Et si on refaisait l'histoire de l'art?

Jean Paul Lemieux, Autoportrait, 1974. Huile sur toile.
Sur cette toile, Jean Paul Lemieux se représente à trois moments différents de sa vie.

81110.jpg


« Ce qui m'intéresse, c'est de peindre la solitude de l'homme et le passage inexorable du temps.
J'essaie d'exprimer ce silence où nous évoluons tous. »
Jean Paul Lemieux

@LHO Je pense que c'est cela qui me fascine dans la peinture de Lemieux

@ Antoine Laisse tomber pour Whistler :D
 
Lemieux c'est superbe ce quil peind. Les decors sont vides et pourtant, les personnages sont souvent coupes, comme si ils passaient apres l'absence de fond ... alors on sait pas trop qui/quel est le sujet de la peinture, qui ressemble plus a un instantane de la vie de tous les jours ...

Je connais pas depuis longtemps, mais j'ai adore de suite ... :) ...
 
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Jean Paul Lemieux, Autoportrait, 1974. Huile sur toile.
Sur cette toile, Jean Paul Lemieux se représente à trois moments différents de sa vie.

81110.jpg


« Ce qui m'intéresse, c'est de peindre la solitude de l'homme et le passage inexorable du temps.
J'essaie d'exprimer ce silence où nous évoluons tous. »
Jean Paul Lemieux

@LHO Je pense que c'est cela qui me fascine dans la peinture de Lemieux

@ Antoine Laisse tomber pour Whistler :D

Peut-être

Tous les auto-portraits font signe à la mort
Tous les peintres qui ont fait des autoportraits
Ont pensé à l'être vers la mort
Ou, du moins, ils l'ont peint
Mais aussi
Ils l'ont fait pour défier le temps
Par jeu
Pour faire chier les dieux
Pour jouer
Dans l'éternel matin
Où leur identité ne sera plus qu'une trace
D'un réel
Disparaissant
 
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Réactions: Madeline

Lucian Freud. Reflet - Autoportrait. 1985.
.

Lucian Freud. Reflet avec deux enfants - Autoportrait. 1965

museo_thyssen_f_107_253.jpg


Elle a du goût, la Carmen Thyssen-Bornemisza.




 
opalkajeunenet.JPG

Roman Opalka. Opalka 1965 / 1 - oo : détail 1193503. 30,5 x 24 cm.



opalkavieuxnet.JPG

Roman Opalka. Opalka 1965 / 1 - oo : détail 5071649. 30,5 x 24 cm​







@ LHO, c'est plutôt lui en ce moment… ;)
 
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j'avais un creux entre deux rendez-vous.
je suis allé au Louvre voir Mantegna.

Andrea Mantegna (1431-1506).

je tiens à vous rassurer, il va bien.


*******
décidément, j'aime ce musée.
j'aime m'y perdre...

je me souviens d'un temps passé où je donnais mes rendez-vous (de travail) dans la Grande Galerie du Louvre...
j'ai toujours aimé parler en marchant, comme si la mise en mouvement de tout le corps activait le mouvement de la pensée, s'accordait avec les mots et leur possible usage.
parler et marcher et parcourir les allées du Louvre, cela permet d'entrevoir des possibles, de créer des connexions entre différents registres ou de simplement se perdre.

aujourd'hui on préfère le confort d'un café à l'effort de la marche, l'inertie au mouvement...
donc, je déplace mon rendez-vous au Café Marly... :siffle:

je me souviens d'un autre temps où j'allais tous les dimanches matin au Louvre (comme d'autres vont courir ou à la Messe) suivant un parcours presque immuable, histoire de me rassurer que les tableaux étaient toujours là, qu'ils n'avaient pas disparu pendant mon absence.
(déjà, enfant, je mettais un objet lourd sur mes livres, de peur que les images ne s'envolent ou ne disparaissent pendant mon sommeil et le matin, je vérifiais que tout était encore là...).
parfois, à la faveur d'un passage ou d'un escalier, je me dérobais à la logique du parcours, pour tomber nez à nez avec des bas-reliefs du Haut Moyennage ou me retrouver chez les Sumériens, dans la mythique Babylone.
mais et malgré ces divagations épisodiques, je revenais toujours dans le droit-fil du parcours, pour finir dans l'aile du Pavillon de Flore, avec l'Ecole Espagnol (Vélasquez, Goya, El Greco, Ribera, Zurbarán, Murillo...).
parfois, je m'égarais chez les vénitiens (juste à côté) dans l'examen des détails d'un Guardi.

la lumière était latérale.
cela sentait l'encaustique et la térébenthine.
il y avait des peintres dans les allées.
des copistes.

je sortais, donc, côté Seine.
je traversais le pont, changeant de rive, pour aller boire un verre rue de Seine.

je me souviens des Mantegna du Louvre, dans la Grande Galerie, coincés entre Cimabue et d'autres primitifs et ses contemporains, comme Antonello da Messina ou Pisanello et Cosme Tura (il me semble), notamment la Crucifixion (partie centrale originale de la prédelle du Retable de San Zeno de Vérone).
et je repense à ce Saint Sébastien (celui du musée de Vienne) qui figurait, sur un des murs de mon bureau, entre une photo en noir et blanc d'une Poupée de Bellmer et une série de dessins pour L'Histoire de l'oeil de Georges Bataille, issus d'un Curiosa que j'avais en double exemplaire... :p


*******
chez Mantegna, il y a cette précision du trait, un hiératisme des postures et des gestes, une sévérité dans la composition, une forme d'illusionnisme dû à la perspective, une certaine puissance et monumentalité dans les décors architecturaux, une rigueur mathématique dans les rapports de proportion entre corps, figures et espace.



calvarie.jpg


Andrea Mantegna. Crucifixion. 1459. tempera sur bois (partie de la prédelle d'un retable sous forme de triptyque). Musée du Louvre. Paris. (le reste de l'œuvre est à l' Église de Saint-Zénon à Vérone).



re_retable_saintluc_mantegna.jpg


Andrea Mantegna. Retable pour l'église San Zénon de Vérone. 1456.



257px-Andrea_Mantegna_089.jpg


Andrea Mantegna. Martyre de Saint Sébastien. 1459. Kunsthistorisches Museum. Vienne.


*******
Mantegna n'a (apparemment) pas fait d'autoportrait.


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j'avais un creux entre deux rendez-vous.
je suis allé au Louvre voir Mantegna.

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Mantegna n'a (apparemment) pas fait d'autoportrait.

.

Mais il s'est peut-être servi de son image comme modèle pour le martyre ... ???

Merci LHO pour ce partage, ces confidences. On comprend mieux d'où te vient l'immensité de tes connaissances. On pourrait dire que comme Obélix, tu es tombé dans la marmite (de l'histoire de l'art) quand tu étais petit :D
 
tu penses à celui du Louvre ?

remarque à 21 ans d'écart, il y a une certaine ressemblance... ;) :zen:

C'était pure intuition... venant de quelque chose qui m'a frappée, soit la position des têtes de ses martyrs... toujours semblable... et une certaine ressemblance entre le martyrs de 1459 et les 2 martyrs en croix de la Crucifixion de 1459.
Mais cela pourrait tout à fait être, il y a effectivement des ressemblances.
:D
 
dans le jeu des ressemblances... :rateau: :p


Andrea_Mantegna.jpg


portrait d'Andrea Mantegna.



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pour les Saint Sébastien et les deux larrons, ce serait un modèle récurrent (ami ou amant) ou lui-même...

un peu comme les figurines du Greco... ;)

.
 
Bon, je viens mettre mon petit grain de sel :siffle::D:D

En faite, c'est pour rebondir sur le 1er tableau de Mantegna.

416px-Giovanni_Bellini_-_Polittico_di_St_Vincenzo_Ferreri.jpg


renais2.jpg

(Désolé l'image est assez affreuse)

Il s'agit du Retable de Saint-Vincent, et plus précisément le panneau droit représentant Saint Sébastien, réalisé par Gionvanni Bellini en 1468.

Comme quoi, il faut faire un peu de généalogie en histoire de l'art...
 
ils étaient parents.
Mantegna ayant épousé la soeur de Giovanni.
du reste Mantegna subira l'influence de Giovanni.
et inversement.

le premier s'adoucissant et le second se durcissant. :siffle:

:D


*******

autre portrait de Mantegna.

andrea-mantegna.jpg



.
 

Ben tu l'as très bien dit dans ton post précédant!! :siffle::p:p:p:p:D:D:D

(p. 73-81, Beaux-arts Magazine n°291, Septembre 2008 :D:D)

Un petit coup d'autoportrait!!

uvcw2n90.jpg


Autoportrait
1910
Crayon, aquarelle et détrempe sur papier ; 56 x 37 cm
Vienne, Albertina


Dès 1908, ES s’était auto-portraituré nu selon des codes figuratifs habituels chez l’artiste :
corps décharnés presque squelettiques, contorsion spasmodique des corps, très accentuée afin
de gommer le naturalisme de l’apparence (ici, bloquée comme paralysée par un excès de
folie), disjonction de l’articulation des doigts comme s’ils étaient des signes secrets adréssés à
autrui, accentuation colorée (sanguinolente) des cheveux, de la bouche, de la poitrine, du
pubis, du sexe et des doigts, absence de fond, traité nu et clair.

Ici , ES est un un être
diabolique, grimaçant, hirsute et hagard dans un nu d’une grande liberté et donc d’une grande
provocation. Ce nu hurlant à la mort (morbidité de cet être comme « écorché vif »), est un des essais les plus incisifs et bouleversants d’une introspection paroxystique, qui veut se « mettre
à nu ». Mais cet autoportrait dessiné est sans doute d’un usage exclusivement personnel et
intime.

ES s’est représenté dans un tel désarroi psychologique et affectif qu’il faut rappeler sa
rupture avec son milieu familial et académique (il quitte l’École des Beaux-Arts de Vienne) sa
quasi solitude dans le monde artistique de son temps, la marginalité d’une sexualité troublée,
à la fois débridée et anxieuse (nombreuses liaisons féminines, inceste? , voyeurisme,
exhibitionnisme, pédophilie ? , onanisme).