Il n'a pas tort, dans son point de vue sociologique. Lorsqu'il parle des bienfaits pervers d'une plate-forme "saine", par exemple. Il y a quelques années, lorsqu'IBM s'est mis a produire des puces à bas voltage, tandis qu'Intel menait déja une guerre des mégahertz et des systèmes de refroidissement, tandis qu'à Redmond, on construisait XP et à Cupertino, Puma, les sites de sécurité underground parlaient déja des futures machines de pirates que constitueraient les assemblages Unix-PowerPC de demain.
Les faiseurs de virus, comme les pirates, ont besoin d'un "havre de paix" plus encore que les consommateurs.
Ce n'est pas le seul point avec lequel je me sens en accord. Le fait de disposer d'une plate-forme relativement sure ne fait pas baisser la vigilance, bien au contraire. Elle l'aiguise plutôt. Et inversement, le fait d'être constamment sous la menace des virus finit par banaliser le phénomène. J'ai vu tellement souvent certains de mes collègues équipés de windows se résigner à avoir des Outlook vérolés. "De toutes façons, ça revient tout le temps". "Je m'en occuperais plus tard". "Bah, on m'a dit que ça ne craignait rien, celui-là".
Les virus informatiques sont comme les vraies épidémies contagieuses. Ils font appel, dans l'imaginaire et les représentations sociales, aux mêmes mécanismes. Des tas de gens vivent avec des parasites. Des tas de parents laissent les poux proliférer dans la tête de leurs mômes. Parce que se battre contre ces fléaux demandent de l'énergie, et que le combat finit par être vain, lorsque la menace est constante et trop forte. Ce n'est pas pour ça qu'on rase les cheveux et qu'on change de tête. Non, on attend juste un autre moment, meilleur, pour s'y attaquer. Peu importe qu'entre temps les autres soient contaminés. Les mômes, eux, s'habituent aux poux. Comme les pauvres à la gâle ? Les pauvres s'habituent à la misère, et c'est pour ça qu'ils restent pauvres, disait un salaud lucide.