La bière belge s'adoucit, accusent les amateurs
BRUXELLES (AP) - Concurrencées par la kriek à la cerise et les autres bières douces, la gueuze et les traditionnelles blondes belges se font moins amères, accusent les amateurs de tradition, qui dénoncent une évolution censée répondre au goût d'une clientèle plus jeune et plus féminine.
»Les jeunes veulent de la douceur», constate Alexandre Herinckx, qui observe l'évolution de sa clientèle depuis sa brasserie «Le Roy d'Espagne», sur la Grand-Place de Bruxelles.
Pour les spécialistes, c'est le résultat de l'arrivée à l'âge adulte de jeunes habitués à boire des sodas et des boissons sucrées, et de l'influence croissante des femmes sur le marché. Pour les connaisseurs de bière, c'est un drame. Mais pour les producteurs, il s'agit avant tout d'un changement de la demande européenne auquel ils s'adaptent, en offrant de plus en plus de bières aromatisées.
»Vous pouvez brasser la meilleure bière du monde, vous devez être capable de la vendre», fait valoir Jan de Brabanter, de la Guilde belge des brasseurs. «En tant que brasseur, il faut s'adapter.»
Les bières les plus douces revendiquent déjà 10% du marché, et si les blondes, appelées «pils» en Belgique, sont toujours de loin les plus vendues dans le pays, certains accusent les brasseries de les adoucir ou de fabriquer des gueuzes (issues de mélanges) plus légères. «Le goût de la bière a connu une baisse de niveau», affirme Ian Loie, un expert britannique du syndicat européen des consommateurs de bière, présent dans plusieurs pays européens.
Jan Rumes, vice-président de l'association de consommateurs de bière Zythos (»bière» en grec), est catégorique: «Systématiquement, la blonde devient plus douce et moins amère. Le caractère fort d'hier a disparu», affirme-t-il. «Ces dix dernières années, nous l'avons vue devenir bien plus douce et légère», complète Alexandre Herinckx, qui a passé toute sa carrière dans la bière.
Le brasseur Inbev, plus grand producteur mondial en volume, assure pourtant qu'il ne s'agit que d'impressions non fondées, et que sa Stella Artois est restée quasiment la même depuis toujours. Dans le détail, le porte-parole de la brasserie Lian Verhoeven admet tout de même que la bière a perdu «un peu en amertume» en raison des progrès dans les techniques de fabrication et de refroidissement.
Les amateurs expliquent que l'amertume de la blonde belge est une de ses caractéristiques essentielles: elle contribue à son effet désaltérant et rend la blonde si appréciable en accompagnement d'un repas. Ils restent également fidèles aux autres spécialités traditionnelles belges, les gueuzes ou les lambics à fermentation spontanée, les trappistes ou les bières d'abbayes. Mais celles-ci, de moins en moins vendues, deviennent chères. Elles se transforment doucement en un produit de luxe qui n'est plus apprécié par les habitués des cafés de quartier mais plutôt par une clientèle plus fortunée venue la boire dans des bars branchés. AP
:hein: Paul... t'en penses quoi?
BRUXELLES (AP) - Concurrencées par la kriek à la cerise et les autres bières douces, la gueuze et les traditionnelles blondes belges se font moins amères, accusent les amateurs de tradition, qui dénoncent une évolution censée répondre au goût d'une clientèle plus jeune et plus féminine.
»Les jeunes veulent de la douceur», constate Alexandre Herinckx, qui observe l'évolution de sa clientèle depuis sa brasserie «Le Roy d'Espagne», sur la Grand-Place de Bruxelles.
Pour les spécialistes, c'est le résultat de l'arrivée à l'âge adulte de jeunes habitués à boire des sodas et des boissons sucrées, et de l'influence croissante des femmes sur le marché. Pour les connaisseurs de bière, c'est un drame. Mais pour les producteurs, il s'agit avant tout d'un changement de la demande européenne auquel ils s'adaptent, en offrant de plus en plus de bières aromatisées.
»Vous pouvez brasser la meilleure bière du monde, vous devez être capable de la vendre», fait valoir Jan de Brabanter, de la Guilde belge des brasseurs. «En tant que brasseur, il faut s'adapter.»
Les bières les plus douces revendiquent déjà 10% du marché, et si les blondes, appelées «pils» en Belgique, sont toujours de loin les plus vendues dans le pays, certains accusent les brasseries de les adoucir ou de fabriquer des gueuzes (issues de mélanges) plus légères. «Le goût de la bière a connu une baisse de niveau», affirme Ian Loie, un expert britannique du syndicat européen des consommateurs de bière, présent dans plusieurs pays européens.
Jan Rumes, vice-président de l'association de consommateurs de bière Zythos (»bière» en grec), est catégorique: «Systématiquement, la blonde devient plus douce et moins amère. Le caractère fort d'hier a disparu», affirme-t-il. «Ces dix dernières années, nous l'avons vue devenir bien plus douce et légère», complète Alexandre Herinckx, qui a passé toute sa carrière dans la bière.
Le brasseur Inbev, plus grand producteur mondial en volume, assure pourtant qu'il ne s'agit que d'impressions non fondées, et que sa Stella Artois est restée quasiment la même depuis toujours. Dans le détail, le porte-parole de la brasserie Lian Verhoeven admet tout de même que la bière a perdu «un peu en amertume» en raison des progrès dans les techniques de fabrication et de refroidissement.
Les amateurs expliquent que l'amertume de la blonde belge est une de ses caractéristiques essentielles: elle contribue à son effet désaltérant et rend la blonde si appréciable en accompagnement d'un repas. Ils restent également fidèles aux autres spécialités traditionnelles belges, les gueuzes ou les lambics à fermentation spontanée, les trappistes ou les bières d'abbayes. Mais celles-ci, de moins en moins vendues, deviennent chères. Elles se transforment doucement en un produit de luxe qui n'est plus apprécié par les habitués des cafés de quartier mais plutôt par une clientèle plus fortunée venue la boire dans des bars branchés. AP
:hein: Paul... t'en penses quoi?