Peut on faire voler une autruche ?
"Voilà une intéressante question à laquelle, nombre de struthiologues se sont usé les neurones en vain, passant des conjectures les plus folles, aux applications les plus aléatoires et dangereuses pour les oiseaux sus nommés (remarquons ici que je ne parle pas de volatile).
L'autruche ne vole pas, ceci est un fait, bien que cette dernière appartienne au groupe zoologique des oiseaux. Nombre d'africains vous le diront, l'autruche, même dans son milieu naturel, ne vole pas.
A cela plusieurs raisons dont une principale et quelques unes annexes que nous n'évoquerons que très vite vu leur peu d'intérêt scientique. La principale raison est celle du poids. En effet il n'est pas possible aux autruches de voler, car elles ne pourraient pas se poser sur les câbles électriques aux côtés des hirondelles, pinsons, mésanges et autres piafs. Il en est de même pour les antennes télé et les frêles brindilles des bordures de feuillage. Si certaines autruches s'y sont essayé, elles l'ont toutes regretté et l'autruche étant un animal intelligent, l'expérience des unes profite aux autres. Les autres raisons seraient le grand souci de son image et la petitesse de ses ailes. Au niveau de son image, il est vrai qu'un vol d'autruche déversant ses fientes aurait, du point de vue de la notoriété, un impact désastreux. On tempête suffisamment contre les pigeons. C'est également une des raisons pour laquelle les vaches ne volent pas (outre le fait qu'elles n'ont pas d'ailes). L'autruche, animal hautement sociable, a préféré sacrifier les plaisirs aéronautiques à l'autel de son image. Et comme en plus elle ne pouvait pas se poser sur les antennes, on comprend aisément son choix.
Toutes ces raisons, ainsi que l'évolution des espèces, font qu'à présent, le vol est pour l'autruche une impossibilité. Avec le temps et l'hérédité, l'autruche ne peut plus penser "vol". La nature étant bien faite, ne pouvant voler, l'idée leur en a été retirée. Il n'y a donc aucune frustration.
Néanmoins, nous pouvons penser qu'il serait charitable de permettre à cet oiseau de connaître les joies du looping, de la boucle piquée et pourquoi pas de la vrille à plat sur le dos. Pourquoi pas, mais comment ?... Et c'est là que la science peut nous venir en aide. En effet, les récents développements de la physique félino-beurrique ont permis des avancées significatives en matière d'antigravitation seule partie de la science avec l'art de la poudre à canon et de ses dérivés aptes à nous aider à faire voler une autruche. Mais avant l'application, il nous faut revenir sur la physique félino-beurrique.
Cette science repose sur deux postulats de bases démontrés par l'expérience. Le premier de ces postulats est le principe de la tartine beurrée :
" Toute tartine préalablement beurrée doit tomber sur la face beurrée"
Cet état de fait est facilement démontré par l'expérience. La démonstration peut s'effectuer de plusieurs manières. Une très simple impliquant le principe de Murphy ("Si quelque chose peu se passer mal, alors ça se passera mal") et une seconde plus théorique. Ne tombons pas dans la facilite et attaquons-nous à l'aspect théorique de la démonstration. Une tartine beurrée ne peut que tomber sur sa face beurrée. On constate que du point de vue énergétique, la variation d'énergie totale d'une tartine beurrée chutant est nulle ce qui est en tout point conforme au principe de conservation de l'énergie. De plus si la tartine tombe du côté beurré, une certaine quantité de beurre est perdue par la tartine et se répand sur le sol. Il y a incontestablement augmentation de l'entropie du système. Pour respecter le troisième principe de la thermodynamique une tartine doit donc nécessairement tomber sur la face beurrée.
Le second postulat tenant de l'aérodynamique féline dit : "tout chat lancé d'une certaine hauteur tombe invariablement sur ses pattes". Postulat très aisément vérifiable en lançant un quelconque chat de n'importe quel étage. (Etage supérieur au rez-de-chaussée).
La question était donc : " que se passerait-il si on attachait une tartine beurrée sur le dos d'un chat (côté beurre apparent) avant de le lancer par une fenêtre ?"
Les lois de la tartine beurrée stipulent de manière définitive que le beurre doit toucher le sol alors que les principes de l'aérodynamique féline réfutent strictement la possibilité pour le chat d'atterrir sur le dos. Si l'assemblage du chat et de la tartine devait atterrir, la nature n'aurait aucun moyen de résoudre ce paradoxe. C'est pour cela qu'il ne tombe pas. C'est de cette manière que le secret de l'antigravité a été découvert. Un Chat Tartine, s'il est lancé d'une fenêtre, s'élèvera à une hauteur appropriée qui sera le point d'équilibre des forces de retournement féline et d'attraction beurrière. Ce point d'équilibre peut être soigneusement modulé en enlevant un peu de beurre pour le faire monter ou en enlevant quelques-unes des pattes du chat pour le faire descendre.
En attachant quelques Chats Tartines sur une autruche et en la lançant d'une hauteur idoine, nous obtiendrons une autruche volante. Élémentaire non.
Mais attention, ce système présente néanmoins des dangers. En effet si le chat arrive à manger la tartine, la catastrophe est inévitable. Des recherches sont donc en cours pour trouver un beurre qui ne plaise pas aux chats. Le beurre de cacahuètes semble très prometteur et les expérimentations sont en cours.
Ceci permettra aux autruches de satisfaire leur rêve secret (et inconscient) : S'envoler telle Remedios* la belle. Mais ceci est une toute autre histoire."
Philippe Allemand, Ostricher (à prononcer
Oh ce tricheur !)
*Personnage de
Cent ans de solitude : Gabriel Garcia Marquez