En ce qui me concerne, ce "Noël triste" a constitué une opportunité de réfléchir à ma propre condition :
qu'est-ce qui a fait que durant 54 ans, j'ai échappé à la misère et aux terribles coups du sort ? - mon éducation ? mon courage ? le soutien de ma famille et de mes proches ? l'envie d'y échapper ? etc... etc... - Un peu de tout ça probablement, mais par-dessus tout, une bonne grosse dose de chance insolente qui a fait que je ne suis pas (encore !) passé par dessus bord !
Certains de mes amis avaient, comme moi, les bases pour réussir une vie sans anicroches, il a suffit parfois d'une chiquenaude du destin pour qu'ils basculent du mauvais côté ...
Alors, mes amis, je crois qu'il faut se dire que rien n'est jamais acquis définitivement, que dans quelques semaines, mois ou années, on peut se retrouver en situation plus que précaire avec des questions qui aujourd'hui nous semblent absurdes du genre : est-ce qu'on va bouffer aujourd'hui ? Trouvera t'on à se loger ce soir ? etc... etc...
J'ai toujours vécu au jour le jour, sans trop me poser de questions, et surtout sans juger ni les gens, ni les situations ... j'ai oublié Dieu, parce que je préfère avoir les mains ouvertes que jointes ... je fais confiance à la jeunesse de pardonner à ma génération qui a fait ce qu'elle a pu, tant bien que mal (et plutôt mal que bien !)...
Parfois mes enfants me demandent si j'aurais souhaité une autre vie - alors, je leur réponds simplement : si j'avais eu une autre vie, vous n'auriez pas eu l'occasion de me poser cette question - la réponse est donc "non !"...
Passé la cinquantaine, c'est la mode du "bilan" : qu'ai-je fait d'extraordinaire durant ce demi-siècle ?
D'extraordinaire ? Rien ! J'ai simplement tenté d'être un fils, un père, un mari, un ami, un pote dans la bonne moyenne et croyez-moi, ce n'est pas tous les jours facile !
La seule chose qui me manque actuellement, c'est le bonheur des autres, de tous les autres, des anonymes que l'on croisent journellement, des gens que l'on distingue plus qu'on ne les voit, et de tous ceux qu'on ne verra jamais ...
A tous ceux-là, je n'ai qu'un sourire à offrir - c'est peu, mais il est sincère ...