Sagarmatha, mythe et poubelle

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krystof a dit:
Un des plus grand mystère de l'alpinisme également : le sommet a-t-il été atteint pour la première fois par Mallory et Irvine, en 1924, ou bien par Hillary et Tensing Norgay en 1953 ?
Un grand mystère, qui le restera sans doute bien que beaucoup s'accordent pour affirment que la première ascension complète eut lieu en 1953 par Hillary et Tensing. Juste après que les Suisses eurent échoué en 1952 à 400 mètres du sommet.

Le premier français fut Jean Afanassief en 1978. Quand à Reinhold Messner, premier homme à avoir gravi les 14 plus hauts sommets du monde, il reste un mythe, un dieu de l'alpinisme tel un lion sa crinière au vent. N'oublions pas non plus Bertrand Roche, alias Zébulon qui gravit le sommet l'année de ses 17 ans ce qui en fait le plus jeune alpiniste sur le toit du monde. Il avait fait le Mont-Blanc pour ses 14 ans...

Le troisième homme a avoir gravi tous les 14 sommets de plus de 8000 mètres fut un Suisse en la personne d'Erhard Lorétan. Avant lui, Jerzy Kukuczka réussit cet exploit. Il perdit la vie en 1989 en tentant la face sud du monstrueux Lhotse.

Mon cher rezba pourra continuer à se délecter à cette adresse, mais sans doute qu'il la connaît déjà... ;)
 
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Réactions: krystof
On peut aussi citer Herzog et Lachenal, les deux premiers à avoir vaincu un sommet de plus de 8000 mètres. L'Annapurna, en l'occurrence.
 
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Réactions: WebOliver
sonnyboy a dit:
C'est pas plutôt en Himalaya ?


Non, c'est bien l'Annapurna, du massif du même nom.

D'ailleurs, si tu t'y promènes le week-end prochain, tu devrais pouvoir y trouver, parsemées de ci de là, quelques phallanges d'Herzog :D
 
J'ai envie de revenir ici sur Zébulon (Bertrand Roche) dont j'ai parlé plus haut. J'ai fait pas mal de grimpe au début des années 90, on parlait alors beaucoup dans les magazines de ce petit gars, ce Zébulon qui gravissait les sommets du monde et allait d'exploits en exploits avec son papa Jean-Noël Roche. A 12 ans il gravissait le Nose dans le Yosemite, à 14 il était au sommet du Mont-Blanc et à 17 sur le toit du monde...

J'avais un peu oublié tout ça, et j'ai fait quelques recherches. Son papa a disparu en 2002 au Cervin (si quelqu'un a des infos là-dessus, je suis passé à côté de cette actu à l'époque). Zébulon c'est maintenant avec Claire qu'il parcourt les montagnes et vole de sommets en sommets avec leur équipe qui organise des expéditions: Antipodezeb. Leur dernier défi fut de décoller en parapente du plus haut sommet de chaque continent...

:)
 
sonnyboy a dit:
C'est pas plutôt en Himalaya ?

Le doute m'étreint d'un coup...(à défaut d'aut' chose...)

Zaviez compris la blague ?

C'est pas en l'occurence mais en himalaya ?

Si, si c'était une blague....
:rose: :rose: :rose: :rose::D
 
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Réactions: alèm
Si j'avais vu...:D Mais est il vraiment important d'insister encore sur le mot ZOB et ses dérivés ???

Z'aviez compris que j'aimais ça ?

Non ?
 
Depuis hier, je scrute les dépeches AFP et Reuters, méthodiquement. Régulièrement.
Je cherche l'ombre d'une nouvelle, d'un miracle.
Celui d'un homme porté disparu, au milieu des cîmes du Makalu. Un homme qui a donné pour la dernière fois de ses nouvelles vendredi matin, alors qu'il partait pour la dernière phase de son aventure, l'ascension du pilier final du cinquième sommet du monde.
Une hivernale en technique alpine, en solitaire, sans oxygène, sans assistance.
Cet homme s'appelle Jean-Christophe Lafaille. C'est un des meilleurs alpinistes de tous les temps.
C'est le premier à avoir défié un plus de 8000 selon ces modalités-là : hivernales, sans préparation de paroi (en "alpine"), seul et sans aide logisitique. C'était le Shisha Pangma. 8013 m. On lui a alors refusé le label "hivernal", au motif que son ascension n'avait eu lieu que le 21 décembre....
Lafaille n'est pas un casse-cou, ni un frimeur. Il sait ce qu'il fait. Il s'y prépare rigoureusement.
Et il a pour lui sa légende.
En 1992, il est dans l'Anapurna Sud avec Pierre Béghin. C'est sa première tentative de sommet hymalayen. Mais Béghin l'expérimenté décroche et se tue dans le pilier final. Seul, sans assistance, un bras cassé, Lafaille mettra cinq jours à redescendre au camp de base. Cinq jours où on l'a, déja, porté disparu.
Alors ses proches continuent d'y croire, se raccrochent à la légende, ce bout de fil doré si fin, si frèle.
Il est donc par là. Entre son point de départ de vendredi, 7600 m, et le sommet, 8463 m. Ou plus bas. Comment savoir?
Dimanche matin, le site de Jean-Christophe Lafaille ne contenait pas encore d'infos précises. Juste une planche de Tintin au Tibet. Une planche où Tintin cherche quelqu'un dans l'immensité blanche, et où il s'interroge : "Où chercher" ?
 
Je découvre cette info maintenant... Dire qu'on en parlait encore il y a quelques jours toi et moi...

C'est dur, à quel point c'est dur. Là-bas, là-haut.
 
Après Berhault, manquerait plus que Lafaille... M'a l'air mal barré tout de même... hélas...
 
La longue liste s'allonge...

En 1992, Pierre Béghin avait chuté sous ses yeux, à 7400 m d'altitude. A 26 ans, Lafaille avait démontré une extraordinaire aptitude à survivre en désescaladant seul et blessé, cinq jours durant, l'immense versant sud de l'Annapurna. En 1995, Benoît Chamoux avait cru toucher son quatorzième 8000, le Kangchenjunga. Il a cessé de répondre à la radio après un bivouac forcé, non loin du sommet. Son corps n'a jamais été retrouvé, pas plus que celui de Pierre Royer, qui l'accompagnait.

Eric Escoffier, handicapé après un accident de parapente, avait repris le chemin des 8000. Sa trace s'est perdue l'été 1998 près du sommet du Broad Peak. Son corps n'a jamais été retrouvé, pas plus que celui de Pascale Bussière qui l'accompagnait. Quelques mois auparavant, la lumineuse Chantal Mauduit avait été ensevelie par une avalanche sur les pentes de son sixième 8000, le Manaslu. Tous ces alpinistes étaient de grands pros: experts aguerris, conscients des risques, les réduisant par une préparation méticuleuse.

Tous, en disparaissant, envoient ce même message glaçant. Face aux pièges de la grande altitude, personne n'est à l'abri. Quels que soient l'expérience, le talent ou la chance.

...
 
L'Himalaya est un cimetière d'alpinistes.
Je comptais bien en parler, à un moment. Je n'avais pas imaginé que la disparition du dernier représentation de surdoués français de l'Himalayisme amène ça si tôt.
Si Lafaille a effectivement disparu, il ne reste plus de français en activité. Seul Christophe Profit est encore-là, mais l'Himalaya est loin, pour lui.
Toute une génération apparue après Demaison, menée par un autre disparu, Jean-Marc Boivin.
Ces gens m'ont fasciné, comme d'autres sont fasciné par les coureurs automobiles, les cosmonautes ou les soldats.
Je sais la précarité de leur existence, et pourtant, leur disparition est à chaque fois un nouveau choc. Parce qu'il est si tentant de croire qu'ils vont aller au-delà des risques, les combattre, les dominer.
L'extrême fascination himalayenne est en grande partie liée à cette confrontation au risque qu'elle représente. Qu'on l'affronte l'hiver ou l'été, seul ou à plusieurs, l'Himalaya n'est qu'un vaste piège, dans lequel la "norme" est de tomber. Ceux qui y survivent, tout en épuisant leurs rêves, restent des exceptions. Comme Messner.
Je sais tout ça.
Mais cela n'empêche ni d'être fasciné par ces montagnards qui affrontent leur propre mort, ni d'être secoué par la disparition de ceux dont je suis la carrière depuis longtemps.
Et lui, lui...
Lui c'est dur.
Comme pour Berhault. Comme pour Mauduit. Comme pour les autres.
Pas seulement parce qu'ils m'ont fait rêver. Pas seulement parce qu'ils m'ont fasciné.
Mais parce que je les comprends.
 
rezba a dit:
L'Himalaya est un cimetière d'alpinistes.
Je comptais bien en parler, à un moment. Je n'avais pas imaginé que la disparition du dernier représentation de surdoués français de l'Himalayisme amène ça si tôt.


Beaucoup de jeunes français (je pense, entres autres, à Yannick Graziani, Stéphane Benoist...), moins connus, n'ont pas à rougir de leurs listes de courses aujourd'hui. Je les comptes parmi les surdoués, au même titre que ceux disparus.
 
j'habite dans le massif central... bien loin des 4000 et des 8000... mais j'ai toujours était fasciné par l'alpinisme. Je n'ai jamais pratiqué parceque j'ai peur. Chaque voie porte son lot de disparus...

J'habite loin, mais chaque hiver je ressens comme une sorte d'appel. En moi sont gravées de images d'ascensions vues à la télé... je suis réellement fasciné par la montagne... et bien content de ne pas avoir le temps de m'y consacrer.

Chaque sport à ses risques et son lot d'accidents... mais de tous l'alpinisme représente pour moi l'aboutissement le plus accompli de ce qu'on peut faire. J'adore la randonée, la marche... je reve de trekkings au bout du monde... et comme tout un chacun le regard est attiré par les sommets avec l'envie de découvrir ce qu'il y a là-bas.

Cependant j'ai choisit une voie plus plate...

Il n'en reste pas moins une immense fascination et un grand respect pour tous ces alpinistes, guides de haute montagne et autres grimpeurs.

:zen::zen:
 
La voile et les longues traversées en solitaire, ça m'épate aussi...
 
krystof a dit:
Beaucoup de jeunes français (je pense, entres autres, à Yannick Graziani, Stéphane Benoist...), moins connus, n'ont pas à rougir de leurs listes de courses aujourd'hui. Je les comptes parmi les surdoués, au même titre que ceux disparus.
Oui, oui, bien sûr. Et Wagnon, et Trommsdorf. Je voulais parler de cette génération qui m'a fait rêver beaucoup et longtemps, de Boivin à Lafaille. Mais heureusement qu'il y en a d'autres à venir, prometteurs.


krystof a dit:
La voile et les longues traversées en solitaire, ça m'épate aussi...

Moi aussi. Ce n'est pas mon élément, je le "comprends" moins, techniquement. Mais ce sont aussi des "héros", pour moi. Même si l'affrontement avec la nature se fait par la médiation d'un vaisseau technologique. La "nudité" des alpinistes reste néanmoins fascinante.
 
Je suis grimpeur, pas alpiniste... On se fait un peu la guerre pour déconner, qui engage, qui engage pas :)

Mais p*tain, quelle sport magnifique... Je suis un peu morose.

libé
 
rezba a dit:
Moi aussi. Ce n'est pas mon élément, je le "comprends" moins, techniquement. Mais ce sont aussi des "héros", pour moi. Même si l'affrontement avec la nature se fait par la médiation d'un vaisseau technologique. La "nudité" des alpinistes reste néanmoins fascinante.

il ne faut pas considérer leur bateau comme un équipement en plus ... c'est les crampons de l'alpiniste voilà tout. Un bateau aussi bien conçu soit-il se fait bien tabasser quand il passe en dessous du Horn et si on pousse trop ... on va boire la tasse. Je ne voulais pas faire le raprochement au vu de l'actu, mais c'est vrai que la voile est un sport qui se rapproche beaucoup de l'alpinisme par bien des côtés...
 
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