C'est donc, en quelque sorte un retour aux premiers iMacs plats et un peu ventrus que vous proposez. C'est à dire tourner le dos à ce qu'Apple nous propose aujourd'hui. Il me semble que vous n'avez pas encore bien assimilé comment Apple fonctionne.
Quelques idées directrices devraient pouvoir vous recarder dans une réalité moins orientée vers le rêve et davantage plongée dans les méandres de l'écosystème Apple.
L'écosystème Apple :
Environnement technico-commercial subtil où le principal but est de vendre des produits conçus sur des bases électroniques et informatiques extrêmement intégrées les unes aux autres, de plus en plus choisis à cause de leur "beauté", couvrant des besoins, sinon existants, du moins suscités, aussi variés que le baladeur musical (iPod), le téléphone intelligent (smartphone iPod), la tablette "pour les nuls" et les moins nuls (iPad), l'ordinateur portable pour satisfaire au besoin de mobilité (MBP) et détourné de sa fonction primaire, l'usage professionnel, par une fonction seconde, le divertissement, l'ordinateur ultra-portable, avatar léger et dépouillé du portable (MBA). Tout cela pèse bien plus lourd que les iMac ou autres Mac Pro, ordinateurs tout à fait classiques, sur le plan du chiffre d'affaires et des profits. Parce qu'ils sont la vitrine du savoir technologique d'Apple, les deux ordinateurs classiques sont à cheval sur la frontière entre le "grand public" et le "public professionnel". Et tant qu'il y aura un créneau "haut de gamme" pour ces deux publics, Apple répondra à leurs besoins, avec des solutions qui ne sortent pas de l'écosystème, qui, n'en doutons pas, permet à tout un chacun de s'y trouver "au chaud" en dépit de ses incessantes réclamations et imprécations de protestation. Demain, Apple mettra un nouveau produit sur le marché, quelque chose qu'on n'attend pas, ou, si on l'attend, il s'agira d'un produit existant complètement revisité. Et le "tout un chacun" qui achète, pas celui qui proteste, décidera s'il s'agit d'une nouveauté géniale ou intelligemment revue, ou bien s'il s'agit d'un flop qui sera copieusement médiatisé.
La cible d'Apple :
Faire des efforts pour concevoir et fabriquer des produits de qualité, y compris en grande quantité et en quantité de masse, tout en faisant des profits confortables implique de choisir les marchés avec discernement. Apple a toujours ciblé une clientèle qui peut "payer". Elle s'y est toujours retrouvée, jouant la qualité face à une certaine médiocrité en comparaison. Dans la qualité, il y a un élément important : le "design" ce qui ne veut rien dire, mais qui est utilisé pour "dessin". Les produits d'Apple sont beaux. Il n'y a pas d'exception. D'ailleurs, l'accession de Jonathan Ive dans les hauteurs de la direction d'Apple est un signe évident des préoccupations en la matière. Cette préoccupation constante, de plus en plus importante au fil du temps a conduit aux formes et à la finesse actuelle des toutes les gammes de produits de la firme. Jusqu'à aujourd'hui, aucun autre fabricant n'a atteint le niveau de "beauté" en elle-même. Dans "design", il y a l'ergonomie, c'est-à-dire tout ce qui fait qu'un appareil est facile à utiliser. Avez-vous penser à téléphoner avec les téléphones aux proportions de mini-tablettes de Samsung. Samsung qui, soit dit en passant, vend davantage de téléphone qu'Apple, fait davantage de chiffres d'affaires, mais moins de profits.
La technologie
Des produits d'Apple, le public ne retient que la forme, le dessin, la facilité d'usage. Cela n'est abouti que parce que Apple maîtrise ou contrôle toutes les technologies qu'elle utilise. En fonction de sa façon de "voir les choses", au fil du temps, elle a utilisé telle ou telle marque de processeur, puis a commencé de développer les siens. Elle a imposé telle ou telle connectique et s'en est séparé tout aussi facilement. Elle a "sauté" quelques solutions (Blu-Ray) pour imposer "sa solution" (téléchargement). Elle s'est engagée dans le "nuage", où elle propose "sa" solution, tout en pataugeant sans se noyer pour le moment. Elle impose aussi sa façon de ne plus proposer d'options qu'au moment de la commande. Il en est ainsi des MBA, des MBP Retina, des iMac de bas de gamme, comme il en était des baladeurs, des téléphones et des tablettes. Cela est plus ou moins justifié par des procédés de fabrication de plus en plus automatisés, et le sera sans doute de plus en plus dans l'avenir. Bien sûr, moi-même je râle de ne pas pouvoir ajuster la taille de la mémoire en fonction de mes besoins. Je n'en fais pas une question de principe. Par contre, je fais une question de principe d'être contraint de faire un choix superflu au lieu d'un choix raisonné, et en faisant un choix raisonné, je m'insurge contre la contrainte de ne pas pouvoir m'adapter à une nouvelle situation. Il ne faut jamais perdre de vue que l'un des credo de Steve Jobs était la production entièrement automatisée. Aujourd'hui on dit robotisé, même si ce terme ne s'applique pas vraiment au cas de figure.
En conclusion :
Avoir une vision de ce que seront les prochains iMac, qui fait tout à fait penser à ces des "tours" PC, où l'on peut tout faire soi-même, ne me semble pas une vision d'avenir. Je crois toujours au monobloc, car c'est ainsi que l'objet informatique est devenu un objet non plus de bureau, mais de salon. Compte tenu de son savoir faire et de son sens du marché, si Apple met un jour un grand pied dans la TV, je pense que cela se fera en partant d'un successeur de l'Mac. Hors, aujourd'hui, des statistiques récentes montrent que l'on regarde davantage l'écran de son ordinateur que celui de son téléviseur. Je pense qu'Apple médite sur ce fait récent qui semble s'amplifier : composer soi-même son programme, mais pas avec les limitations de la VOD, mais avec un choix de solutions compris entre la TV classique et les "YouTube and Co". Il ne faut pas perdre de vue qu'Apple vend déjà de la musique, des films de cinéma et de TV, des séries télévisions, et des livres qui lui causent des soucis. Tout cela peut sans doute être complété par d'autres produits de divertissement. Tous les appareils d'Apple (matériels et logiciels), vont dans le sens de la reproduction de produits culturels ( quels vilains mots, je sais) dématérialisés qu'elle accumule dans des data centers, ceux qu'elle loue, et ceux qu'elle construit. C'est cela l'écosystème d'Apple résumé en une seule phrase.