Pour une fois, je complète mon image par un texte. J'ai rarement ressenti quelque chose d'aussi fort et d'humain dans un bâtiment.
La tour de Jussieu m'impressionne de près ou de loin. Elle est surprenante autant de jour que de nuit, avec ce vide qui la dessine, particulièrement de loin, vue des quais, avec sa structure presque transparente. Elle est déconstruite, désagrégée, mise à nue, pour être remise aux normes, remise en vie.
Elle m'impressionne non pas par sa taille, mais par sa fragilité. Je la ressens vivante et et en salle de réanimation. A l'inverse de ces images de bâtiments toujours plus hauts et toujours plus incroyables, elle nous rappelle l'immensité de notre ignorance et de la fragilité de nos sociétés modernes face au progrès, face à nos certitudes actuelles et passées. Particulièrement frappant pour une université, siège du Savoir et lieu d'éducation.
Amiante, CFC, nucléaire, pétrole, génétique. Nous avançons à tâtons dans le noir avec les certitudes d'un TGV lancé pour battre le record de vitesse. Je ne suis pas passéiste. Je ne suis pas anti-progrès. Je ne demande qu'un peu d'humilité face à nos découvertes. Un peu moins d'arrogance.
La tour de Jussieu est fragile comme l'Humanité sur cette terre qui un jour devra défaire et réparer si elle ne veut pas disparaitre.