Côté cuisine…

On m'a demandé de faire un petit topo sur la réalisation de mes 2 dernières photos de nuit. Alors hop, c'est partit!
Le problème: pour avoir des étoiles bien punctiformes il faut un temps de pose très court (de l'ordre de 30") si non les étoiles commencent à laisser un filé apparaitre à cause de la rotation de la terre. Qui dit temps de pose très court de nuit dit ISO élevé et donc dégradation rapide de la qualité de l'image à cause du bruit.
L'autre solution est de suivre le mouvement de la terre en faisant tourner l'appareil photo sur un axe parallèle à l'axe de rotation de la terre grâce à une monture astronomique équatoriale motorisée ou grâce à un dispositif plus simple à transporter (Vixen Polarie) et dont la précision bien que moyenne est suffisante pour des poses de quelques minutes au grand angle. De cette façon on peut faire des photos à ISO plus bas pendant plus longtemps.
Le problème c'est que dans ce cas c'est bien sûr le paysage qui devient flou. L'astuce consiste a faire une image pour le paysage et une pour le ciel et ensuite de fusionner les 2 dans Photoshop très simplement grâce à un masque de fusion.
Dans mon cas j'ai compliqué un peu la technique car les capteurs Olympus ne sont pas réputés pour leur qualité en matière de bruit.
J'ai pris 10 images sans suivi pour le paysage de 60" à 400 ISO plus 2 Darks que j'ai fusionné en mode Average dans StarStaX et 5 images avec suivi de 4 minutes à 100 ISO plus 2 Darks également fusionné en mode Average dans StarStaX pour les étoiles.
Le mode Average a pour effet de moyenner les différentes images et donc de lisser le bruit.
Pour avoir une idée voilà une des images du paysage et une du ciel.
Et voilà le résultat de la fusion pour le paysage:
paysagestack2.jpg


et pour le ciel:
cielstack2.jpg



Il ne reste plus qu'a assembler les 2 grâce à un masque de fusion puis quelques réglages de courbes et de niveaux, le nettoyage du flare et une petite astuce pour accroitre la luminosité des étoiles et voilà!

Bonne Année a tous! :zen:
 
Bon j'ai pas compris grand chose, mais comme ça vient de jp, ça doit être intéressant !:rateau:

ps : petit conseil ménager : qu'est-ce tu emploies comme produit pour nettoyer ton flare ??? En fait j'en ai rinafoutt mais on ne sait jamais si je tombais un jour sur un flare dégueulasse !:love:

Bonne année à tous les "cuisineux" et continuez à nous rendre plus intelligents ! :up:
 
SN1_1.jpg


Le "débat" autour de cette image montre surtout une chose : le manque de culture photographique. Prenons quelques exemples.

Photo-Secession contre Pictorialisme. À sa naissance, la photographie est une technique scientifique de reproduction du réel. Mais des artistes, des peintres cherchent presque immédiatement à la faire sortir du champ scientifique. Le Pictorialisme simule la peinture et l'eau-forte, technique avec laquelle il partage l'absence de couleur et la reproductibilité. Rapidement, un nouveau courant s'oppose à cette approche pour revenir à la photographie originelle, sans altérations optiques. C'est la Photo-Secession, courant qui se renouvellera souvent avec entre autres la Nouvelle Vision ou encore le groupe f/64. Ces deux approches ont toujours cohabité. Elles ont toujours été sources de disputes intellectuelles souvent vaines. L'approche "Pictorialiste" est généralement considérée comme tournée vers le passé alors que l'approche réaliste est jugée comme moderne.

Le photojournaliste est né avec le noir et blanc comme seule "couleur". Il n'aura échappé à personne que l'humain voit en couleur. En y réfléchissant un peu, tout le monde peut imaginer qu'en plus d'être en niveaux de gris, la photographie noir et blanc est très fortement "manipulée" au niveau des contrastes, justement pour s'éloigner d'une photo "grise" et obtenir de beau Noirs et Blancs. Les visages sont "débouchés". L'image est "fermée" en fonçant les coins voir les bords… Bref, l'image est tirée et le tirage est à la photographie ce que l'interprétation est à la musique (comme le disait en d'autres termes Adams). Où est la réalité du photojournalisme de sa naissance à aujourd'hui ? Plus on cache au lecteur que la photographie est un point de vue, une manipulation et plus on le trompe non ?

Photoshop a permis une chose formidable. Tout le monde trouve aujourd'hui les images suspectes. Or l'image photographique implique un point de vue particulier. Photoshop permet de faire plus vite et plus facilement ce que l'on a toujours pu faire et que l'on devait faire de manière obligatoire au tout début de la photographie. La technique ne permettait l'enregistrement que d'une toute petite partie de gamme lumineuse sur un même cliché. Il fallait "maquiller" ce défaut. Par exemple, les ciels étaient peints sur les photographies. Si on prend la photographie du WorldPress de cette année, il suffit de la basculer en niveau de gris pour voir que les techniques utilisées sont extrêmement classiques en Noir et Blanc. Photoshop permet de faire avec la couleur ce qu'il était aussi facile de faire avec le Noir et Blanc argentique. Cette photo s'inscrit naturellement dans un courant du photojournaliste qui remonte à Cartier-Bresson, Brassaï, Kertész et plus récemment, Nachtwey.

L'émotion. N'est ce pas quelque chose qui met en mouvement ? Lordon expliquait dans la postface de sa pièce en alexandrin que (de mémoire, je le trahis forcément) la connaissance scientifique, la raison n'a jamais rien fait bouger. Il faut une mise en mouvement, mouvoir, il faut émouvoir. Cette photo me fait penser à cette petite vietnamienne qui coure, nue, hurlant de douleur…

trodd-nick-ut-01.jpg

Cette photographie de Nick Ut n'a-t-elle pas participé à la mise en mouvement de l'Amérique pour la sortie de la guerre du Vietnam ?
 

Le "débat" autour de cette image montre surtout une chose : le manque de culture photographique. Prenons quelques exemples.


Je suis globalement d'accord avec ce que l'ensemble de ton propos.

J'ajouterais cependant : le manque de culture en retouche numérique.

A mon humble avis, certains ont poussés les curseurs de photoshop un peu trop loin sur cette photo ; ce fut ma première impression lorsque j'ai découvert cette photographie. Ca produit un effet HDR tout pourri...Ca ne va pas plus loin pour moi.

Et puis les supports de publication aussi....

8488976542_1807a622d0_c.jpg


wp_versionscompbd2.jpg
 
Dernière édition:
J'ajouterais cependant : le manque de culture en retouche numérique.

Qu'entends-tu par "retouche numérique" ?
Photoshop reprend toutes les opérations que l'on réalisait en argentique après développement en partant du film scanné. Avec le numérique, il a également pris en charge la phase de développement.
Peut-être que ce qui semble étrange dans cette image, ce sont les corrections sélectives qui sont traitées comme en noir et blanc. Le traitement de la couleur est peut-être global. Il semble tout à fait classique : désaturation générale et en particulier désaturation du orange de la peau et des teintes qui ne s'accordent pas avec la monochromie marron-gris globale.
Le traitement sélectif est très classique pour du noir et blanc : visages et mains débouchés systématiquement et fermeture de l'image en vignettant franchement, en particulier le haut de l'image. La photo est donc "tirée" comme sous un agrandisseur Noir et Blanc.

JN0024CHIN_GA.jpg

James Nachtwey ; somptueusement tirée… à l'ancienne


Sauf qu'elle est en couleur cette photo (bien que très décolorisée). Je trouve intéressant le fait que ce qui me gène le plus, c'est le masquage vraisemblablement réalisé avec du détourage et non au pinceau. Cela donne l'impression d'un montage maladroit des différents plans de personnages sur le décor. Pourtant c'est sans doute plus réaliste que les halos inhérents au masquage rapide au pinceau. Mais les halos sont très présents sur les tirages argentiques et donc l'œil y est habitué. Je me demande donc si ce qui me gêne le plus n'est pas tout simplement la correction d'une limite technique.

en basculant en noir et blanc avec les curseurs à 0.
WorldPress2013_GreyLevel.jpg

en appliquant un traitement cherchant à mimer de l'argentique avec un ajout de sépia.
WorldPress2013_Acro100_sepia.jpg

Il me semble que l'œil est plus chez lui.
D'où la question : Pourquoi les techniques utilisées pour le Noir et Blanc devraient être bannies de la couleur ? Après le fait de vouloir inscrire le photojournalisme plutôt du côté du Groupe f/64 que des Pictorialistes, c'est un autre débat. Un débat qui date du début du photojournalisme ;)
 
Je suis absolument Ok avec ce que tu dis. Je ne remets pas en cause la post-prod retouche.
Mais tout comme il y a de très bons tireurs NB, il y a aussi de très bons "retoucheurs photoshop".
Et l'inverse (ou l'opposé...) est malheureusement vrai aussi...Il y a des mauvais.
Et donc je pense que certains ont trop joué avec les curseurs et autres sélections avec cette photo ! C'est comme sur le post vos plus belles photos, certains vont trop loin avec les curseurs.
 
Y a pas grand chose à dire sur cette photo, très bon traitement, ça penche à droite, ça je l'aurais redressé, la mise en lumière est excellente, on peut "taper" dedans encore sans la dénaturer, c'est une affaire de goût et d'expressivité. C'est une "peinture" photographique contemporaine, elle "sert" son sujet.

Mais tout le monde ne peux pas saisir les nuances d'une création, certains sont bloqués sur des principes qui leur empêchent de "voir", il y a les "bons" et les "mauvais" comme chez les ricains… :p :rateau: :p :rateau: :p :D :siffle: :rolleyes:
 
Je suis absolument Ok avec ce que tu dis. Je ne remets pas en cause la post-prod retouche.
Mais tout comme il y a de très bons tireurs NB, il y a aussi de très bons "retoucheurs photoshop".
Et l'inverse (ou l'opposé...) est malheureusement vrai aussi...Il y a des mauvais.
Et donc je pense que certains ont trop joué avec les curseurs et autres sélections avec cette photo ! C'est comme sur le post vos plus belles photos, certains vont trop loin avec les curseurs.

Certes, mais il me semble que pour une photo de contour, le photographe devrait travailler de manière étroite avec le "tireur" et le diriger (et donc savoir l'écouter). Il est normal qu'il ne puisse pas le faire lorsqu'il est encore sur le terrain et que la photo est publiée quelques heures après avoir été prise. Mais ensuite…
Surtout lorsque l'on se situe du côté artistique plutôt que réaliste.

Un très bel extrait de travail entre le photographe et le tireur.
[YOUTUBE]EvnaPZWrt9E[/YOUTUBE]

---------- Nouveau message ajouté à 08h14 ---------- Le message précédent a été envoyé à 08h04 ----------

Ben moi je n'avais rien vu de tout ça dans cette photo. Je n'y avais vu que souffrance.

Donc tu as vu ce pour quoi elle était faite. Et c'est aussi ce que j'ai d'abord vu. Mais ensuite je ne peux m'empêcher de regarder les "ficelles". Y compris l'objet de l'image qui est évoqué dans mon premier post :

L'émotion. N'est ce pas quelque chose qui met en mouvement ? Lordon expliquait dans la postface de sa pièce en alexandrin que (de mémoire, je le trahis forcément) la connaissance scientifique, la raison n'a jamais rien fait bouger. Il faut une mise en mouvement, mouvoir, il faut émouvoir. Cette photo me fait penser à cette petite vietnamienne qui coure, nue, hurlant de douleur…

trodd-nick-ut-01.jpg

Cette photographie de Nick Ut n'a-t-elle pas participé à la mise en mouvement de l'Amérique pour la sortie de la guerre du Vietnam ?
[/QUOTE]

L'objet de mon message n'était pas de critiquer cette image, mais de critiquer la majorité des critiques qui me semble révéler une incompétence et un manque de culture affligeant. C'est d'autant plus décevant de la part de magazines qui emploient des photographes intéressants (je pense à Télérama). Aucune mise en perspective historique, de rappel sur le fait qu'il s'agit d'un vieux débat remontant aux origines !
Mais ici, nous sommes entre gens de bonne compagnie ;) On peut être du côté Pictorialiste ou du côté Photo-Secession, on est globalement d'accord sur l'analyse technique ;)
 
Le parallèle entre cette photo et celle du gamin de Grozny de Nachtwey me paraît en fait clairement illustrer que si des pratiques analogues à travers des techniques différentes existent, il reste qu'un moment donné il faut bien trouver un point d'équilibre. Nachtwey et son tireur l'ont trouvé, pas l'autre. C'est pourtant fort dommage tant le cliché lui-même est déjà terrible. Je serais le photographe (il n'y a pas de risque :D), j'assassinerais le "tireur" derrière parce que put*n, fallait quand même avoir les bollocks de faire cette photo alors la triturer peinard dans le canap' en sirotant un petit chardonney et en poussant par erreur les potards, faut pas déconner :eek: Il a du se dire qu'il avait une commande pour une jaquette de dvd. :D

C'est pas parce que le travail de tirage a toujours existé que cela peut tout excuser quand on l'applique n'importe comment avec des outils modernes :p
 
Et si le coeur de la polémique ce n'était ni le tireur ni le photographe, mais le sujet de la photographie : la mort ? Autrement dit les limites de la décence ? (Parce que une image de la dernière TOP model traitée de la même manière, tout le monde s'en pète un rein).
 
Dernière édition:
Je crois qu'il y a erreur d'interprétation.
Le "tireur" est probablement très bon. Il a suivi les directives du photographe en le conseillant adroitement (à moins que ce soit le Directeur Artistique ;)) pour gagner le WorldPress. C'est indéniablement un succès :D:D:D:D

Le problème n'a rien de technique ! Ces pros là savent très bien ce qu'ils font. C'est un choix assumé, j'en suis convaincu. Le débat est ailleurs, là où il a toujours été : Pictorialisme ou Photo-Secession ? Eux sont allés vers l'art et l'art biblique en particulier (l'art classique occidental en somme). Les héritiers de la Photo-Secession crient au passéisme, à la manipulation, au tire larme, à l'art Pompier :p

Ce qui est marrant, c'est que le contraire fait autant de polémiques. Genre, faire le portrait du président de la république en utilisant les codes du photojournalisme "réaliste" avec une pincée de photo contemporaine de type Wall (pour ne pas quitter les James) :D:D:D:D
 
En fait, ce que tu voulais montrer, c'est ta propre culture photographique ? Là, j'ai bon ? :D

Tu serais capable de me dire que non :p

Surtout quand on confond James et Jeff ;) :D

Dendrimere répond parfaitement à la question ! Ma culture est très approximative. Je le sais d'autant plus que j'en ai un peu ;) Il me semble que ce que je rapporte là relève de la tarte à la crème. C'est basique. Je suis assez désolé de voir des écrits dits "journalistiques" (on parle ici de photojournalisme) semble totalement l'ignorer.
 
Le hasard est étrange…

Ma compagne aime les coquelicots. Il ne supportent pas d'être mis en vase. Alors une photo peut-être ?
Mais les coquelicots sont très difficiles à photographier. Ils présentent une gamme dans les rouges qui débordent généralement les capacités des systèmes techniques disponibles. En fait, cette limite concerne surtout les systèmes de rendus comme les imprimantes et, bien pires, les écrans. Les boîtiers numériques sont capables d'enregistrer des informations bien au-delà du profil AdobeRVB98.
Pour le coquelicot, cela tombe bien car mon moniteur est supérieur à l'AdobeRVB98 dans les teintes rouges. J'ai pu donc me "battre" dans lightroom pour essayer de développer l'image sans qu'il y ait d'aplats (écrêtage de la couche rouge). Mais il en restait un peu à l'écran. Le passage en SRVB fut épique pour pouvoir la poster ici. Mais en réduisant la taille, ça passe.



Je savais que mon écran ne pouvait pas afficher correctement ce que je développais. En effet, il y avait des aplats, de l'écrêtage à l'écran, mais l'histogramme me disait que non et les chiffres au survol des zones également. Je faisais donc confiance à mon maître de papier Bruce Fraser et je croisais les doigts pour que cela passe à l'impression. J’ai choisi le papier que je préfère, qui, cela tombe bien, présente l'un des profils colorimétriques les plus larges.
Je suis allé chercher le tirage chez Picto. Pas d'aplats apparents, pas d'écrêtage ! J'ai obtenu la douceur du coquelicot… En comparaison, l'image ci-dessus est décevante.

À mon retour, je vois un message de Christophe Métairie qui justement parle de l'importance de développer dans l'espace colorimétrique le plus grand. Il prend comme exemple… un coquelicot ;)

C'est très didactique et cela peut vous intéresser si vous souhaitez faire naître vos images dans le monde réel en profitant des formidables capacités des encres pigmentaires actuelles :
Choix d'un espace couleur pour le traitement de vos fichiers RAW
 
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Réactions: bcommeberenice
On m'a demandé d'expliquer comment j'ai fait cette photo.

La situation : il est minuit, l'orage commence à poindre le bout de son nez. Plutôt un orage sec. Donc plus de chance que les éclairs soient bien visibles. Et petit à petit cela se met à péter de partout! Voilà j'ai planté le décor ( ça sent la peur ça pue la mort... Oups, désolé :rose: ... )

Pour réaliser les photos d'orages j'ai appliqué cette technique :
- focale 18 (conversion 25mm) pour avoir la plus grande plage possible.
- ISO 400 ouverture f4 (j'ai essayé de diaphragmer à f8 mais là il eu fallu que je monte dans les zizos et mon appareil commence à bruiter sévère dès 800 ISO alors en pose longue)...
- Mise au point sur l'infini.
- L'appareil est posé sur un pied (heureusement il n'y a pas trop de vent et mon mauvais pied convient -sinon je pense qu'il eût fallu un pied bien stable) en mode Bulb.
- Déclencheur filaire.
Ensuite je déclenche et maintien déclenché tant qu'il n'y a pas d'éclair dans la zone correspondant au champ de la prise de vue. Dès qu'un éclair passe, c'est dans la boite. Beaucoup d'essais pour 5-6 photos exploitables.

Finalement il s'est mis à pleuvoir et l'orage c'est éloigné donc fin de scéance.
En post-traitement , réglage de l'exposition (ici surex) et de la balance des blancs (plus un peu de jeu sur la clarté et la netteté)