Contes et légendes de nos régions

Nexka

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30 Avril 2003
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Montigny le Bretonneux
Il y a sûrement des histoires liées à vos régions que vous racontaient vos grand mère quand vous étiez petit.


Voici une histoire Quercinoise. Le célé est une rivière qui coule à Figeac, ville du Lot.

Il était une fois, il y a bien longtemps, un seigneur dans son château perché sur une falaise longeant le célé.
Un soir de pleine lune alors qu'il mangeait avec ses chevaliers, une bergère vint lui demander de l'aide pour sa grand mère mourante. La bergère était très belle, comme toute les bergères et même plus. Le chevalier lui proposa donc son aide à condition qu'elle passe la nuit avec lui. Devant l'hésitation de la demoiselle, il ordonna aux chevaliers de fermer la porte de la salle à manger pour empêcher la belle de s'enfuir. Pour s'échapper, la bergère se jeta par la fenêtre et tomba dans le célé où elle se noya. Dans sa chute le châtelain et ses convives entendirent la jeune fille les maudire.
Le lendemain, les territoires du seigneur furent envahi par ses ennemis, qui tuèrent tout les habitant du château et jetèrent le corps du seigneur dans le célé, comme la bergère.
On dit qu'aujourd'hui, les soirs de pleine lune, on peut voir sur les falaises du célé une chèvre d'une blancheur immaculée. C'est la bergère qui revient sous cette forme revoir son pays.

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Je vais vous raconter une histoire qui m'a longtemps intrigué, et dont je n'ai compris le sens complet qu'il y a peu de temps.

J'ai grandi à Chazay d'Azergues, un village de la vallée de l'Azergues chère à notre autruche, au nord de Lyon. Le tout début du Beaujolais.

Ce village est une place fortifiée depuis très longtemps, genre le V° siècle. Elle a subit moult assauts, des sarasins (qui auraient donné à la rivière son nom : Oued zergua, eau bleue), puis des anglais.
Le village est situé sur un promontoire, et entièrement construit en pierres du coin, que l'on appelle les "pierres dorées", un calcaire d'un ocre jaune très particulier, très beau.

Dans ce village, il y a une légende, et un héros : le baboin.

Plantée rapidement, le baboin, c'est l'histoire d'un saltimbanque venu se montrer à un marché de la citadelle, en 1367, qui, revêtu d'une peau d'ours, sauva la châtelaine de l'incendie du château, devint chevalier, puis capitaine châtelain, puis châtelain royal, et à qui les habitants du village firent une statue après sa mort, et la placèrent sur la porte principale de la citadelle.

Or, cette statue, que j'ai souvent vue tout petit, est celle d'un ... centurion romain !

Babouin, ours, chevalier, centurion...
J'avoue avoir longtemps été tout embrouillé dans cette histoire.

Il se déguisait en quoi, le sieur Sautefort ? En babouin ou en ours ? Et pourquoi le babouin on l'appelait Sautefort, et le châtelain qu'il était devenu s'appelait Jehan du Mas. Et pourquoi la statue c'était un romain ? Et mes amis viticulteurs, les dumas, c'étaient les descendants du babouin ?

Bref, il m'en a fallu du temps pour comprendre tout ça.
Pourtant....
Le baboin (c'est l'orthographe officielle, celle du 14° s), ça voulait dire au choix :
- qu'il avait vraiment de grosses lèvres ;
- ou qu'il mettait un masque avec une figure difforme.
Pour une des deux raisons, on l'appelait le baboin. Ça ne voulait donc pas encore désigner un singe, baboin, au 14°.

"Le baboin", donc, faisait un numéro d'acrobate déguisé en ours.
Quand le feu a pris dans le château, et que la châtelaine a appelé au secours par la fenêtre, son bébé dans les bras, comme dans les films, ni une ni deux, le "baboin" a mis sa peau d'ours pour se protéger des flammes, il s'est fait copieusement arrosé de flotte parce qu'il était pas fou, et il est parti escalader le château en flammes pour secourir la femme et l'enfant.
Donc, les représentations de cette scène légendaire montrent le babouin en ours escaladant le château.

Après, il fait carrière, se marie à la fille de je sais pas qui à moitié noble, est lui-même anobli, défend la cité durant des décennies, crée une fondation pour les pauvres et à la gloire de l'ascension sociale médiévale.... Bref, un bonheur.
On lui fait une statue en bois le représentant en chevalier, genre Bayard.

En 1839, la statue en bois menace de s'écrouler. Et là, les chazéens, au lieu de lui en refaire une en dur à son effigie, envoient deux conseillers municipaux mais pas très bons en histoire acheter une nouvelle statue de chevalier.
Et les deux zèbres sont revenus avec un centurion en fonte, finissant de créer une fois pour toute la confusion dans mon esprit enfantin :
"Le babouin est en fait un ours, il était chevalier dans les armées de César".

Les cons.
:D

porte_baboin.jpg
 
Merde grilled :mad: :D ;) :love:
 
A côté de Chazay d'Azergues, où vécut Rezba, se trouve Lozanne dont le vieux bourg, où j'ai grandit, est aussi en Pierres dorées. Il y a un château, une église dont les fondations dateraient du IVème siècle et la ferme du château (dont les habitants ont recouverts les pierres dorés d'un affreux crépis soit rose, soit saumon soit gris - la maison familiale - :mouais:). Mes parents m'ont toujours parlés d'un souterrain qui relierait le château à sa ferme, distant de quelques centaines de mètres, autant vous dire qu'on l'a cherché mais jamais trouvé mais ce n'est pas de cela que je voulais parler.

Il est question ici de la légende de Guillemette contée par Lucie Missire, une Lozannaise, qui en parle beaucoup mieux que moi dans son livre "Lozanne sa légende, sa petite histoire".

"Cela se passait il y a près de 10 siècles. Le village n'était alors qu'une Seigneurie. Un château de plus au nombre des possessions de quelque Grande Famille. Mais déjà les filles y étaient jolies et avenantes (merci Lucie :D). L'une d'elle surtout : la gracieuse Guillemette. Son père travaillait aux écuries du seigneur, car celui-ci, fervent de chasse et de jeux équestres, avaient les plus beaux chevaux de la contrée. Et une nombreuse domesticité y était affectée. Sa mère, qui n'avait pas sa pareille pour réussir les savoureuses petites galettes qui agrémentaient les repas des Maîtres, était presque chaque jour appelée au château. C'est que la Gente Dame qui y régnait tenait à la bonne renommée de sa table. Et le seigneur son époux ne passait guère de journée sans recevoir quelques puissant ami, seigneur des environs. Dès alors, comme de nos jours, on savait trouver à Lozanne bon accueil et plats savoureux (heu Lucie :D) ... Et Guillemette, penserez-vous, que faisait elle ? S'appliquait elle aussi à confectionner de délicieuses gourmandises pour les festins du château ? Las ! non, pauvre Guillemette. Elle n'aimait rien tant qu'être au dehors; et l'occupation qui lui avait été confiée répondait en quelque sorte à ce besoin de plein air. Elle faisait partie de cette joyeuse bande de jeunes lavandières, qui faisait régulièrement la nombreuse et délicate lessive des habitants du château. Et tout en chantant pour se donner courage ; tout en frottant, tapant, tordant, plongeant et replongeant le linge dans la rivière (L'Azergues :D). (...) Et Guillemette, qui aimait tant la chanson de la rivière qu'elle en oubliait sa peine et ses efforts, souffrait durement quand venait l'hiver, car alors, il fallait casser la glace pour laver (...) Et que les mains gercées faisaient mal !
Or, il advint qu'un jour, descendant du château vers la rivière avec ses compagnes - et chargée comme elles d'un panier de linge à laver - Guillemette tomba. Son pied porta à faux sur une pierre, elle glissa, et dans sa chute se tordit la cheville. Plus question pour elle de descendre jusqu'au cours d'eau. Refusant l'aide amicale de ses camarades, elle leur dit "Continuez sans moi, mes mies. Il me souvient que coule tout près d'ici, sous le couvert du bois, un ruisselet qui sort tout juste de sa source. Je l'ai découvert en cherchant un jour une brebis perdue. Pour aujourd'hui je vais y laver ma charge de linge, et vous me rappellerez en remontant. Ce n'est point si loin que je ne puisse m'y rendre seule. Allez." Ainsi fut fait. Guillemette, laissant ses compagnes continuer leur chemin, s'engagea sous le couvert du petit bois, marchant avec précaution. Elle se trouva vite près de la source.
Or, c'était la fin de l'automne, et déjà le froid se faisait sentir. Mais lorsque les lavandières revinrent au château, on remarqua que toutes avaient les mains rougies par l'eau et le froid, sauf Guillemette dont les mains étaient roses, et tièdes, et douces, à toucher. Au suivant jour de lessive, et durant tout l'hiver, Guillemette prétendit ne vouloir descendre jusqu'à la rivière. Elle alla rincer sa charge de linge "à sa source", engageant d'ailleurs ses compagnes à l'imiter ... Ce qu'elles refusèrent d'abord, jusqu'au jour où il fallut se rendre à l'évidence : seule Guillemette n'avait plus les mains abîmées ! (...)

Quel était donc ce prodige ?

En arrivant près de la source, Guillemette avait entendu un bruit de feuillage froissés, qui l'avait tout d'abord effrayée. Puis elle aperçue une gracieuse biche et son jeune faon. Le tout jeune animal paraissait affaibli, et la mère cherchait à le traîner jusqu'à la source. N'écoutant que son bon coeur, Guillemette prit dans ses bras le jeune faon, l'approcha de l'eau qui le tentait et l'aida à boire dans le creux de sa main. Il but avec un évident plaisir et parut tout aussitôt ragaillardi. Et c'est alors que se produisit le prodige à peine croyable : la biche parla ! Elle dit à Guillemette : "Tu a été bonne pour nous, je veux te récompenser pour te remercier. Désormais, c'est à cette source que tu viendras rincer la lessive du château. Mais plus jamais tes pauvres mains seront gercées ou abîmées car cette eau grâce à ta bonté, sera toujours douce et tiède, même lorsque partout il n'y aura que glaces, givre, et neige. Et cela durera jusqu'à la fin des temps. Grâce à toi, les femmes de la contrée auront toujours mains douces et roses, et les lavandières mieux encore que les autres." Et la biche disparut, suivie de son faon. Guillemette d'abord éberluée, crut avoir rêvé. Incrédule, elle plongea la main dans la source. Oh ! merveille. L'eau était douce et tiède ... et agréable malgré le grand vent si froid. La biche - qui devrait être une fée - avait dit vrai ! Et depuis, Guillemette, ses compagnes et toutes les femmes de la seigneurie de Lozanne vinrent à la source enchantée où l'eau fut toujours à douce température."


Alors pour le(s) connaisseur(s) du coin, la source c'est "La grand'Font" autrefois appelée "La Grande-Fontaine" près de la Créssonnière non loin de la route de Chazay ! ... Et il y a à la Créssonnière des cressons mais aussi un lavoir, mais je ne me souviens pas y avoir trempé les pieds en plein hiver :D ...
 
Légende du château de Coucy (02) :

Les chroniqueurs nous ont transmis plusieurs de ces légendes et nous allons, à notre tour, en donner quelque idée en peu de mots.

Celle qui est la plus répandue est l'Éternuement dans le puits de la grande tour.
Un jeune archer, accoudé sur la margelle de ce puits, et gravement occupé sans doute à faire, comme certain personnage de haute comédie, des ronds dans l'eau qu'il ne pouvait voir, à la seule fin pourtant de se distraire, entendit éternuer au fond de l'abîme.
«Dieu vous bénisse ! » s'écria-t-il ; et il se pencha plus fort pour mieux observer.
Nouvel éternuement suivi d'un nouveau : « Dieu vous bénisse ! »
L'archer se pencha encore plus fort, et un troisième éternuement de répondre à ce mouvement d'inutile curiosité. Cette fois la patience quitta notre homme et il proféra ce brutal souhait : « Que le diable t'emporte ! »
A ces mots, une violente agitation se manifesta dans les profondeurs ténébreuses du puits. Le jeune homme se pencha encore davantage. Il se pencha si fort qu'il lut attiré par un mauvais génie et tomba.
Aujourd'hui, les spirites ont plus de respect que ce jeune imprudent. Ils saluent les esprits sans que ceux-ci aient pris la peine d'éternuer.
 
Merci pour vos histoires bien sympathiques :zen:


Voici une légende Basque, qui prend place à Bidarray, charmant village aux pieds des Pyrénées. Bidarray est traversé par un ruisseau, le Bastan, sur lequel les laminaks ont construit un pont en une seule nuit.
Les laminaks sont des petits lutins gentils du Pays Basque, grands bâtisseurs, qui cependant oublient toujours de mettre quelques pierres dans leurs édifices. Vous verrez donc beaucoup de vielles églises ou ponts du pays Basque avec des trous.
Venons en à notre légende.
Il y a bien longtemps, le diable en se promenant sur terre, rencontra une jolie bergère dont il tomba immédiatement amoureux. C'était une bergère Basque. Le diable lui déclara sa flamme, et la demanda en mariage. La jeune fille accepta à une seule condition, que le diable apprenne la langue Basque.
Il faut savoir que le Basque est une langue très dure à apprendre et assez mystérieuse. Aujourd'hui encore nous ne sommes pas bien sur de ses origines. Les différents langues et dialectes mondiaux sont classés en une vingtaine de familles selon leur consonances leurs racines ect.... Il a fallut créer une famille rien que pour le Basque, qui ne ressemble à aucune autre langue.
Le diable essaya donc d'apprendre le Basque, et échoua. La bergère refusa de l'épouser, et le diable vexé et malheureux retourna dans son royaume en se jetant dans le Bastan du haut du pont des laminaks, qu'on appelle aujourd'hui "le pont d'enfer".

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