@LucG : Le problème n'est pas de parler de sa petite personne, mais encore faut-il être capable de le faire avec style, et aussi de toucher les autres à travers soi.
Absolument, mais je te dirai que, même si je ne déteste pas par exemple Dan Simmons, c'est clair pour moi que comme style, à côté de Michon, Cholodenko ou bien d'autres, c'est un peu léger
Pour le deuxième point, tout aussi d'accord sauf qu'on n'est pas forcément tous touchés par la même chose.
L'altérité (on ne va pas aller jusqu'à conseiller à certains de nos écrivaillons contemporains de se plonger dans la lecture de Lévinas
) ne semble pas vraiment être en vogue en France.
Là, par contre, pas d'accord du tout
Un écrivain, c'est quelqu'un qui a quelque chose à dire (en tous cas qu'il estime avoir quelque chose à dire
). Ce n'est pas en prenant les idées de Lévinas qu'il y parviendra, c'est en écrivant ce qui lui tient à coeur. On peut peut-être apprendre dans les livres ou dans un cours à écrire un bouquin bien construit, etc. etc. à être un bon écriveur (et c'est déjà beaucoup) mais je doute qu'on y apprenne à devenir un écrivain.
À la limite, je me moque un peu du sujet que choisit un écrivain, c'est ce qu'il en fait qui m'intéresse. Il peut tout aussi bien parler d'un copiste qui ne fait rien (Melville avc Bartleby), des salons de l'aristocratie (Marcel
), de super-marchés (Le Clézio avec Géants) de social, d'amour, de vraiment pas grand-chose (Beckett), de science-fiction, d'une affaire policière ou de soi. Parler de soi, c'est parler des autres si on parle bien (et réciproquement comme disait Gustave, pas Le Clézio, l'autre, le normand : "Madame Bovary, c'est moi", ce qui est une autre façcon de dire : Moi, c'est aussi Madame Bovary, et le lecteur.
Je comprends à peu près, il me semble, la manière dont vous voyez les choses mais ça me semble extrêmement janséniste comme position
Je serais bien incapable de dire : il faudrait que les écrivains lisent Lévinas, parlent des autres, de la vraie vie, etc. Autant lire Lévinas moi-même dans ce cas, c'est beaucoup plus simple
, j'attends d'un écrivain qu'il m'aide à voir à travers ses yeux, par définition pas les miens. Et si ça fonctionne, précisément, il me montrera que nos regards différents partagent quelque chose en commun.
PS assez d'accord avec ce que vient de dire Bompi (pendant que j'écrivais ce qui précède) sur la traduction. Et puis, je suis nettement plus vieux con que lui
et j'ai aussi des périodes où je lis moins de "romans" (le mot ne colle pas toujours avec la littérature actuelle, c'est vrai) et plus de sciences (un peu moins de science humaines pour ma part). Alors rien ne dit qu'il ne se remettra pas à lire des romans (Il faudrait que je relise le seigneur des anneaux, moi aussi
mais comme j'ai déjà 100 ou 200 bouquins qui attendent sans parler des relectures…