De passage sur Terre

  • Créateur du sujet Créateur du sujet jul29
  • Date de début Date de début
Nous ne sommes que de passage, et c'est bien vrai.

Simplement certains passages, on souhaiterait qu'ils soient plus longs.
 
Passages, passants, le film ne ralentit ni n'accélère.

Passage : ça crisse sur les rails dans le virage sur le pont.

Passage : le batillage qui vient claquer sur les quais.

Passage : une grande cheminée de brique au fond d'une cour. Le bleu du ciel dans un carré.

Tout passe. Alors je me rassure : ça va passer.
 
Lune orangée, presque pleine — la voir grossir au fil des dernières nuits, monter dans le ciel, toujours plus tard au dessus de la haute falaise de calcaire rose — puis rouge sang, au sud, sur la mer, presque à toucher de doigts

Vignes et palmier, pelouse et galets, deux lieux en un, si proches finalement​





Sentir la douce corne de mes pieds jouer sur la matière des carreaux, sentir pulser le sang dans les artères, la fine humidité qui me couvre, mélange de sueur, d'émotions et de désir aussi, douceur de la température, that's it, I'm feeling it, it is flooding my brain, my veins, pumping its effect all over/inside me, and over/inside the others, too.

Impressionnisme — rétine troublée — chaos lumineux étrange et agréable, diffraction des surfaces, des textures, léger trouble ou est-ce l'équilibre ? bien-être qui roule, monte, fluidifie les émotions du plus profond au plus superficiel de mon corps, douce chaleur/fraîcheur mélangées - Lente montée, beat régulier, tendre et puissant, je sais pourtant que cela n'est qu'artificiel but who cares ?




Les platines qui ondulent sous les yeux, au creux des oreilles —


{" Nous prendrons des vacances, tu sais que je ne t'aimerai que mieux (…) / Nous prendrons des vacances, je sais que tu ne m'aimeras que mieux (…) "}




— la silhouette amie fait glisser ses doigts sur le vinyl, invoque les esprits du lieu, du son, ils sont là, au milieu de ce mini monde en quête d'éternité et d'amour pour cette nuit
~ Beauté incroyable de l'endroit ~ Etre dans le paysage, ici — et ailleurs, toujours le palmier en perspective, malgré son absence — . Je sens la masse abrupte qui est dans mon dos, tranchant par sa clarté au dessus de l'obscurité qui nous surplombe. Les irisations sur l'étendue salée, à des kilomètres, si proches | Le cube du bâtiment illuminé, balise éclatante | La piscine presque invisible ¦ affleurement lumineux à hauteur d'œil ¦ ses diffractions lumineuses qui explosent entre un rouge carmin et un bleu irréel, vagues~ondes qui pulsent sur la peau nue ° * ° le ciel noir cassis piqueté par les étoiles ou assimilées — de Vénus s'élevant depuis bien avant le coucher du soleil, droit devant {avec Mars, et Saturne, invisibles, mais présents}, Ursa Major sur le déclin, lentement, au fil des heures de la nuit— sensation de petitesse, planétarium à taille réelle autour de moi ( no kiddin'! )

Fraaack it's so goood but you are not there

Des sourires, des mains dans mes mains, proximité, vous, nous, envie que tout ralentisse, s'arrête/ne s'arrête jamais, comme englué dans une ambre définitive, mouvement continu arrêté en cycle immobile

{We’ve been stuck in rewind}


*******

Plus tard. Juste à côté.
Calme, allongé sur le drap du lit, entre sommeil et veille — le jour se lève, dehors — ma voisine repose

Fantaisie et mystères des effets collatéraux, hallucinations amicales en guise d'au revoir — visite de catacombes aux murs ornés, la lumière joue sur les reliefs au plafond nu de la chambre, chambres vénitiennes ou florentines entraperçues, par éclats au cœur de ma pupille, Poséïdons hagards, Héphaïstos grognons, Dionysos hilares ou lubriques et Pans grecs ou étrusques hiératiques apparaissent et disparaissent au gré de mes battements de cils, une fontaine apparait régulièrement au dessus de moi, fait couler des flux pulsants d'azote liquide qui se répandent en apesanteur devant moi, flottants quelques secondes avant d'être finalement remplacés par une tranquillité paisible, une fin du voyage

si douce

Cœur du monde, enfin
 
Bien sûr, nous ne prendrons jamais plus de vacances ensemble. Pire : nous ne vivrons plus jamais en Afrique. Ces balades de plusieurs semaines dans la brousse : tu peux bien te les payer là où tu es maintenant. Sans moi, sans elle.

Le ciel pur ou pétaradant, des fois rouge ocre, des fois trop lumineux, la chaleur étouffante et insupportable, les paysages sub-sahariens, incroyables et sublimes, les arbres – même ton host... de Moringa... - les hommes, les femmes et les enfants toujours plus magnifiques, après toutes ces années.

Au quotidien, je veux dire. Ton désir, le mien.

Tu as fumé et bu ta vie, comme on coure au marathon. Non au triathlon. Et puis non… même Ironman, c’était trop peu pour toi. Tu te savais increvable, tout pouvait t’arriver, ta force surhumaine allait gérer le tout pour te faire vivre encore plus vite. Toujours plus haut, toujours plus loin. Devise bassement dépassée maintenant.

Et la petite, elle s’en fout éperdument. Veut vivre à 100 à l’heure, joyeusement, gaiement. Ne fume pas encore, mais je sais qu’elle essaiera. Et sera la plus forte et la plus belle et la plus tout que tout. Elle ne me ressemble même pas. Douce consolation.

Allez, va, sois à la hauteur de tes attentes : réponds-moi.
 
  • J’aime
Réactions: freefalling