pas bien compris ce passage ...
Permets-moi d'user de la « rhétorique du samedi » pour m'enfoncer moi-même. Gaston Bachelard, analysant les "nouvelles sciences" en son temps, considérait que l'« obstacle épistémologique » majeur empêchant de les comprendre était le « réalisme » : la tendance de l'imagination à chosifier, càd. à projeter partout de "petits corps" à l'image des objets de la perception quotidienne.
Si je m'amuse à faire glisser rétrospectivement l'informatique dans le lot des domaines scientifiques concernés, je pourrais dire que l'« obstacle épistémologique » du réalisme intervient là aussi en ce qui les concerne. Il n'existe que des 0 et des 1 sur les disques durs des ordinateurs > suites numérales qui sont mont(r)ées sous une apparence de fichiers. Eh bien ! l'imagination a tendance à se représenter ces apparences de fichiers comme des « corps » : des choses réelles, alors qu'il n'y a là que des phénomènes... Les « données » de l'informatique (fichiers lisibles) n'ont rien des écus d'or sonnant et trébuchant dans les escarcelles d'autrefois.
Un volume monte « sur » un espace de blocs d'un disque, numérotés de tant à tant. Il ne monte pas « à côté », ou « ailleurs » : il monte « sur » cet espace de blocs exactement.
Par « monter sur », j'entends un procédé de présentation : les blocs du disque concernés sont mont(
r)és sous forme d'un espace de répertoire ; les écritures brutes des blocs sont mont(
r)ées sous une forme lisible de fichiers.
Effacer un fichier mont(
r)é comme un objet lisible (interprétable) dans l'espace de répertoire d'un volume > c'est effacer les écritures brutes des blocs sous-jacents à cette présentation (effacer les écritures ne consistant pas, par défaut, à écrire des
0 partout = effacement sécurisé, mais à effacer l'adresse à cette séquence d'écriture dans le catalogue
B-tree du
système de fichiers : fichiers inscrits sur l'en-tête d'une partition et gérant ses blocs comme un espace mont(
r)able en forme de volume).
Un volume, de façon standard, est la présentation lisible de l'espace de blocs d'une partition de disque dur. Mais les ingénieurs informaticiens ont créé une variante : l'image-disque, qui est une émulation de disque dur, importé sur une série limitée de blocs d'un disque dur. Cette émulation de disque dur est, habituellement, mono-partitionnée > comme une partition de disque dur > l'espace de blocs concerné peut être mont(
r)é sous forme de volume, affichant des fichiers lisibles qui sont la présentation des écritures brutes des blocs.
Quand il y a chiffrement, que ce soit d'une partition de disque dur ou de disque dur émulé (image-disque) > cela veut dire que les écritures brutes des blocs constituent, intrinsèquement, une alignement de
0 et de
1 absolument inintelligible. C'est seulement si un mot-de-passe est transmis à une instance pilote > qu'une clé de déchiffrement se trouve activée > de telle sorte que les écritures inintelligibles des blocs soient mont(
r)ées sous une forme de fichiers intelligibles : il y a une conversion au montage, ou une traduction au montage à la volée. Mais ce qui est mont(
r)é comme fichiers lisibles dans le volume monté > n'est rien d'autre que des suites inintelligibles de
1 et de
0 sur les blocs bruts. Le fichier lisible est un « fantôme » (ghost file) : une « apparence » : il n'existe pas en tant que tel.
Effacer les fichiers montrés comme lisibles d'une image-disque chiffrée (disque dur émulé importé sur tant de blocs d'un disque dur) > c'est effacer les adresses dans le catalogue
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système de fichiers à toute une série de « feuilles terminales » (les séquences de
1 et de
0 sur les blocs bruts correspondant à des entités interprétables). Ces adresses effacées dans le catalogue > restent intactes les séquences d'écritures de
1 et de
0 dans leur inintelligibilité radicale. Étant désormais hors catalogue du système de fichiers > jamais elle ne peuvent plus faire l'objet d'une retraduction à la volée par un algorithme de déchiffrement activé par un mot-de-passe. Ce sont des OVNI linguistiques. Aucun protocole ne peut ressaisir où commençait l'écriture d'un fichier et où elle finissait > et à partir de là imaginer quelle clé de déchiffrement permettait de présenter cette série comme un fichier intelligible.