Vos poèmes préférés

Saltabadil a dit:
Toujours ce bon vieux Victor (Totor, pour les intimes SIC), mais je crois qu'on n'a pas fait mieux depuis lui. Comme répondait Gide à la question "Quel est le plus grand poète français ?"
- "Victor Hugo, hélas."

Lisez un peu cette virtuosité de fou :

Gal, amant de la reine, alla, tour magnanime,
Galamment de l'arène à la tour Magne à Nîme.


:D :D :D :) :) :) :D :D :D

Euh, je crois qu'en fait, ça n'a pas été commis par Victor Hugo, même si on le lui attribue souvent :D

Ceci dit, le Victor ne crachait pas sur les rimes un brin forcées. Par exemple dans la légende des siècles et plus précisément dans "Booz endormi", c'était dans le Lagarde et Michard :D

Tout reposait dans Ur et dans Jerimadeth;
Les astres émaillaient le ciel profond et sombre;
Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l'ombre
Brillait à l'occident, et Ruth se demandait,


Ne cherchez pas dans la rubrique "archéologie" de wikipedia "jerimadeth", pensez simplement : "j'ai rime à dait" :D

Et pour preuve que jeux de mots et génie ne sont pas forcément contradictoires (ce qui ne veut pas dire qu'ils sont forcément liés :D) il y a aussi les adresses-quatrains de Stéphane Mallarmé dont voici quelques exemples (les lettres sont, paraît-il, bien arrivées mais c'était à la fin du XIXème, pas au XXIème siècle :D)

Rue, au 23, Ballu. J’exprime
Sitôt juin à Monsieur Degas
La satisfaction qu’il rime
Avec la fleur des syringas.

Apporte ce livre, quand naît
Sur le Bois l’Aurore amaranthe,
Chez Madame Eugène Manet
Rue au loin Villejust 40.

Monsieur Monet, que l’hiver ni
L’été, sa vision ne leurre,
Habite, en peignant, Giverny
Sis auprès de Vernon, dans l’Eure.


On est loin du "coup de dé" mais c'est bien le même qui a commis l'un et les autres.
 
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Réactions: Saltabadil
I miss you
sablier.jpg
Un grain de plus est mort au fond du sablier,
Emportant avec lui les teintes de son temps,
Frêles pantins de pierre égrenant par miliers
Les battements de coeur d'un simple écoulement.

Je repense à ces jours au soleil éffacé,
Blotti contre l'abîme d'immenses souvenirs,
Où je pouvais fleurir en ces jardins secrets
La douceur de l'aimer qui m'aurait fait mourir.

Les rayons de papier s'étirant tout au loin
Entravaient le sourire de ces grande peintures,
Travaillées en un coin de fines angelures,
Qui rendait les contours d'un crayonnement fin.

L'absence est mise en cage dans le rythme des vents,
Prisonnière du souffle invisible et sans mots,
Caressant la fraicheur des langoureux sanglots,
Sur ce papier blanchi, écrit avec mon sang.



 
Luc G a dit:
Euh, je crois qu'en fait, ça n'a pas été commis par Victor Hugo, même si on le lui attribue souvent :D
Quelle déception pour moi ! Mon idole, mon dieu s'effondre. Après vérification, ces vers ont été écrits par un obscur et quelconque "Monnier", mort lui-aussi en 1885 ceci dit.

Bon c'est toujours lui qui a écrit La Chasse du Burgrave, dont la virtuosité me laissera toujours sur l'arrière-train. Allez-y jeter un oeil. c'est fou. c'est du génie.

:D :D :D :) :) :) :D :D :D
 
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Réactions: mamyblue
Résurrection
A Stanislav Zednicek

Qu’après cette vie-là nous ayons un jour à nous réveiller
au timbre grave des trompettes et des clairons ?
Pardonne-moi, mon Dieu, mais je me console
de ce que le début de la résurrection de nous tous
sera annoncé tout simplement par le chant du coq…

Pour encore un tout petit instant nous resterons au lit…
La première à se lever
sera encore maman… Nous l’entendrons
allumer très doucement le feu,
sans faire de bruit, placer l’eau sur le poêle,
et très discrètement prendre dans le buffet le moulin à café.
Nous serons de nouveau chez nous.

Traduit par Zdenek Hrbata
Vladimir Holan
 
Un homme dans une gare isolée
Une valise à ses côtés
Deux yeux fixes et froids
Montrent de la peur lorsqu'il se tourne pour se cacher

Sent la pluie comme un été anglais
Entend les notes d'une chanson lointaine
Sortant de derrière un poster
Espérant que la vie ne fût si longue.

Visage
:D
Bin quoi ? Si c'est un joli poème.:rose:


 
:siffle: à la limite, pourquoi pas, hein ? :D
 
JE VOUDRAIS PAS CREVER

Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent
Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un coté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d'égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu'on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me feraient de peine
Si si si je savais
Que j'en aurai l'étrenne
Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j'apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d'algues
Sur le sable ondulé
L'herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L'odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l'Ursula
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J'en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
A voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir

Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s'amène
Avec sa gueule moche
Et qui m'ouvre ses bras
De grenouille bancroche

Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d'avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu'est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir goûté
La saveur de la mort...

Boris Vian :love: :love: :love: :love: :love:
 
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Réactions: bompi et Saltabadil
Un quatrain qu'un prof de fac nous avait cité pour faire marrer l'amphithéâtre... et ça avait marché, puisque 8 ans après, je m'en souviens encore :

Par ces quatre mots de prose,
Je vous mets mon coeur en main.
S'il est bien reçu, demain
J'y mettrai quelque autre chose.

c'est du très sérieux Saint-Amant (nom prédestiné) et c'est du XVIIème siècle !

:D :D :D :) :) :) :D :D :D
 
Mon Amour

Tout a commencé quand nos regards se sont croisés,

Tu a renversé mon coeur, tu l'a fait chaviré.

Un vent d'amour m'a fait perdre la tête

Notre histoire est née pour ne pas qu'elle s'arrête.

Notre amour grandit de jour en jour

Je te laisse entrer et ferme mon coeur à double tour.

Tout deviens beau et merveilleux

Quand je vais me noyer au large de tes yeux.

Des sentiments encore ignorés se sont crées

Il faut les conserver et ne jamais les briser.

Dans tes bras je pars m'envoler

Dans un monde doux et sucré.

La flamme de mes yeux s'est allumée

Le soir ou nos lèvres se sont touchées.

Aujourd'hui le destin nous appartient

A nous seul de savoir prendre le même chemin.

Mon amour pour toi est le plus grand

Je n'ai aucun doute sur mes sentiments.

Je t'aime.​
 
J'ai, en triant des feuilles, redécouvert ça.... J'adore !!!

Matinée d'ivresse

Ô mon Bien ! Ô mon Beau ! Fanfare atroce où je ne trébuche point ! chevalet féerique ! Hourra pour l'oeuvre inouïe et pour le corps merveilleux, pour la première fois ! Cela commença sous les rires des enfants, cela finira pas eux. Ce poison va rester dans toutes nos veines même quand, la fanfare tournant, nous serons rendu à l'ancienne inharmonie. Ô maintenant, nous si digne de ces tortures ! rassemblons fervemment cette promesse surhumaine faite à notre corps et à notre âme créés : cette promesse, cette démence ! L'élégance, la science, la violence ! On nous a promis d'enterrer dans l'ombre l'arbre du bien et du mal, de déporter les honnêtetés tyranniques, afin que nous amenions notre très pur amour. Cela commença par quelques dégoûts et cela finit, - ne pouvant nous saisir sur-le-champ de cette éternité, - cela finit par une débandade de parfums.

Rires des enfants, discrétion des esclaves, austérité des vierges, horreur des figures et des objets d'ici, sacrés soyez-vous par le souvenir de cette veille. Cela commençait par toute la rustrerie, voici que cela finit par des anges de flamme et de glace.

Petite veille d'ivresse, sainte ! quand ce ne serait que pour le masque dont tu nous as gratifié. Nous t'affirmons, méthode ! Nous n'oublions pas que tu as glorifié hier chacun de nos âges. nous avons foi au poison. Nous savons donner notre vie tout entière tous les jours.

Voici le temps des ASSASSINS.

Arthur Rimbaud, Illuminations...
 
Un autre

ILS CASSENT LE MONDE

Ils cassent le monde
En petits morceaux
Ils cassent le monde
A coups de marteau
Mais ça m'est égal
Ca m'est bien égal
Il en reste assez pour moi
Il en reste assez
Il suffit que j'aime
Une plume bleue
Un chemin de sable
Un oiseau peureux
Il suffit que j'aime
Un brin d'herbe mince
Une goutte de rosée
Un grillon de bois
Ils peuvent casser le monde
En petits morceaux
Il en reste assez pour moi
Il en reste assez
J'aurais toujours un peu d'air
Un petit filet de vie
Dans l'oeil un peu de lumière
Et le vent dans les orties
Et même, et même
S'ils me mettent en prison
Il en reste assez pour moi
Il en reste assez
Il suffit que j'aime
Cette pierre corrodée
Ces crochets de fer
Où s'attarde un peu de sang
Je l'aime, je l'aime
La planche usée de mon lit
La paillasse et le châlit
La poussière de soleil
J'aime le judas qui s'ouvre
Les hommes qui sont entrés
Qui s'avancent, qui m'emmènent
Retrouver la vie du monde
Et retrouver la couleur
J'aime ces deux longs montants
Ce couteau triangulaire
Ces messieurs vêtus de noir
C'est ma fête et je suis fier
Je l'aime, je l'aime
Ce panier rempli de son
Où je vais poser ma tête
Oh, je l'aime pour de bon
Il suffit que j'aime
Un petit brin d'herbe bleue
Une goutte de rosée
Un amour d'oiseau peureux
Ils cassent le monde
Avec leurs marteaux pesants
Il en reste assez pour moi
Il en reste assez, mon cœur

B. Vian

toujours :love: :love: :love: :love: :love:
 
Chaque fois la même ombre et le même silence
Une étoile oubliée dans un ciel de néant
Le même regard mort où végètent l'absence
Et la couleur violée qui ressemble à du sang
Non je ne dirai rien de ce que je veux dire
Le silence a ses mots l'oubli a ses désirs
Je rêve de vers morts la mort n'a pas d'empire
Et les plus beaux aveux sont de simples soupirs
Je voudrais chaque fois que ce soit la dernière
Mourir chaque seconde et sans se relever
Les fantômes ont dans le coeur une prière
Une chanson meurtrie qui ressemble à rêver
Rêver grisaille informe infecte certitude
Je sais des nuits violées par des écrans salés
Tout est commencement oh tout reste prélude
Et rien ne s'accomplit dans nos yeux affolés
Alors peut-être un jour un timide je t'aime
Une larme de coeur que rien n'ira ternir
Avouer comme on meurt écouter la neuvième
Symphonie de Mahler comme un dernier soupir
 
Je ne pense pas qu'un thread similaire soit ouvert, donc si vous souhaitez faire partager les poèmes qui vous font vibrer...

Remords posthume


Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse,
Au fond d'un monument construit en marbre noir,
Et lorsque tu n'auras pour alcôve et manoir
Qu'un caveau pluvieux et qu'une fosse creuse;

Quand la pierre, opprimant ta poitrine peureuse
Et tes flancs qu'assouplit un charmant nonchaloir,
Empêchera ton coeur de battre et de vouloir,
Et tes pieds de courir leur course aventureuse,

Le tombeau, confident de mon rêve infini
(Car le tombeau toujours comprendra le poète),
Durant ces grandes nuits d'où le somme est banni,

Te dira: "Que vous sert, courtisane imparfaite,
De n'avoir pas connu ce que pleurent les morts?"
? Et le vers rongera ta peau comme un remords.

Tro tro beau !!!! :up:
 
Pas mal ce thread.
J'aime bien tes premiers choix Burzum, j'ai pas tout lu...:rose:

Désolée s'il a déjà été mis, mais mon poème préféré, c'est:

L'Albatros

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.


A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons trainer à coté d'eux.


Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!


Le Poête est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.


Charles Beaudelaire
 
Oui, c'est même pas un tiers de haïku ...

Allez, un p'tit poème quenaldien "alátoire" (vous aurez reconnu) pêché sur Internet :

Raymond Queneau a dit:
Le roi de la pampa retourne sa chemise
pour la mettre à sécher aux cornes des taureaux
le cornédbîf en boîte empeste la remise
et fermentent de même et les cuirs et les peaux

Je me souviens encor de cette heure exeuquise
les gauchos dans la plaine agitaient leurs drapeaux
nous avions aussi froid que nus sur la banquise
lorsque pour nous distraire y plantions nos tréteaux

Du pôle à Rosarios fait une belle trotte
aventures on eut qui s'y pique s'y frotte
lorsqu'on boit du maté l'on devient argentin

L'Amérique du Sud séduit les équivoques
exaltent l'espagnol les oreilles baroques
si la cloche se tait et son terlintintin

J'en proposerai d'autres une fois rentré à la maison.
 
Charles Baudelaire !!!

:eek:
Tu sais, même si j'adore ce texte, j'ai fait un copier/coller. Je sais encore écrire Baudelaire, mais j'ai pas pris la peine de vérifier à 23h après une journée de travail...:rolleyes:
Au cas où tu ne me croirais pas: http://www.w3.org/Arena/style_ex.html

Bref, ne fais-tu jamais de fautes d'orthographe?
De plus, ne dit-on pas que les noms propres n'ont pas d'orthographe?