A
Anonyme
Invité
Je me souviens de la lumière, à flot à travers les rideaux trop blancs, de ces lumières d'hivers froide et impitoyable qui vous martèlent le crâne et les paupières closes jusqu'à ce que vous finissiez, vaincu, par vous réveiller vraiment, le cheveux en bataille et l'humeur lourde.
Je me souviens de l'ennui, du temps plus long des dimanches, à errer - les jouets amenés, jamais les bons parce que c'était ceux de vendredi soir, pas ceux de maintenant, pourquoi je n'ai pas pris ceux de maintenant, bon sang ?!
Et repasser la cassette pour la millième fois, chantonner tout bas...
Et le roi des cons, sur son trône, il est français, ça j'en suis sûr...
Finir dans un coin, avec un bouquin, qu'est-ce que j'ai pu bouffer comme bouquins, le dimanche.
Gare au gori-i-i-i-illeuh !
Et puis, l'heure de manger, papa qui a fait des épinards ou de la purée de vraies pommes de terre et la fierté de lui faire plaisir, de ne pas bouffer comme les autres mômes qui n'aiment pas ça, les épinards, qui ne connaissent que la Mousseline, les pauvres ! Petit militantisme élitiste de l'estomac pour pas trop cher, quand même.
La maman des poissons, elle a l'oeil tout rond,
On ne la voit jamais froncer les sourcils
Ses petits l'aiment bien, elle est bien gentille
Et moi je l'aime bien...
...Avec du citron.
Cette après-midi, on va au parc Pierre !
Ouais !
Trop bien, le parc Pierre, c'est grand, il y a des toboggans géants et un fort de cow-boys en bois au bout, on y entre par une petite porte, t'as l'impression d'un endroit secret, personne ne connaît, même le dimanche...
(J'y suis retourné au parc Pierre, un vrai dimanche à la con pour le coup.
Les toboggans géants ont été démontés, le fortin aussi, remplacé par des aires sécurisées avec les mêmes contentions à mômes en plastique et acier criard que dans tous les parcs du monde...
La déprime.)
Demain, c'est lundi,
Demain y a école et je n'ai pas trop fait mes devoirs mais je suis assis au fond, la maîtresse ne me verra peut-être pas, c'est pas grave, je vais juste pas bien dormir cette nuit mais je ne veux pas y penser, pas encore.
Demain, je serais grand, ce sera moi l'adulte, ce sera à moi de connaître comment on va au parc Pierre et comment on fait la vraie purée pas les horreurs en sachet, ce sera à moi de laisser traîner mes cassettes et de sourire en les entendant les fredonner.
Mais je ne veux pas y penser, pas encore.
Aujourd'hui, c'est dimanche, un dimanche à la con.
Un dimanche à la con qui ne devrait jamais finir...
Je me souviens de l'ennui, du temps plus long des dimanches, à errer - les jouets amenés, jamais les bons parce que c'était ceux de vendredi soir, pas ceux de maintenant, pourquoi je n'ai pas pris ceux de maintenant, bon sang ?!
Et repasser la cassette pour la millième fois, chantonner tout bas...
Et le roi des cons, sur son trône, il est français, ça j'en suis sûr...
Finir dans un coin, avec un bouquin, qu'est-ce que j'ai pu bouffer comme bouquins, le dimanche.
Gare au gori-i-i-i-illeuh !
Et puis, l'heure de manger, papa qui a fait des épinards ou de la purée de vraies pommes de terre et la fierté de lui faire plaisir, de ne pas bouffer comme les autres mômes qui n'aiment pas ça, les épinards, qui ne connaissent que la Mousseline, les pauvres ! Petit militantisme élitiste de l'estomac pour pas trop cher, quand même.
La maman des poissons, elle a l'oeil tout rond,
On ne la voit jamais froncer les sourcils
Ses petits l'aiment bien, elle est bien gentille
Et moi je l'aime bien...
...Avec du citron.
Cette après-midi, on va au parc Pierre !
Ouais !
Trop bien, le parc Pierre, c'est grand, il y a des toboggans géants et un fort de cow-boys en bois au bout, on y entre par une petite porte, t'as l'impression d'un endroit secret, personne ne connaît, même le dimanche...
(J'y suis retourné au parc Pierre, un vrai dimanche à la con pour le coup.
Les toboggans géants ont été démontés, le fortin aussi, remplacé par des aires sécurisées avec les mêmes contentions à mômes en plastique et acier criard que dans tous les parcs du monde...
La déprime.)
Demain, c'est lundi,
Demain y a école et je n'ai pas trop fait mes devoirs mais je suis assis au fond, la maîtresse ne me verra peut-être pas, c'est pas grave, je vais juste pas bien dormir cette nuit mais je ne veux pas y penser, pas encore.
Demain, je serais grand, ce sera moi l'adulte, ce sera à moi de connaître comment on va au parc Pierre et comment on fait la vraie purée pas les horreurs en sachet, ce sera à moi de laisser traîner mes cassettes et de sourire en les entendant les fredonner.
Mais je ne veux pas y penser, pas encore.
Aujourd'hui, c'est dimanche, un dimanche à la con.
Un dimanche à la con qui ne devrait jamais finir...