Destins de Gloire...

quetzalk a dit:
J'adore ta série de portraits qui vient rendre à ce fil un peu d'humanité...
:up: :up: :up: :up: :up: :up: :up: :up: :up: :up: :up: :D :D :D :D :D :D :D :D :D :D :D :D

C'est vrai que ça a fini par me donner envie... J'ai exhumé un portrait que j'avais écrit à la première personne...

- Mon nom est Piotr Illitch Rasbahnikhof.
- Je suis le dernier prisonnier du goulag Z.O.B. 4312 - XL / 13, dans lequel je suis détenu depuis exactement le 18 novembre 1973.
- J'ai besoin de vous pour regagner ma Tchétchénie natale ; car j'ai la certitude désormais, d'avoir été, depuis la chute du bloc soviétique, définitivement oublié dans les baraquements insalubres de cet enfer glacial, dans lequel je vis, ou plutôt devrais-je dire je survis, depuis maintenant plus de trente ans.
- Laissez moi vous conter mon histoire, car elle est exemplaire et édifiante à bien des égards ; et peut être parviendra-t-elle à vous convaincre de m'apporter votre aide.

- Fraîchement débarqué à Moscou en octobre 1972, à l'age de vingt ans, j'avais une foi inébranlable dans le communisme et dans l'avenir radieux que nous promettait notre grande et puissante nation.
- J'avais obtenu une place de "technicien" dans une prestigieuse usine qui fabriquait à très grande échelle des ½illets pour chaussures (Vous savez, les machins en forme de trous pour faire passer les lacets).
- J'esperais bien pouvoir devenir un membre du parti, et ainsi parvenir à grimper rapidement les échelons de la hiérarchie de mon entreprise.

- Une année passée dans la capitale de l'URSS a suffi pour venir à bout de mon enthousiasme et de mes ambitions juvéniles.
- Un travail à la chaîne, douze heures par jour, qui s'est vite révélé épuisant et sclérosant, sans aucun espoir d'une quelconque promotion.
- Une vie misérable et terne dans la promiscuité poisseuse d'un foyer de jeunes travailleurs, ou nous étions entassés à quinze par chambrée, provenant tous d'éthnies différentes et souvent antagonistes.
- Des queues interminables devant des magasins d'état qui n'avaient, en définitive, jamais rien à vous proposer.
- La quasi absence, pour un jeune homme de vingt ans, de distractions dignes de ce nom, qui vous condamne irrémédiablement à la vodka frelatée au sortir du travail, aux filles faciles qui monnayent leurs orifices pour quelques roubles, afin, elles aussi, de pouvoir trouver l'oubli dans l'alcool, et aux errances sans buts dans les rues glaciales de Moscou.
Enfin et surtout, la perpétuelle suspicion des voisins, collègues de travail et autres concierges et directeurs de foyer, prompts à vous dénoncer au commissariat de quartier comme n'étant qu'un porc dévoyé, vivant aux crochets de la nation des soviets.

- Las de n'avoir que des perspectives d'avenir aussi gaies qu'un accord de balalaïka résonnant dans une nuit sans lune de janvier, je décidai de prendre en main mon destin en mettant sur pied un petit marché noir visant à écouler un important stock de tongs qui avait transité par le Kazakhstan.
- Ce commerce, pensai-je, aurait du m'assurer rapidement de quoi retourner en triomphateur dans ma chère Tchétchénie, de prendre femme et de devenir un personnage important et influant dans mon village.

- Bien mal m'en a pris, car c'est là que ma vie a définitivement basculé dans le cauchemar.

- Premièrement, le commerce de la tong connaît à Moscou un effondrement significatif à l'approche de l'hiver ; et la proximité de la période de Noël ne change absolument rien à l'affaire. Paramètre dont mon grossiste félon avait bien entendu soigneusement évité de me parler. Je n'ai donc réussi à vendre aucune paire de ces chaussure estivales, à une époque ou la population moscovite se met plutôt à la recherche de bottes fourrées. L'argument commercial qu'elles auraient pu se révéler très confortables et très sayantes, portées avec une double paire de chaussettes en laine, s'est révélé vain auprès d'une clientèle plus que réticente.

- Deuxièmement, le concierge de mon foyer de jeunes travailleurs, intrigué par le fait de me voir me livrer à des allés et venus permanents avec d?énormes cartons, a fini par me dénoncer au KGB comme "Sale chien capitaliste cherchant à s'engraisser sur le dos du peuple". Je vous prie de croire qu'à cette époque, en pleine guerre froide, ce type d'argument vous condamnait à l'avance, aussi sûrement que le fait d'ouvrir une boutique de souvenirs du troisième reich en plein centre de Tel Aviv...

- Mon procès ne fut qu'une sombre mascarade, tant il était évident que mon cas devait servir d'exemple, afin de dissuader d'éventuels candidats à la libre entreprise, et que mon sort avait était décidé le jour même de mon arrestation (fort musclée, au demeurant). Il me fut bien entendu impossible de faire valoir le fait que 4999 paires de tongs (J'en avais gardé une pour moi) étaient destinées à mon usage personnel ; et mon avocat, un fantoche désigné d'office par le "tribunal du peuple", n'eut, à ce niveau, pas plus de succès que moi. En ce jour du 10 novembre 1973, le verdict tomba sans espoir d'un quelconque recours: "Condamnation à perpétuité aux travaux forcés au goulag Z.O.B. 4312 - XL / 13."

- Je ne vous embarrasserai pas du récit des vingt neuf années de détention que j'ai vécues ; mon but n'étant pas de vous assommer de détails rébarbatifs ; mais qui connaît la Sibérie saura ce que j'ai pu endurer.

- Le camp ayant été progressivement vidé à la suite du démantèlement de l'ex empire soviétique, me voilà désormais le dernier prisonnier d'une époque révolue. Seul Vladimir, un ex gardien du camp dont le quotient intellectuel ne lui a pas permis de saisir toute la portée des événements politiques qui ont secoué la fin de la période de la perestroïka, demeure à mes côtés. Notre situation menace de devenir catastrophique si vous ne nous apportez pas votre aide dans les plus brefs délais...
- Je tape maladroitement cet e-mail sur un ancien ordinateur Tupolev,quasiment obsolète, avec deux doigts que je suis obligé de passer fréquemment au dessus de la flamme d'une bougie pour les dégeler.
- Comme la chaudière n'est plus alimentée en fioul depuis 1990, nous nous réchauffons en buvant le stock de liquide de freins qui était destiné au chasse neige du camp.
- Le courant nécessaire à l'ordinateur est fourni par Vladimir qui pédale sur une guéni-guéni, (Que vous appelez, je crois, Gégène) et qui jadis était consacrée à bien d'autres usages funestes...

- Il est donc urgent que vous nous apportiez votre aide, car nous n'allons pas tenir encore bien longtemps à ce régime là. Les importantes quantités de ce liquide délétere que Vladimir ingurgite à longueur de journées, l'ont d'ailleurs pratiquement rendu fou et aveugle.


- Vite!!!!!! Je crois que Vladimir vient de faire un malaise.............
 
Magalie :

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Maga... :rateau: :heu: Bof non rien en fait. :sleep:
 
Merci pour votre prose et votre délicatesse, une manière de vous exprimer en sous entendus .

Continuez mais faites encore un effort dans votre language.
 
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Rasrak Pmir Khan

Né vers 1035 dans l'est de l'actuel Turkménistan, le jeune Rasrak Pmir Khan ne rêve que de faire une belle carrière dans l'administration Mongole. Malheureusement à l'adolescence il se confronte à la terrible réalité : il n'y a pas d'administration en Mongolie. Dépité il égorge toute sa famille, conquiert une vingtaine de tribus qu'il met à sa botte et part chercher fortune vers le sud. Devant l'accueil assez réservé des critiques persans il fait amende honorable en dévastant plusieurs vallées et finit par rejoindre Samarcande où il ouvre un commerce de téléphones portables. Mais il s'ennuie, ces grandes étendues de dunes de sable sec lui rappellent le désert, en plus les filles sont relativement moches dans ce coin et les garçons trop farouches, il lui faut trouver une solution. Après quelques heures d'attente à la gare routière, il s'achète un sandwich et repart, "Hone derode eiguenne" déclarera-t-il à sa voisine, une Ouïgour sourde-muette à la poitrine chétive et au sourire équivoque.
Toujours attiré par la gloire il fut brièvement infirmier de bloc opératoire dans le service du professeur Ali Ibn Sîna, mais dût s'exiler après qu'une love-affair avec le jeune agrégé du patron ait été ébruitée, un ambitieux qui avait quitté la pharmacie familiale d'Enghein les Bains bien décidé à empoigner la vie.
On retrouve sa trace vingt ans plus tard à Baghdad où il franchit les échelons et devient rapidement calife, mais l'ennui et le sentiment de vide restent préoccupants. Et ce n'est pas le visionnage de films de Bollywood qui va le distraire, le DVD n'étant pas encore inventé. Lors d'un voyage officiel au Caire il profite de la confusion devant les grands magasins, se déguise en père Noël et s'enfuit sur un jet-ski à voiles sur la Méditerranée. Après une semaine de repos à Izmir en club hôtel tout compris avec piscine 5* (à partir de 390 ¤), il alla faire la bise à Mehmet II qui le battit froid par cette réplique restée célèbre : "Ecoute vieux, en ce moment je bosse fort, glisse ta tambouille, ma vie en ce moment c'est pas Byzance j'ai comme un turc qui va pas".
Tour à tour coiffeur, gardien de musée, homme politique et footballeur américain Rastrak Pmir Khan n'en est pas à se laisser impressionner. Il sort de prison à l'âge de 78 ans, rachète un cyclomoteur et part à Vienne, où il débute une psychanalyse. Mais ça, c'est une autre histoire...
 
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TUPAC

Artiste, chanteur et musicien (Américain)
Né le 16 juin 1971
Décédé le 13 septembre 1996 (à l'âge de 25 ans)
 
Dory a dit:
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TUPAC

Artiste, chanteur et musicien (Américain)
Né le 16 juin 1971
Décédé le 13 septembre 1996 (à l'âge de 25 ans)

Les trous de balle quand on en à trop c'est pas bon signe...:siffle:
 
Dory a dit:
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TUPAC

Artiste, chanteur et musicien (Américain)
Né le 16 juin 1971
Décédé le 13 septembre 1996 (à l'âge de 25 ans)
relis ta signature, tiens, je vais me mettre un notorious big pour faire chier.