Belles pages de Littérature.

[Tyler]

Voici pour ouvrir le bal,un très beau moment de littérature moderne que je viens de retrouver,parmis mes préférés.Postez vous aussi vos passages préférés.
C'est disons l'un des seuls passages de cette oeuvre que je trouve vraiment extraordinaire ! Il est bien dommage que le livre ne soit pas aussi poignant tout le long !
Bon allez.Bonne lecture.



" Le jour de son exécution, Maximilien Robespierre avait la mâchoire cassée.Elle était maintenue par un bandage. Juste avant de poser sa tête sous le couperet le bourreau a arraché son bandage ; Robespierre a poussé un hurlement de douleur, des flots de sang ont jailli de sa plaie, ses dents brisées se sont répandues sur le sol. Puis le bourreau a brandi le bandage à bout de bras,comme un trophée, pour le montrer à la foule massée autour de l'échafaud. Les gens riaient, lançaient des quolibets.
Généralement, à ce stade, les chroniqueurs ajoutent : " La Révolution était finie.". C'est rigoureusement exact.
A ce moment précis où le bourreau a brandi son bandage dégouttant de sang sous les acclamations de la foule, je veux penser qu'il y a eu dans la tête de Robespierre autre chose que la souffrance.Autre chose que le sentiment d'échec. Un espoir ?
Ou sans doute le sentiment qu'il avait fait ce qu'il devait faire.
Maximilien Robespierre, je t'aime. "

Michel Houellebecq. Extension Du Domaine De La Lutte.

 

[bonpat]

"En effet, supposons que je parle les langues des hommes et même celles des anges :
si je n'ai pas l'amour, je ne suis rien de plus qu'une trompette claironnante ou une cymbale bruyante.

Supposons que j'aie le don de prophétie, que je comprenne tous les mystères et que je possède toute la connaissance ;
supposons même que j'aie, dans toute sa plénitude, la foi qui peut transporter les montagnes : si je n'ai pas l'amour, je ne suis rien.

Si même je sacrifiais tous mes biens, et jusqu'à ma vie, pour aider les autres, au point de pouvoir m'en vanter,
si je n'ai pas l'amour, cela ne me sert de rien.

L'amour est patient, il est plein de bonté, l'amour.
Il n'est pas envieux, il ne cherche pas à se faire valoir, il ne s'enfle pas d'orgueil.
Il ne fait rien d'inconvenant. Il ne cherche pas son propre intérêt, il ne s'aigrit pas contre les autres, il ne trame pas le mal.

L'injustice l'attriste, la vérité le réjouit.

En toute occasion, il pardonne, il fait confiance, il espère, il persévère.

L'amour n'aura pas de fin."

1ère de Saint Paul apôtre aux Corinthiens

 

[bonpat]

Il ne fallait mettre que de la littérature moderne ?

 

[Tyler]

Non.

La litterature de toutes les époques est accéptée.

 

[Luc G]

...

On frapperait à la porte. On n'attendrait pas qu'il aille ouvrir, on entrerait sans se faire prier. On enlèverait son imperméable et l'on secouerait ses cheveux mouillés en disant que le temps est triste, mais que la pluie est douce. On aurait des gouttes transparentes sur le front, curieusement accrochées sur les joues et les paupières.

...

Nous sommes si intimement pétris de mots, dit-il parfois, que lorsque nous croyons ne parler de rien, nous avouons qui nous sommes. Il suffit d'oser quelques signes sur la page pour qu'y palpite notre coeur, comme apparaissent des visages sur le papier où l'on griffonne machinalement. Ce sont les signes de tout le monde, les mouchoirs que chacun agite quand fument les cheminées du navire. Celui qui parle de soi, qui dit ce qu'il aime ou ce qu'il désire, ne sait plus à qui il s'adresse, ni d'où provient la voix qui tremble sur la page.

...

Jean-Michel Maulpoix - Portraits d'un éphémère
et plus précisément deux extrait du texte le plus beau à mon goût de ce recueil :

"Parmi les mots du dictionnaire"

 

[barbarella]

Colin terminait sa toilette. Il s'était enveloppé, au sortir du bain, d'une ample serviette de tissu bouclé dont seuls les jambes et le torse dépassaient. Il prit à l'étagère de verre, le vaporisateur et pulvérisa l'huile fluide et odorante sur ses cheveux clairs. Son peigne d'ambre divisa la masse soyeuse en longs filets orange pareils aux sillons que le gai laboureur trace à l'aide d'une fourchette dans de la confiture d'abricots. Colin reposa le peigne et, s'armant d'un coupe-ongles, tailla en biseau les coins de ses paupières mates, pour donner du mystère à son regard. Il devait recommencer souvent, car elles repoussaient vite.(...)
Il vida son bain en perçant un trou au fond de la baignoire. Le sol de la salle de bains, dallé de grès cérame jaune clair, était en pente et orientait l'eau vers un orifice situé au-dessus du bureau du locataire de l'étage inférieur. Depuis, sans prévenir Colin, celui-ci avait changé son bureau de place. Maintenant, l'eau tombait sur son garde-manger.

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- Alors ?... dit le directeur.
- Eh bien, voilà!... dit Colin.
- Que savez-vous faire? demanda le directeur.
- J'ai appris des rudiments..., dit Colin.
- Je veux dire, dit le directeur, à quoi passez-vous votre temps?
- Le plus clair de mon temps, dit Colin, je le passe à l'obscurcir.
- Pourquoi? demanda plus bas le directeur.
- Parce que la lumière me gêne, dit Colin.
- Ah!... Hum!... marmonna le directeur. Vous savez pour quel emploi
on demande quelqu'un, ici?
- Non, dit Colin.
- Moi non plus..., dit le directeur. Il faut que je demande à mon
sous-directeur. Mais vous ne paraissez pas pouvoir remplir l'emploi...
- Pourquoi ? demanda Colin à son tour.
- Je ne sais pas..., dit le directeur.
Il avait l'air inquiet et recula un peu son fauteuil.
- N'approchez pas !... dit-il rapidement.
- Mais... je n'ai pas bougé..., dit Colin.
- Oui..., oui..., marmonna le directeur. On dit ça... Et puis...

Boris Vian L'Ecume des jours

 

[Finn_Atlas]

- [...] Maintenant, en tout cas, il est aussi mauvais qu'un Orque, et simplement un ennemi. Il mérite la mort.
- La mérite ! Je crois bien. Nombreux sont ceux qui vivent et qui méritent la mort. Et certains qui meurent méritent la vie. Pouvez-vous la leur donner ? Alors ne soyez pas trop prompt à dispenser la mort en jugement.

Chapitre II, l'ombre du passé. Le Seigneur des Anneaux I, La Communauté de l'anneau. J.R.R.Tolkien