Pour ma part, j’ai réussi à magistralement passer à côté de l’iPod. Je n’en ai pas possédé un seul à l’époque. Pour autant j’en garde quelques souvenirs, très brefs, mais parfois marquants.
En octobre 2001, quand le tout premier iPod est annoncé, je suis lycéen dans une petite ville, en Limousin. Très loin des tendances urbaines. À l’époque j’ai pourtant la chance d’avoir à la maison un PC, internet et j’ai un Nokia en poche. Mais Apple n’existe absolument pas pour moi. Je ne connais encore rien de la marque. Je me demande même si j’ai conscience qu’elle existe.
La musique, je l’écoute principalement sur le PC de la maison, dans ma chambre, où eMule tourne en permanence, mais aussi sur un baladeur CD Sony qui m’accompagne au quotidien. Je ne suis pas encore particulièrement technophile, je me contente de ce que j’ai sans chercher plus loin. Et la musique est quelque chose de récent dans ma vie. Ma mère étant très migraineuse, le bruit est banni depuis toujours de la maison. Le téléchargement et mes quelques premiers CD sont l’occasion de découvrir mes goûts.
Les premières générations d’iPod se succèdent donc dans mon indifférence la plus totale. Vient octobre 2002, où je tombe raide dingue du tout nouveau Nokia 7210. Pendant 6 mois je me passionne pour cette marque, dévore toute info sur des forums spécialisés. Ma technophilie est née. D’abord pour la téléphonie, Nokia en particulier.
Je finis par acheter ce téléphone tant désiré en mai 2003. Mais la porte ouverte est trop séduisante et les Nokia s’enchainent avec frénésie dans les mois qui suivent. J’ai déjà à coeur à l’époque de n’utiliser qu’un seul appareil polyvalent et ce sont les modestes cartes mémoire de ces téléphones qui recueillent les quelques morceaux que j’emmène avec moi au quotidien. Hors de question d’avoir les poches pleines d’appareils différents.
Nous sommes en 2004. Le départ pour Toulouse, l’arrivée dans une école d’architecture remplie de produits Apple. C’est là que je découvre réellement la marque, omniprésente autour de moi. 2004 c’est aussi l’année où Apple décide de rendre l’iPod plus grand public avec le mini. Un camarade en a un, vert. Je me revois le manipuler au milieu d’une salle info remplie de PowerMac G5, le trouvant un peu étrange. Mon premier contact. L’esthétique de l’objet me plait, mais son écran noir et blanc me semble assez anachronique, mon Nokia 6230 ayant un bel écran couleur et une interface d’apparence plus sophistiquée. Pas encore de quoi me tenter.
En 2005, je revois le shuffle première génération porté en tour de cou par la monitrice qui nous accompagne en weekend d’inté. Objet étrange là encore, au look atypique et sans écran. Qui rappelle ces clés usb mp3 qui pullulent, qu’on trouvera bientôt en vrac dans des bacs à l’entrée des Fnac pour une poignée d’euros quand plus personne n’en voudra. En attendant, chez Apple on affiche son iPod, on le porte au cou comme un bijou, on ne le clipse pas encore à sa veste (il faudra encore attendre un peu pour ça) mais il est déjà un accessoire de mode, qu’on montre.
2005, c’est aussi l’année du premier nano. Cette fois c’est la machine marketing Apple qui me revient en mémoire. La
pub où une NY en pochettes d’albums est aspirée par le petit nano, sur la petite télé de la cuisine de mes parents, en attendant les guignols de l’info sur Canal +. La musique est puissante, le visuel impressionnant. L’envie est là. Mon premier copain en achètera un quelques mois plus tard, pour accompagner son magnifique MacBook Pro 17 ", la machine qui me fera définitivement basculer du côté Apple, faisant passer mon PC portable Asus pour un infâme tas de plastique mal dégrossi.
Nous sommes en 2006, et Apple sort le nano 2G en alu. Une amie est dingue du modèle rose, qu’elle n’achètera finalement pas, utilisant elle aussi son téléphone Sony Ericsson pour sa musique. L’iPod, pour nous autres, jeunes étudiants au budget limité, reste un luxe quand tant d’autres appareils déjà en notre possession peuvent lire de la musique.
Et vient le choc. 2007, le premier iPhone. Un iPod avec écran tactile, un téléphone révolutionnaire, un appareil connecté novateur. Un iPod, un téléphone, et un appareil connecté. Un iPod, un téléphone… Vous l’avez ?
Evidemment, on l’a tous eu. Pas forcément le premier, mais tous, quasiment, nous avons fini par l’avoir. L’amie énamourée du nano rose aura bien son premier iPod. Il ne sera simplement pas rose mais noir, son … iPhone 4s ! Pour ma part ce sera un 3GS blanc, à l’été 2009. Mon premier iPod…
Oh je me rappelle très bien du magnifique shuffle 2G (Product)RED d’une amie en 2007. D’être allé tester le premier iPod touch en boutique pour découvrir cette fameuse interface tactile de l’iPhone en avant première, lui qui tardera à sortir en France. Je me rappelle du nano 4G qui « coulait » sur nos écrans, du shuffle 3G sans boutons acheté pour ma grand mère qui s’ennuyait durant ses séances de chimio. Mais aussi du nano 6G qu’on croisait parfois sur quelque poignet dans le métro, préfigurant un autre produit Apple. Reste qu’il était déjà un peu tard pour l’iPod. Qu’Apple venait de signer son arrêt de mort, lente, mais inéluctable.
Inévitablement, parce que je suis nostalgique, l’iPhone est mon premier iPod, mais pas le dernier. Comme si j’avais voulu corriger le passé, j’ai collectionné par la suite nombre d’iPod. Je dois en avoir une quinzaine en état de marche. Des secondes mains, si ce n’est plus, probablement remplacés par un smartphone, déterrés d’un tiroir et jetés sur leboncoin pour quelques euros. Ils ont sans doute fait le bonheur de leurs anciens utilisateurs…Mais l’obsolescence qui a fini par les frapper, si rapidement, semble bien cruelle tant ils ont su incarner en leur temps modernité et cool. Je m’amuse parfois, trop rarement, à sortir avec l’un d’eux. À savourer, quelle ironie, l’interface minimaliste et l’écran noir et blanc si désuets qui en 2004 me rendaient le mini peu séduisant.
Parfois je me demande si, comme le vinyle, l’iPod finira par ressurgir d’entre les morts. Nous verrons bien. Mais la somme d’intelligence que renfermaient ces petites boites en métal et plastique est réjouissante. La click wheel, 18 ans après son apparition sur le mini, est toujours d’une efficacité redoutable. Et quelle gueule ces produits pouvaient avoir !