WebOliver a dit:
Un politologue a qui on avait posé la question: «On parle de la Turquie, mais le Maghreb, plus «proche» de l'Europe ne devrait-il pas aussi y entrer?»... Sa réponse fut: «Oui, mais avec la Turquie on a pris des engagements, on ne peut revenir en arrière...»
C'est bien là le problème avec la Turquie, une grande majorité d'Européens et de politiques sont opposés à son entrée... mais on a été trop loin avec les pourparlers, les discussions... Reste plus qu'à faire traîner.
C'était un politologue suisse ???
La question de la Turquie est différente de celle du Maghreb. L'Europe revêt de nombreuses réalités, ou, plutôt, est sous-tendue par des confrontations concurrentes ou complémentaires.
Est-ce que c'est une réalité
historique ? Oui, mais on a fait le ménage dans cette histoire. Où s'arrêtent nos frontières coloniales ? La Turquie fut un empire colonial "européen"... L'impact de la civilisation turque est beaucoup moindre sur le moyen-orient que sur les balkans, par exemple.
Est-ce que c'est une réalité
culurelle ? Si l'on parle de l'aire culturelle européenne, alors une partie du maghreb est concernée, tout comme le Liban, ou Israel. Est-ce que cela veut dire que TOUTE la Méditerranée est européenne ? Belle OPA....
C'est une
fausse réalité géologique. Toutes les définitions continentales sont basées sur une réalité tectonique. En l'occurence, la plaque européenne ne sert qu'à marquer une coupure avec l'Afrique et.... la péninsule arabique.
La frontière tectonique entre l'Europe et l'Asie n'a pas cette matérialité. L'Europe de l'Atlantique à l'Oural n'est qu'une définition diplomatique, une réification des frontières naturelles, qui permet de dire au monde où commence l'Asie et où finit l'Europe. Mais c'est la même plaque, le même continent, au sens premier du mot.
La frontière entre l'Asie et l'Europe est d'abord une frontière diplomatique, géostratégique. Et ça tombe bien, puisque la seule réalité qui vaille pour parler vraiment de l'Europe, c'est sa réalité
politique.
Inclure la Turquie dans l'Europe, même en reconnaissant une turquie européenne et une turquie asiatique, de chaque côté du Bosphore, c'est donner aux frontières politiques de l'Europe une force potentielle énorme. C'est stratégiquement plus important que d'inclure institutionnellement les neutres gâtés que sont les helvètes, les islandais et les norvégiens...