Le 31 juillet 2004
20:11
Je suis très inquiète, ils sont partis il y a 12 heures, il faisait jour. Aucun bruit de pirogue aujourd'hui et je scrute le silence. Que faire ? Attendre. Je ne peux rien pour eux. Je me force à manger car ma faim s'est transformé en angoisse. La forêt est étrangement silencieuse.
Ils allaient en direction de Regina. J'entends des voix au loin où je fabules, j'espère que c'est eux. Je crois reconnaître la voix du frère, une voix de conteur. Je reprends espoir ... ils se sont sûrement arrêtés chez le voisin ! Les Gros, toujours les mêmes ...
Les voix lointaines me rassurent même si je ne suis pas sûre que ce soit les leurs. Au moins, il y a quelqu'un pas loin. Je suis seule dans le carbet, un sabre pas loin, avec pour seules compagnies des chauves souris. J'ai envie de les rejoindre mais j'ai la frousse. Pourtant un layon existe mais où vas t'il ? Je suis là depuis une semaine et je ne sais connais même pas le chemin qui mène aux voisins ... J'ai faillit le prendre aujourd'hui, je m'en mords les doigts. Les voix continuent j'espère que c'est bien eux et non pas une radio quelconque. Je me rends compte que je suis exclusivement entourée de mecs et que mes inhibitions de filles ne les concernent pas. Je suis une froussarde. Les chauve souris attaquent les bananes. Les voix se sont arrêtées. Est ce une pause ou vont ils revenir ?
20:44
Si j'entends une pirogue dans moins de dix minutes c'est qu'ils reviennent, qu'ils ont eut pitié de moi. La pluie s'est mise à tomber comme pour changer de musique. Toujours pas de crapauds, ni de pirogue, je bois un pastis. Ecrire me maintiens dans une sorte de lucidité qui m'empêche de m'inquiéter pour moi comme pour eux. Je m'attends à ce qu'ils apparaissent d'une minute à l'autre.
20:50
Plus de voix, la pluie cesse petit à petit, je crois entendre une pirogue comme un bruit sourd. Je suis fatiguée et je n'ai rien fait. Eux, ils s'ont partis se balader malgré la pluie, rien ne les arrêtent. Je me mets moi même dans des situations désagréables à attendre. La lumière s'éteind. 1h30 que j'attends un bruit de pirogue au loin. Je prends une décision : quoiqu'il arrive, quand la lumière s'arrêtera encore, j'irais me coucher. Il sera alors 22h30. S'ils sont là tout va bien, sinon j'irais chercher demain le troisième voisin, Pierre. J'entends une pirogue ou je fabules ? Le bruit se rapproche mais je ne me souviens pas si Claude (le deuxième voisin) habites si loin ... Peut être vont ils lentement dans la nuit. Le bruit se rapproche, ils ralentissent, c'est eux, j'en suis sûre. Il est 21:02, l'heure où l'on se couche d'habitude !
PS : le site internet avance. il est presque prêt, une version en construction (le collectif a beaucoup d'archives) avec une pétition devrait bientôt voir le jour.