Cette voiture je l'ai enfin vue dans le faisceau des phares en arrivant à la cabane des avalanches jeudi matin à 2 heures. Ce cercueil à côté duquel on a dormi; tombeau solitaire, hors du temps depuis 5 jours, sans propriétaire. Tous les objets qui étaient à l'intérieur semblaient inertes, gris, dangereux. Cette plaque d'immatriculation, ces autocollants, c'est donc ça que nous cherchions ? La recherche de la voiture avait presque occulté la réalité : ce n'est pas sa voiture que nous cherchions, mais Fabrice, son corps.
Et devant cette voiture, la réalité nous sautait à la figure, à la lueur blafarde de la lune, sous les arbres et les bruits de la nuit, le froid. L'espoir disparaissait. Pendant les recherches, ses derniers mouvements ont tous été retracés pour trouver des indices, et cest comme si toutes ses actions avaient un seul but : la chute, le grand saut. Comme si en choisissant le Pic de Bure, il savait quil ne sortirait pas en haut, comme si en arrivant à la cabane des avalanches, en fermant sa voiture à clef, il savait quil ne reviendrait pas. Comme si en grimpant, il savait quil allait tomber.
Jeudi matin, 5h, le jour reprend le dessus, la vie aussi, l'espoir renaît, on se lève et on part, sans manger, à peine le temps de faire un sac de marche. En montant, on découvre la paroi, on lobserve attentivement en espérant voir un point noir vivant, coincé pour on ne sait quelle raison, qui nous attend, on appelle. Rien.
Au col, juste au-dessus de l'attaque, les gorges se serrent, c'est maintenant que notre imagination va être confrontée à la réalité. Le col marque une limite tellement nette entre la vie, les fleurs, l'herbe verte, la beauté accueillante du lieu, et la montagne, le pierrier acéré, la main courante qui descend dans le gouffre poussiéreux, glissant, sans chemin. Ici, la nature ne nous attend pas à bras ouverts, il ny a pas de sentier dans le pierrier, ça ne sert à rien dy aller, cest un cul de sac dangereux, exposé aux pierres qui dégringolent de la paroi qui domine, instable, lourd, gros.
Pourtant il faut bien y descendre, dailleurs, on aperçoit un objet noir là-bas. Cest quoi ? cest où ? cest un sac. Un sac, comment est-il, passe tes jumelles. Je ne le reconnais pas. Romain descend, puis Armelle. Il ne se dirige pas vers le sac, je descends. Jarrive, Romain pleure, il crie que cest fini, quil la trouvé. Alors on sarrête, et la montagne ne nous semble plus du tout un lieu où il fait bon mourir. Ce nest pas une mort enviable ce que nous voyons. Non. Cest dur de regarder, on ne sapproche pas à moins de 5 mètres. On ne se sent pas en sécurité, on est nerveux, on appelle le PGHM, on attend, on séloigne, on revient.
Et devant cette voiture, la réalité nous sautait à la figure, à la lueur blafarde de la lune, sous les arbres et les bruits de la nuit, le froid. L'espoir disparaissait. Pendant les recherches, ses derniers mouvements ont tous été retracés pour trouver des indices, et cest comme si toutes ses actions avaient un seul but : la chute, le grand saut. Comme si en choisissant le Pic de Bure, il savait quil ne sortirait pas en haut, comme si en arrivant à la cabane des avalanches, en fermant sa voiture à clef, il savait quil ne reviendrait pas. Comme si en grimpant, il savait quil allait tomber.
Jeudi matin, 5h, le jour reprend le dessus, la vie aussi, l'espoir renaît, on se lève et on part, sans manger, à peine le temps de faire un sac de marche. En montant, on découvre la paroi, on lobserve attentivement en espérant voir un point noir vivant, coincé pour on ne sait quelle raison, qui nous attend, on appelle. Rien.
Au col, juste au-dessus de l'attaque, les gorges se serrent, c'est maintenant que notre imagination va être confrontée à la réalité. Le col marque une limite tellement nette entre la vie, les fleurs, l'herbe verte, la beauté accueillante du lieu, et la montagne, le pierrier acéré, la main courante qui descend dans le gouffre poussiéreux, glissant, sans chemin. Ici, la nature ne nous attend pas à bras ouverts, il ny a pas de sentier dans le pierrier, ça ne sert à rien dy aller, cest un cul de sac dangereux, exposé aux pierres qui dégringolent de la paroi qui domine, instable, lourd, gros.
Pourtant il faut bien y descendre, dailleurs, on aperçoit un objet noir là-bas. Cest quoi ? cest où ? cest un sac. Un sac, comment est-il, passe tes jumelles. Je ne le reconnais pas. Romain descend, puis Armelle. Il ne se dirige pas vers le sac, je descends. Jarrive, Romain pleure, il crie que cest fini, quil la trouvé. Alors on sarrête, et la montagne ne nous semble plus du tout un lieu où il fait bon mourir. Ce nest pas une mort enviable ce que nous voyons. Non. Cest dur de regarder, on ne sapproche pas à moins de 5 mètres. On ne se sent pas en sécurité, on est nerveux, on appelle le PGHM, on attend, on séloigne, on revient.