Du bon usage des nuages

Mark Twang

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23 Août 2010
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Paris
Depuis des années on en parle, mais le cloud computing n'est devenu pleinement exploitable par le commun des mortels que depuis peu et de façon pas toujours vraiment intuitive ni très claire. La faute à la concurrence de quatre modèles radicalement différents. Pour simplifier je me concentre sur les exemples Apple, Microsoft, Google et Dropbox.

Quatre visions du cloud

Le cloud lié au hardware
Apple a dégainé le premier dans la catégorie des offres grand public intégrées en présentant iCloud en 2011. iCloud est le nom logique d'un service de cloud accessible essentiellement depuis des "iDevices" (iPod, iPad, iPhone) et des ordinateurs Macs. C'est un service "offert" à hauteur de 5 Go de données. Au-delà, il faut débourser pour acquérir des forfaits... car c'est là la base du cloud computing. On devient locataire d'un espace sur un système de serveurs distants sans avoir le souci de gérer ces dits serveurs. La particularité d'iCloud est qu'on achète d'abord la clef, à savoir le matériel (hardware) frappé d'une pomme. Apple a conçu le cloud comme un service attaché à ses produits, dans le but de mieux lier ses usagers. Cette conception a des avantages et des inconvénients. Le plus grand inconvénient est justement que pour pleinement profiter d'iCloud, il faut disposer d'un produit Apple (je laisse de côté la sommaire ouverture de quelques services par le biais du web). Les avantages découlent de cet inconvénient : iCloud est natif, dans iOS comme dans Mac OS X Lion et encore plus profondément intégré dans le prochain OS X Mountain Lion. Natif et transparent, car la plupart des opérations sur le compte iCloud se font sans intervention de l'usager. On commence à saisir une note sur son iPad depuis son canapé, on la retouche sur son Mac depuis le bureau et on la consulte en déplacement sur son iPhone, sans avoir eu besoin de penser à transférer le fichier ou à synchroniser ses appareils. D'un point de vue pratique, la solution d'Apple est proche de la perfection. En revanche, elle demande une totale refonte des pratiques, car nous sommes habitués à classer nous-mêmes nos fichiers dans une système de dossiers en arborescence dont nous seuls connaissons la logique.

Le cloud lié au software
Contrairement à Apple, Les créateurs de logiciels ont logiquement préféré lier le cloud à leur environnement logiciel : c'est le cas du service Skydrive pour Microsoft et du service Creative Cloud pour Adobe. La licence des produits de la marque donne accès au cloud propriétaire qui se développe autour de la communication entre les logiciels des suites respectives.

Le cloud centré sur le web
Google offre une vision plus radicale du cloud computing. Le but de la firme de Moutain View est de totalement dissocier les données des usagers de son matériel et des logiciels productifs payants. Il s'agit de pousser l'utilisateur à les créer nativement ses projets dans le nuage en proposant Google Documents, une suite bureautique sommaire, sous la forme de Web Apps. Cette logique culmine avec Google Chrome OS, un OS destiné à équiper des appareils sans système d'exploitation autre que le strict nécessaire pour prendre en charge le hardware d'un côté et un navigateur Internet de l'autre. Toutes les données que l'on possède ne sont dès lors plus accessible que depuis le web. Cette vision a toutefois beaucoup de mal à séduire et Google est revenu à une formule un peu plus "matérielle" avec son offre Google drive.

Le cloud comme service tiers
Au contraire d'iCloud, Dropbox repose entièrement sur le traditionnel système de gestion des fichiers en arborescence : des dossiers, dans des dossiers, dans des dossiers... Cette pratique bien ancrée demeure incontournable pour les professionnels et les utilisateurs chevronnés. Dropbox se présente à la fois comme un site Internet et une application à installer sur son ordinateur (Windows, Mac OS, Linux...) ou son terminal mobile (iOS, Android...). L'application crée sur les appareils où il est installé un dossier synchronisé avec le site en ligne. Tout ce qu'on enregistre ou glisse dans le dossier Dropbox se retrouve automatiquement téléversé (upload) sur les serveurs distants du service et donc accessible de tout autre poste où l'on a installé l'application mais aussi depuis le web, avec un identifiant et un mot de passe. L'arborescence du dossier local est préservée dans le nuage. De plus en plus, Dropbox s'impose comme ne solution tierce intégrable dans différents environnements matériels et logiciels auprès des développeurs n'ayant pas la capacité de proposer un service de cloud avec leurs produits.


Comment s'y retrouver ?

- Un problème ?

L'arrivée d'une offre Google Drive a bousculé le marché du cloud computing, obligeant la plupart des acteurs actuels à élargir leur offre et les capacités de stockage afférentes. Ainsi, la solution de Microsoft, baptisée Skydrive, vient de passer à 25 Go de données offertes aux utilisateurs des solutions bureautiques de la marque tandis que Dropbox a purement doublé l'espace de stockage de ses offres payantes.
Il devient vraiment intéressant de profiter de différents services de cloud mais cela entraîne un inconvénient majeur : le fractionnement des hébergements. Tels fichiers sur iCloud, tel autre dans la Dropbox, tel autre sur le compte Google Docs ou Skydrive... de quoi devenir fou pour une révolution supposée faciliter la vie des usagers.

- Une solution !

Il est toutefois possible d'en tirer le meilleur parti en rationalisant sa méthode de travail. Un seul présupposé est nécessaire : il faut clairement distinguer deux types de fichiers : les projets d'un côté et les documents de l'autre.
- Les fichiers-projets, qui sont des fichiers "actifs" en cours d'élaboration, sont modifiables et sont destinés à être complétés, retouchés. C'est le cas d'un document word (.doc/.docx), photoshop (.psd), Cubase (.cpr), etc.
- Les fichiers-médias - ou tout simplement documents - sont des fichiers "figés", destinés à être transmis et consultés : documents en PDF, musiques en MP3, vidéos en MKV, etc.

Une fois cela entendu, on part du principe qu'un projet est du ressort du logiciel sur lequel on le produit alors qu'un document est fait pour être transmis, lu et archivé. On a alors tout loisir de profiter de différentes offres de cloud computing d'une manière raisonnée et pratique. Mes projets MS Office étant du ressort de MS Office, je peux les héberger dans le service dans le nuage afférent : Skydrive. Je retrouverai mon projet partout où je peux y travailler, et même l'éditer depuis le web. Une fois mon texte terminé, je peux l'exporter en document PDF que je classerai dans un dossier synchronisé sur Dropbox, destiné à la consultation et au partage, par invitation de partage de dossier, par partage en ligne sur un site tiers ou par mail.

Les avantages de procéder ainsi sont nombreux :
- Un projet stocké dans un cloud à Web Apps (Skydrive pour les projets MS Office, Google Documents, etc.) est éditable à distance et permet le travail collaboratif.
- Un document pesant souvent moins lourd qu'un projet, on préserve de l'espace de stockage sur le cloud concerné (type Dropbox).
- les différents fichiers (projets en cours ou documents finalisés) se répartissent "naturellement" sur les différents services de cloud, tirant parti des spécificités des différents modèles d'offres disponibles.

Note : Dans le modèle Apple, tout cela est appelé à évoluer au fur et à mesure de l'avancée de son chantier sur la convergence entre iOS et OS X, lorsque les bibliothèques-médias, censées centraliser tous les fichiers-médias, seront intégrées à l'offre iCloud. Mais ceci est une autre histoire.
 
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Réactions: Dead head
Mes yeux !

Microsoft propose à mon avis la meilleur offre. + d'espace gratuit et une intégration à tous les OS.
 
Quelle que soit la nature du nuage (qui reste quand même un coup marketing plus qu'autre chose), il y a juste un défaut dont personne ne parle, ou si peu : les moyens de connexion.
Dès qu'on s'éloigne de chez soi ou du bureau (ou de ses bureaux), ça se complique un peu : possibilité aléatoire de connexion, qualité et coût d'icelle. Et je ne parle pas des problèmes de sécurité : celle qu'on s'impose, celle qu'on nous impose, celle qui s'impose...

C'est faire aussi peu de cas de l'hétérogénéité des outils utilisés pour d'une part se connecter, d'autre part éditer (modifier, disons) les objets que l'on travaille.

Bref, ce genre de discours, façon Le Monde Informatique, ça va bien un moment mais je trouve que c'est un peu trop Les Bisounours sautent de nuage en nuage à Palo Alto.
 
Mes yeux !

Microsoft propose à mon avis la meilleur offre. + d'espace gratuit et une intégration à tous les OS.

Oui mais sauf erreur Skydrive est limité à 1Go par fichier, Google Drive 10 Go et Dropbox sans limite (bien sur dans la limite de l'espace total disponible...).

Il y a aussi Hubic qui est super intéressant au niveau du prix mais il n'y a pas encore de logiciel de synchro.
 
Salut Mark !

Ton "article" est un bel état de l'art :)

Mais je me permets de rajouter quelque chose :

Le service cloud n'est pas uniquement choisi selon l'appareil ou le logiciel ou le type de fichier. En effet, dans mon cas personnel, c'est bel et bien l'ensemble qui dirige.

Je m'explique : Possesseur d'un iPhone et d'un MacBook avec OS X Lion, j'utilise iCloud bien sûr. Mais uniquement pour la synchro des contacts, calendriers et Rappels.

Ensuite, pour le reste (flux de photo, musique, documents divers et variés) j'utilise Dropbox majoritairement.
En effet, l'obtention d'espace supplémentaire gratuit grâce au parrainage ou au chargement de photo (jusqu'à 16Go gratuit, j'en suis à 9) est d'un excellent rapport qualité prix, et l'installation de l'application sur mes ordinateurs pro et perso me permet une interaction au top.
Un projet restera sous forme Word (ou équivalent), modifiable depuis le dossier Dropbox à la racine de chaque ordinateur.

En revanche, lorsque les projets sont collaboratifs, Dropbox peut être remplacé par Google Drive.
En cas d'utilisation de Dropbox, les collaborateurs devront avoir l'application d'installé, et le simple partage du dossier fonctionne.
Si les collaborateur ne veulent/peuvent pas installer Dropbox, alors Google Drive avec la Suite Google Docs est la meilleure solution.

Tout cela pour préciser qu'il y a beaucoup de choses à prendre en compte, et que l'offre aujourd'hui permet à tout utilisateur d'y trouver son compte !

Pour moi c'est donc iCloud et Dropbox, mais quelqu'un à qui cela ne pose pas de problème de jongler avec plus d'interfaces peut très bien utiliser iCloud pour Contacts et Calendriers, Dropbox pour dossiers perso, Google Drive pour travail collaboratif, SkyDrive et/ou Office365 pour les documents Office, etc.

J'abonde donc dans ton sens, mais je voulais tout de même préciser que la "configuration" de chacun face au cloud est un peu plus complexe que ce que tu explicitais. Il y a un schéma Utilisateur/Machine/Budget/Projet/Document complexe...

:zen:
 
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Réactions: Mark Twang
Merci pour les retours/critiques/compléments :)

Simbouesse a dit:
Pour moi c'est donc iCloud et Dropbox, mais quelqu'un à qui cela ne pose pas de problème de jongler avec plus d'interfaces peut très bien utiliser iCloud pour Contacts et Calendriers, Dropbox pour dossiers perso, Google Drive pour travail collaboratif, SkyDrive et/ou Office365 pour les documents Office, etc.

Tout à fait d'accord. Je simplifie à dessein et je suis attentif à toutes les recettes. C'est même le but de ce fil.
 
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Oui mais sauf erreur Skydrive est limité à 1Go par fichier, Google Drive 10 Go et Dropbox sans limite (bien sur dans la limite de l'espace total disponible...).

Il y a aussi Hubic qui est super intéressant au niveau du prix mais il n'y a pas encore de logiciel de synchro.

Skydrive est à 2 Go maintenants. À part, jeux, OS et Films, c'est à dire tout ce qui se pirate le plus, je vois pas l'interêt d'avoir une taille supérieure.
 
Skydrive est à 2 Go maintenants. À part, jeux, OS et Films, c'est à dire tout ce qui se pirate le plus, je vois pas l'interêt d'avoir une taille supérieure.

Pour ton utilisation personel. Par exemple on peut avoir des .psd, des vidéos pour du montage, des ressources graphiques ou vidéo, etc qui dépasse largement les 2 Go...

Ou encore simplement pour sauvegarder la library d'aperture... Pour les logiciels de synchro ce n'est qu'un seul fichiers de plusieurs Go, du coup impossible de synchroniser avec les limite par fichier...
 
Un détail gênant: le jour où le propriétaire/gestionnaire du cloud utilisé décide "on ferme", il ne vous reste plus q déménager fissa vers... ? en espérant que cette transition a té bien préparée par le susdit proprio.... Les anciens de mobileme se reconnaîtront... ;)
 
Un détail gênant: le jour où le propriétaire/gestionnaire du cloud utilisé décide "on ferme", il ne vous reste plus q déménager fissa vers... ? en espérant que cette transition a té bien préparée par le susdit proprio.... Les anciens de mobileme se reconnaîtront... ;)

D'où l'intérêt de Google Drive et Dropbox (SkyDrive je ne sais pas) d'avoir un dossier en local.
Si ça ferme, tous les documents sont déjà copiés en local sur toutes les machines concernées. Y a plus qu'à uploader vers un autre service...

:style:
 
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Réactions: TiteLine
D'où l'intérêt de Google Drive et Dropbox (SkyDrive je ne sais pas) d'avoir un dossier en local.
Si ça ferme, tous les documents sont déjà copiés en local sur toutes les machines concernées. Y a plus qu'à uploader vers un autre service...

:style:
Skydrive aussi a un dossier local synchronisé sur OS X et sur Seven, mais pas sur XP. Il ne manque que le petit témoin vert ou rouge pour indiquer que le fichier est synchronisé ou non.
 
Pour ma part, je me suis précipité sur iCloud et sur iTunesMatch.

Le second, je l'ai très vite abandonné après qu'il a foutu le bordel dans ma discothèque iTunes. De plus, tout compte fait, je n'ai guère besoin d'avoir accès à toute ma musique à tout instant.

iCloud, je viens de le laisser tomber. Je ne m'en servais que pour la synchronisation automatique, entre mon Mac et mon iPhone, de mon carnet d'adresses, de mon agenda et des signets de mon navigateur. Jusqu'à ce que plusieurs dysfonctionnements aient fini par me lasser. Par exemple, lorsque je créais un "évènement iCal" et qu'immédiatement j'y apportais une modification ou le supprimais (en étant peut-être plus rapide que la liaison Mac ou iPhone <=> Nuage), je me retrouvais systématiquement avec l' "évènement iCal" en double ou avec l'évènement supprimé qui réapparaissait. Le côté pratique du Nuage m'apparaissait de moins en moins.

N'ayant que rarement des documents à partager, j'ai fini par me dire que brancher régulièrement mon iPhone à mon Mac via un câble n'était pas si terrible et était surtout plus fiable que cette nouvelle technologie.

C'est une des premières fois en vingt années où je ne veux pas des nouveautés d'Apple. Parce que je n'en ai pas besoin. Je dois vieillir&#8230;
 
Pour iTunesMatch, le côté pratique est d'être "sûr" de ne pas perdre sa musique, ce qui est une de mes hantises.

Mais, pas de chance, c'est trop petit pour ma musicothèque donc ne présente aucun intérêt.