A
Anonyme
Invité
Il y a quelques temps déjà, le portail d'Apple USA arborait une photographie de Jimmy Carter auquel le prix Nobel de la Paix venait d'être décerné deux ou trois jours auparavant. Le cliché montrait l'ancien président américain participant à la construction d'un bâtiment agricole et portait l'ancien slogan de la société californienne : "Think Different".
Il semble qu'au terme d'une période particulièrement difficile pour Apple, ce slogan a résonné pour beaucoup d'utilisateurs comme un véritable cri de guerre face à l'oppressante domination de Microsoft. Il faut dire que l'affrontement direct ou indirect avec l'éditeur de Redmond est, depuis longtemps, l'un des passe-temps favori de la communauté Mac. Les tenants de chacune des deux sociétés se dénigrent mutuellement et c'est de bonne guerre. Mais pouvait-on pour autant ne pas voir plus loin que le bout de sa souris ?
Réduire les campagnes "Think Different" et "Switch" à de simples contre-offensives face à l'hégémonie de Microsoft serait faire injure à Steve Jobs. Car l'alternative proposée par le gourou californien ne se résume pas à une simple invitation à changer d'ordinateur. Il ne s'agit ni plus ni moins que d'un changement de vie, basé sur une vision différente de la société et des individus.
Mais, las, bridons d'emblée l'enthousiasme des foules* : Apple est une société cotée en bourse dont le but est de faire de l'argent. Comme Microsoft. Il serait vain en revanche de poursuivre le parallèle, les deux entreprises n'ayant ni la même envergure, ni les mêmes activités. Certes, certains secteurs, non des moindres, sont en concurrence, mais au-delà de l'affrontement technologique, c'est davantage une "philosophie" d'entreprise qui oppose Redmond à Cupertino.
La pensée différente prônée par Apple s'exprime dans les différentes prises de position de Steve Jobs face au problème du piratage informatique. Quand Microsoft choisit de "fliquer" toujours plus les utilisateurs de Windows, Apple offre aux utilisateurs de Mac OS X 10.2 de pouvoir installer le système qu'ils ont acquis sur plusieurs postes. Quand l'industrie du disque s'affole du succès rencontré par le format mp3, Apple fait appel à la responsabilité des possesseurs d'iPod. Même temps, autres murs.
Il ne faut pas être dupe pour autant. Ces marques de mansuétude à l'égard des utilisateurs sont aussi là pour flatter le consommateur : "Venez chez nous, vous serez bien et on ne vous cherchera pas les poux sur le Mac." Il y a belle lurette qu'Apple a fait de sa "différence" un argument publicitaire. Qu'on se souvienne de "l'avis aux rebelles, aux anticonformistes" et même de la fameuse publicité "1984" annonçant la naissance du Macintosh... La bienveillance de Steve Jobs face au problème du piratage participe de la même logique d'opposition à la pensée dominante qui est le fond de commerce de la firme de Cupertino.
Il n'en demeure pas moins que la façon dont Apple appréhende la société s'apparente étrangement à celle du parti démocrate américain qui incarne, depuis, Franklin D. Roosevelt, le parti de la justice sociale et des réformes**. Le portrait de Carter, précipitamment retiré, n'était pas seulement un hommage au nouveau prix Nobel. C'était un étendard, affichant haut et clair une vision du monde qui ne sera jamais celle de Microsoft ou de l'administration fédérale en place. Comme le soleil et la mer, la politique et l'économie voyagent ensemble.
-----
* C'est un alexandrin.
** Merci à Amarok II (pas le bateau) pour son aide précieuse.
Il semble qu'au terme d'une période particulièrement difficile pour Apple, ce slogan a résonné pour beaucoup d'utilisateurs comme un véritable cri de guerre face à l'oppressante domination de Microsoft. Il faut dire que l'affrontement direct ou indirect avec l'éditeur de Redmond est, depuis longtemps, l'un des passe-temps favori de la communauté Mac. Les tenants de chacune des deux sociétés se dénigrent mutuellement et c'est de bonne guerre. Mais pouvait-on pour autant ne pas voir plus loin que le bout de sa souris ?
Réduire les campagnes "Think Different" et "Switch" à de simples contre-offensives face à l'hégémonie de Microsoft serait faire injure à Steve Jobs. Car l'alternative proposée par le gourou californien ne se résume pas à une simple invitation à changer d'ordinateur. Il ne s'agit ni plus ni moins que d'un changement de vie, basé sur une vision différente de la société et des individus.
Mais, las, bridons d'emblée l'enthousiasme des foules* : Apple est une société cotée en bourse dont le but est de faire de l'argent. Comme Microsoft. Il serait vain en revanche de poursuivre le parallèle, les deux entreprises n'ayant ni la même envergure, ni les mêmes activités. Certes, certains secteurs, non des moindres, sont en concurrence, mais au-delà de l'affrontement technologique, c'est davantage une "philosophie" d'entreprise qui oppose Redmond à Cupertino.
La pensée différente prônée par Apple s'exprime dans les différentes prises de position de Steve Jobs face au problème du piratage informatique. Quand Microsoft choisit de "fliquer" toujours plus les utilisateurs de Windows, Apple offre aux utilisateurs de Mac OS X 10.2 de pouvoir installer le système qu'ils ont acquis sur plusieurs postes. Quand l'industrie du disque s'affole du succès rencontré par le format mp3, Apple fait appel à la responsabilité des possesseurs d'iPod. Même temps, autres murs.
Il ne faut pas être dupe pour autant. Ces marques de mansuétude à l'égard des utilisateurs sont aussi là pour flatter le consommateur : "Venez chez nous, vous serez bien et on ne vous cherchera pas les poux sur le Mac." Il y a belle lurette qu'Apple a fait de sa "différence" un argument publicitaire. Qu'on se souvienne de "l'avis aux rebelles, aux anticonformistes" et même de la fameuse publicité "1984" annonçant la naissance du Macintosh... La bienveillance de Steve Jobs face au problème du piratage participe de la même logique d'opposition à la pensée dominante qui est le fond de commerce de la firme de Cupertino.
Il n'en demeure pas moins que la façon dont Apple appréhende la société s'apparente étrangement à celle du parti démocrate américain qui incarne, depuis, Franklin D. Roosevelt, le parti de la justice sociale et des réformes**. Le portrait de Carter, précipitamment retiré, n'était pas seulement un hommage au nouveau prix Nobel. C'était un étendard, affichant haut et clair une vision du monde qui ne sera jamais celle de Microsoft ou de l'administration fédérale en place. Comme le soleil et la mer, la politique et l'économie voyagent ensemble.
-----
* C'est un alexandrin.
** Merci à Amarok II (pas le bateau) pour son aide précieuse.