L'avant dernière fois... c'est l'avant-dernière fois, c'est sûr cette fois, c'est promis, c'est juré... Encore cette nuit, encore une autre nuit dans quelques jours et après, après une nouvelle vie commencera, sans lui... Dix ans à le subir trop souvent, dix ans c'est trop, dix ans c'est trop long et pourtant comment s'en extraire plus tôt sans tout détruire...
Combien de fois m'a t'il accompagné comme ça ? Si proche au point de me suivre quand je vais manger, quand je vais pisser, quand je suis au téléphone avec ceux qui m'aiment, quelquefois même il m'attendait dans la salle de bain pendant la douche...intimité sordide. Je ne saurai compter, il y a eu tant et tant de fois... Peut-être dans quelques temps, quelques années qui sait, je regretterai sa présence insistante et les émotions qu'il m'a fait éprouver. Mais pourrai-je oublier sans trop de cauchemars les souvenirs terribles qui lui sont associés... :rolleyes: ?
Oublier ces nuits d'épouvante où il me torturait, me réveillait trois, quatre fois par ses cris véhéments, sa voix monocorde, son appel stérile qui m'obligeait à le suivre malgré moi au long de couloirs sinistres aux néons grelottants, traversant des cours désertes aux ombres menaçantes, croisant le regard mauvais des autres oiseaux de nuits de son territoire imprégné de mort, imprégné de souffrance indistincte et nauséabonde... :mouais:
Oublier la malédiction de l'arrachement du sommeil profond, du premier sommeil, celui qu'on croyait ne jamais trouver et qu'il faut abandonner au pire moment qui aurait pu être réparateur... quitter à peine réchauffés ces draps impersonnels et cette chambre glauque au plafond sale et au lavabo cassé qui malgré tout me servait d'abri pour quelques heures...
Oublier son oeil rougi indifférent à l'épuisement résigné et à la sourde haine que je lui opposais sans plus me défendre, rouge comme le stress, rouge comme les camionnettes des pompiers, rouge comme le danger, rouge comme les gouttes de sang sur le carrelage blafard...
Et dire qu'à nos premières rencontres j'étais fier qu'il m'ccompagne, avec lui je sentais mon pas plus lourd et mes épaules plus droites, les gens nous regardaient ensemble avec un genre de respect qui m'était inconnu et me rendaient hautain, les portes coulissantes s'ouvraient loin devant nous dans un courant d'air neuf et l'avenir nous souriait... Tout ça pour ça, au bout du compte...
Allez, encore deux gardes à l'hôpital, non plus qu'une et demi maintenant - mais que les heures sont longues ! - et je ne le verrai plus jamais, hein c'est bien sûr ça, hein, plus jamais tu ne hanteras mes nuits... jusqu'au jour de mon dernier souffle quand les souvenirs les plus hideux de ma vie défileront une dernière fois devant mes yeux éreintés : Adieu, putain de bip de merde !
:zen:
Combien de fois m'a t'il accompagné comme ça ? Si proche au point de me suivre quand je vais manger, quand je vais pisser, quand je suis au téléphone avec ceux qui m'aiment, quelquefois même il m'attendait dans la salle de bain pendant la douche...intimité sordide. Je ne saurai compter, il y a eu tant et tant de fois... Peut-être dans quelques temps, quelques années qui sait, je regretterai sa présence insistante et les émotions qu'il m'a fait éprouver. Mais pourrai-je oublier sans trop de cauchemars les souvenirs terribles qui lui sont associés... :rolleyes: ?
Oublier ces nuits d'épouvante où il me torturait, me réveillait trois, quatre fois par ses cris véhéments, sa voix monocorde, son appel stérile qui m'obligeait à le suivre malgré moi au long de couloirs sinistres aux néons grelottants, traversant des cours désertes aux ombres menaçantes, croisant le regard mauvais des autres oiseaux de nuits de son territoire imprégné de mort, imprégné de souffrance indistincte et nauséabonde... :mouais:
Oublier la malédiction de l'arrachement du sommeil profond, du premier sommeil, celui qu'on croyait ne jamais trouver et qu'il faut abandonner au pire moment qui aurait pu être réparateur... quitter à peine réchauffés ces draps impersonnels et cette chambre glauque au plafond sale et au lavabo cassé qui malgré tout me servait d'abri pour quelques heures...
Oublier son oeil rougi indifférent à l'épuisement résigné et à la sourde haine que je lui opposais sans plus me défendre, rouge comme le stress, rouge comme les camionnettes des pompiers, rouge comme le danger, rouge comme les gouttes de sang sur le carrelage blafard...
Et dire qu'à nos premières rencontres j'étais fier qu'il m'ccompagne, avec lui je sentais mon pas plus lourd et mes épaules plus droites, les gens nous regardaient ensemble avec un genre de respect qui m'était inconnu et me rendaient hautain, les portes coulissantes s'ouvraient loin devant nous dans un courant d'air neuf et l'avenir nous souriait... Tout ça pour ça, au bout du compte...
Allez, encore deux gardes à l'hôpital, non plus qu'une et demi maintenant - mais que les heures sont longues ! - et je ne le verrai plus jamais, hein c'est bien sûr ça, hein, plus jamais tu ne hanteras mes nuits... jusqu'au jour de mon dernier souffle quand les souvenirs les plus hideux de ma vie défileront une dernière fois devant mes yeux éreintés : Adieu, putain de bip de merde !

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