J'étais là, peinard, regardant "les feux de l'amour" jusqu'à ce que vos beuglements couvrent les dialogues au moment précis où la blonde Pamela avouait au chauve Igor un désir secret. Vous ne respectez donc rien ?!
J'ai donc posé sur la table basse le dernier morceau mou de pizza ainsi qu'un long soupir, remis mes chaussettes de fil d'écosse et ma veste d'intérieur en soie de chine avant de filer dans l'ancien bureau de modération (celui d'avant que MacG soit une multinationale et dont les plus de 10 000 messages se souviennent probablement : c'est en cet endroit de sinistre mémoire que le colonel Sonnyboy a tenté de buter avec un chandelier mam'zelle (hum) Mado qui se refusait à lui) pour retrouver les clés du cachot. Il a fallu pour ca que je déchire les scellés policiers, que je donne un grand coup d'épaule dans la porte et que je me mouche car depuis le drame personne n'a jamais remis les pieds en ce sinistre endroit qui, né de la poussière y est retourné.
Fouillant dans les tas de papiers de modération, les autoportraits de MacInside, quelques sous-vêtements féminins (ah, la grande époque de la modération, quand de jeunes et belles nioubes pas farouches passaient le soir...), les plannings des forums, poussant quelques Powermac cadencés à 150 Mhz, jetant un regard nostalgique sur les posters assurant l'absolue puissance de Photoshop 2 et de XPress j'ai enfin retrouvé la clé des cellules de ban. Toujours montée sur un anneau formé par la queue d'un marsupilami. Souvenirs...
Nanti des 12 kilogrammes du sésame, je suis descendu dans le noir, l'électricité ayant été coupée depuis belle lurette, afin de voir de qui -ou de quoi- vous parliez.
De l'obscurité, effectivement, suintaient des plaintes, faibles, des bruits abdominaux, plus perceptibles et de la musique étouffée. Craquant alors une allumette, j'aperçu dans la lumière mouvante un spectacle qui me fit revenir quelques années en arrière...
Des bleus, assis en tailleur, enchainés. Je ne vais pas, à nouveau, expliquer le supplice de l'iPod mais pour ceux qui ont encore en mémoire ce doux exercice, j'ajouterai qu'il avait ici une variante : les "écouteurs" (si je puis dire) étaient intervertis. Les des uns dans les oreilles des autres*, formant une chaine dont la blancheur se détachait sur les murs noircis du cachot. En fond sonore, "Pandi Panda" de Goya (pas le peintre, hein, qui n'a jamais composé quoi que ce soit en musique) ajoutait une touche joyeuse à ce spectacle déjà fort réjouissant.
Puis je suis remonté à pas d'Amok, rassuré sur le fait que les millions d'insectes multiformes et multipattes dont le lieu était le nid offriraient aux lascars repas pour l'éternité, avec changement de convives en cours de route.
Maintenant, ouvrez grands vos yeux globuleux de trop d'écran :
- Vous cessez de gueuler.
- Vous m'indiquez quel est le désir secret de Pam et la réponse d'Igor, puisque j'ai raté le passage.
Ensuite seulement nous pourrons discuter modalités de libération, avec rançon, cela va de soi.
Sur ce, je vais regarder 'question pour un champion'.
* "l'Amok est le quarantièmeetunenième de l'Académie comme d'Artagnan le quatrième des trois mousquetaires". Alain Decaux