Te souviens tu de cet interminable été
Lorsque nous rêvassions au milieu des terrasses.
La tête sur mon épaule tous deux sur cette place
Me confiant les tourments de ta vie, tes regrets.
Te souviens tu soeurette, ces rêves éphémères
Que nul ne connaissait, Quà moi seul avouais.
Cette place Sainte Anne dont tu faisais projet
Dun mariage heureux, béni par le saint Père.
Te souviens tu peut-être comme nous étions fous
De découvrir le monde , de nous abandonner
Pour lîle de Jersey, risquer la traversée.
Donner sens à nos vies, lavenir devant nous.
Cétait le temps funeste, celui de linvasion
Quand les bottes raisonnent, répandant la terreur.
Ce temps maudit de tous, où le sang et la peur
Furent notre quotidien, notre désolation.
Ce fut ce jour macabre où lun deux temmena.
Comme beaucoup dentre nous, comme Léonard Cohen.
Pourtant cest contre moi, que jéprouve de la haine
Celle de navoir su te garder près de moi.
Pas un instant je crois, de ma vie recouvrée
Je nai cessé de croire en ton proche retour
Celui qui unirait de ce lien quest lamour
Nos âmes vieillissantes pour léternité.
Mes pesantes années aujourdhui se ressentent.
Le temps fait son office sur ma peau burinée
Den avoir trop souffert, de tavoir trop pleuré
Mon teint pale de lune dans ce miroir me hante.
Des souvenirs surgissent du fond de ma mémoire
Ceux que je voulais fuir, enfouir et oublier
Tous ces efforts en vain, ils ne mont point quitté.
Comme de te retrouver sancra en moi lespoir.
Noublie jamais soeurette ce que furent nos destins
Cette place dont jai pour seul souvenir
Cette vieille photo où raisonne nos rires
Que dieu te garde en paix en son céleste sein.