Pourquoi la question n'
est-elle pas correctement formulée ?

C'est marrant comme question. Ça part de ce postulat : la destruction est plus facile que la construction. Ça ajoute un champ de réflexion : la culture.
Et là, tout ce complique.
Qu'est-ce qui peut nous faire penser que la construction d'une culture est difficile ? Parce que c'est lent ? Parce que c'est sédimenté ?
Rien n'est moins sûr, en tout cas. Certaines cultures se sont construites très vite. Le nazisme, par exemple, est un phénomène culturel autant que politique. Ses bases culturelles sont, pour certaines, très anciennes, et pour d'autres, beaucoup plus récentes. Et pourtant, la culture nazie se construit très rapidement, durant les années 1930, grace à une conjonction historique particulièrement propice.
Changeons de face du monde, et regardons du côté des cousins de Patochman. La culture corse, la corsitude, est quelque chose de très récent, à l'aune de la civilisation méditérrannéene. La langue corse elle-même ne se stabilise vraiment qu'à partir du 19° siècle, et de là vont découler des éléments culturels : le chant dit aujourd'hui traditionnel, la poésie pastorale, etc.
Mais tout ça est très rapide, et se fait assez facilement.
En revanche, la destruction d'une identité culturelle est beaucoup plus difficile. Globalement, on estime que pour détruire une culture, il faut éliminer l'ensemble des porteurs de cette culture. D'où le concept totalitaire de génocide et sa finalité : éradiquer une culture en même temps qu'un peuple. Détruire la mémoire en détruisant les porteurs de mémoire.
Les régimes totalitaires, puisqu'on en parle, ne sont jamais arrivés à éradiquer les cultures qui leur préexistaient. Le franquisme n'a pas détruit la culture catalane, l'Union Soviétique n'a fait que mettre sous le boisseau les identités culturelles des marches de l'Empire,...
Bien sûr, on a parlé parfois de cultures détruites. Pour les indiens d'Amrique du Nord, notamment. Mais là, il faut avouer qu'on est quand même très proche d'un phénomène de génocide. Et cela n'empêche pas des artistes "natifs américains", comme disent les politiquement corrects, de faire vivre une mémoire et une culture ancestrale.
Non, détruire une culture, ce n'est pas si facile. Enfin, c'est ce que j'en dis, hein.