse ou bien après les mots (comme ça les gens le mette a leur place tout seul).
vous m'avez donné temps et temps de devoirs suplémentaire et de bled et j'en passe et des meilleurs vous m'avez fait passé des récréations entière a recopier mes dictées pour que je puisse comprendre cette belle et douce langue qui est le français, mais en vains.

je ne vous en veux pas vous m'avez au moins appris une chose dans la vie s'est que l'ors ce que nous ne savons pas faire une chose il suffit d'en faire deux pour évité la première.

il y a bien un endroit ou vous aviez raison, s'est sur le fait que je ne trouverais jamais un patron. je doit en avoir 5 ou 6 en ce moment.

je vous remercie aussi de m'avoir fait quitté l'école très tôt, comme ça j'ai vue que le travail en usine s'est dure et depuis je fait le maximum pour ne pas y retourné.

merci a vous prof de français de la maternelle a la terminal et ceux qui sont venus après dans les multiple formation.
 
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