'tain, les gars, ça fait trois plombes que j'écris un truc. Et entre temps vous rajoutez des commentaires qui rendent caduques ce que j'écris.
Faut tout que je recommence.
... je regarde la version qui me fait plaisir et j'emmerde Lucas
Je suis d'accord.
S'il advient qu'un réalisateur, au fil des ans, procède à des changements sur ces films passés, arguant du fait que c'est comme ça qu'il le voulait mais qu'à l'époque ça n'était pas possible, cela n'implique pas que le spectateur doit adhérer à la (aux) nouvelle(s) version(s). Pas plus que, dès lors qu'une Director's Cut et/ou Version Longue est sortie (bon, les gars, faut que je vous dise, à l'époque la production m'a forcé à couper des scènes et a remonter le film pour une histoire de fric, mais maintenant que l'eau est passée sous les ponts - et qu'on a fait plein de fric - je peux enfin vous montrer mon film tel que j'avais envie de le faire), le spectateur doit impérativement préférer cette version-là.
Le spectateur aime ce qu'il veut.
Après (précautions d'usage : ce qui suit est peut-être lié à ma propension à voir le mal partout), je pense que dans la plupart des cas les modifications apportées au fil du temps ne sont que des histoires de gros sous.
Si l'on veut bien se concentrer sur le point de départ de la discussion, c'est à dire les Star Wars et spécifiquement les premiers films, je veux bien entendre que Lucas apporte des modifications pour coller à sa vision de l'époque. Pourtant, je ne vois qu'une occasion supplémentaire de tirer un peu plus de lait de cette immense pompe à fric (mais bon, je ne suis pas loin de penser que, un milliard d'années après la sortie de la première trilogie, sortir les nouveaux épisodes est aussi une manière de profiter encore de l'immense pompe à fric).
Lucas, en particulier, a un ego surdimensionné et se le permet, justement parce que Star Wars est cette pompe à fric.
Refuser que la version originale soit archivée n'est qu'une manière de justifier les modifications apportées comme des changements purement artistiques. C'est pas pour faire encore plus de fric que j'ai fait des changements, c'est pour rendre le film conforme à ma vision. Accordez-moi que c'est cette version qui doit être archivée.
c'est comme si tu étais écrivain, tu as écrit un livre, et puis 30 ans plus tard, tu le modifies pour le mettre plus à ton goût et tu refuses que l'ancienne version puisse être de nouveau publiée car elle ne te convient plus. même si moi lecteur je préfère la 1ère version, bon ben ... ce n'est pas moi l'écrivain. tu fais ce que tu veux de ton oeuvre.
Justement.
On n'en fait pas grand battage mais dans le domaine littéraire, les réécritures ne sont pas rares non plus (je ne parle pas ici des réecritures imposées par un quelconque mouvement qui ce serait donné pour bataille de tout épurer - pas plus que je ne parle des diverses réécritures induites par un nouveau traducteur pour les œuvres étrangères).
Les écrivains aussi (pas tous, d'accord) modifient leurs écrits. Soit que telle coupe ou tel passage leur fut imposés par la maison d'édition ou que tel changement ou ajout correspondent mieux à l'histoire qu'ils voulaient développer.
Je vous donne un exemple (il ne s'agirait pas que je reste totalement théorique ou obscur).
Une recueil de nouvelles de Raymond Carver intitulé à sa sortie "Parlez-moi d'amour".
Pas totalement pris au hasard cet exemple (pas con le mec, je parle de littérature et pourtant je parle de cinéma), c'est ce bouquin essentiellement qui est la trame de "Short Cuts" de Robert Altman.
"Parlez-moi d'amour", tel qu'en sa première édition (en 1981), est une version épurée par l'éditeur (avec quelques nouvelles parfois totalement réécrites).
Carver n'aura de cesse par la suite que de tenter de sortir ce bouquin dans sa version originale. En profitant au passage pour remanier certaines nouvelles (disons pour moderniser).
C'est finalement 20 ans après sa mort que le livre sortira.
On pourra m'opposer qu'ici aussi, il n'est question que de gros sous.
Certes.
Je ne suis pas sûr, par contre, que la fortune du nouvel éditeur a été faite suite à cette nouvelle édition. Tout formidable que je trouve cet écrivain, il reste assez mal connu et pour le moins peu bankable.
Je n'ai pas d'exemple d'écrivain ayant refusé qu'une ancienne version n'est plus droit de cité, je m'abstiendrai d'argumenter.
Dans la musique c'est pareil, tu as plein de versions d'une même chanson. Par exemple, la chanson Killing Me Softly with His Song fut reprise par les Fugees. Or, je trouve personnellement que cette version dénature le message et ne me correspond pas. Le public n'est clairement pas de mon avis et plébiscite cette interprétation. La version de Roberta Flack reste pour moi la meilleure, et ce n'est même pas l'originale. Aujourd’hui, il est tout à fait possible d’écouter elle deux versions.
Je ne te suis pas là-dessus.
Désolé, mauvais exemple.
Tu n'évoques pas la réécriture d'un morceau par son compositeur.
Il s'agit là de reprises.
C'est bien différent du sujet de départ.
Mais j'irais dans ton sens.
Avec le temps, certains remanient leurs morceaux en en sortant de nouvelles versions (je ne parle pas des chansons qui sont remixées par d'autres, hein ? Nous sommes bien d'accord - pas plus que je ne parle des changements inéluctables relatifs aux performances live).
Un que je pense bien connaitre : Elvis Presley.
Certains de ces morceaux, rien moins qu'officiels car sortis de son vivant et à son initiative (initiative toute relative, s'entend, quand on sait le pouvoir qu'exerçait le colonel, son manager), existent dans d'innombrables versions.
Il ne me vient pas à l'esprit d'artiste refusant l'existence d'une version antérieure, je m'abstiendrai là aussi.
En tant que spectateur, j'ai aussi mon mot à dire et le droit de préférer une version par rapport à une autre.
Tu l'as déjà dit (dans une version moins polie où tu emmerdes Lucas).
Je suis d'accord.
Me gourre-je en pensant que nous sommes d'ailleurs ici tous d'accord, défendant par là notre libre arbitre de spectateur ?
En résumé.
D'accord, je veux bien l'entendre, dès lors qu'elle est sortie, ton œuvre appartient au public.
Ça n'empêche pas que tu as toute légitimité pour la modifier. Que ça plaise ou pas au public.
Mais (on va se rejoindre), dès lors que plusieurs versions existent, elles existent. À charge pour le public de s'approprier telle ou telle. Le créateur n'a pas capacité à forcer le choix du public.
Il peut être tenté de faire disparaitre son œuvre (en partie ou dans ses diverses versions), pour des choix qui lui sont propres et sans avoir à se justifier. Car, là aussi, il a légitimité, étant le créateur.
Mais rien n'augure qu'il soit en capacité de le faire.
cf, ci-dessous.
L'auteur ne pourra jamais éradiquer toutes les versions tant qu'un fan en possédera une copie.
Je finirais cette longue diatribe par un clin d'œil.
Dans le document vidéo proposés par
@Gwen, je ne peux que constater qu'en version originale le terme modification n'est autre que "alteration".
Ne trouvez-vous pas drôle l'emploi de ce faux amis ? Alors même que le débat porte sur le fait (dans la vidéo, en tout cas) que seule la version originale prévaut et que les modifications apportées sont préjudiciables.