Je ne trouve pas que nous ayons décliné : nous sommes les seuls à garder un certain art de vivre, de se cultiver et de penser.
Là, je parlais surtout des élites impériales et urbaines sous l'antiquité tardive, le groupe social auquel Augustin appartenait lui-même, emplies de culture hellénistique. La "connaissance des Lettres" n'a pas tardé à foutre son camp car c'étaient justement ces élites qui l'entretenaient. Pour reprendre l'analyse de Peter Brown, la décadence commence quand l'élite adopte la culture de la masse.
Quant à la vieille noblesse d'épée dont tu te revendiques, citoyen, elle était déjà obsolète avant la Révolution. J'en prend pour exemple ton illustre ancêtre.
Il profite des événements américains pour trouver ce que la France de Louis XVI ne pouvait lui apporter, ce à quoi son éducation, ses traditions familiales, son héritage le destinait : la guerre. Et il s'y comporte de façon brillante. Tant que dure le conflit, il est reconnu par les siens et surtout par le roi.
Le retour au pays après le traité de Paris est moins glorieux. Il se retrouve de nouveau déclassé, en porte-à-faux avec son propre pays. Un Lafayette saura louvoyer, tirer un profit social de son engagement. Pas le genre du marquis de la Rouërie. Trop entier. Le héros est embastillé en 1788 pour s'être opposé à son roi.
Vient ensuite la Révolution et très vite la Contre-Révolution, autre occasion donnée à cette noblesse d'épée déclassée de s'exprimer. Et là encore le marquis de la Rouërie s'illustre dans un combat désespéré contre son temps, jusqu'à son trépas.
Le cas de La Rouërie aurait quelque chose d'inactuel en cette fin du XVIIIe siècle s'il n'y en avait beaucoup d'autres comme lui. Son programme politique, rien moins que moderne ou libéral rappelle surtout les vieux griefs de la noblesse contre l'absolutisme royal, ramenés à leur dimension régionale. La Bretagne a été tout le long de son histoire avec le royaume de France en proie à ces soubresauts et fièvres "coutumières" qui, de Louis XIII à Louis XVI, en passant par le Régent, ont provoqué révoltes, répressions et exécutions.
La noblesse d'épée a survécu tant bien que mal au long du XIXe siècle, fournissant ses cadres à l'armée Républicaine de la revanche. Elle fut pour beaucoup dans sa composante anti-dreyfussarde et catholique ultramontaine. Elle a finit broyée dans la boucherie de 14-18, le sang pur rejoignant le sang impur dans la même boue.
Fin de l'histoire, changement d'époque, de civilisation ; celle des masses.
Tu ne déclines pas citoyen, parce qu'il n'y a plus rien à sauver depuis longtemps. Ta "vieille aristocratie (sic) bretonne" est un musée ethnographique vivant, une curiosité à visiter comme vos derniers châteaux. (je dis cela sans méchanceté)
Question : quel pourcentage parmi les mâles vivants de votre lignage sont aujourd'hui membres de l'armée Française ou vont prochainement embrasser la carrière militaire à l'exemple du Marquis de La Rouërie ? Toi même, citoyen, as-tu fais Saint-Cyr ? (laissons Polytechnique… y'a longtemps que ça ne fait plus de vrais militaires)
Je sais, citoyen : tout fout le camp ; même la République.
[
Nous entrerons dans la carrière quand nos aînés n'y seront plus,
Nous y trouverons leur poussière et la trace de leurs vertus.]
Un débat qui est tranché par un assassinat n'est plus un débat : le 21 janvier 1793 la France a tué son Père et depuis elle le cherche !
Il exerçait un métier à risque et il l'exerçait mal. On l'a licencié pour fautes graves.
Le débat a été tranché le 20 septembre 1792 sur le champ de bataille de Valmy. Le lendemain la Convention proclame la République.
Non, on cherche parfois l'homme providentiel, pour le lyncher cinq ans après, mais un roi, de droit divin, les Français n'en veulent plus.
La souveraineté appartient maintenant à la Nation. Et si ça ne plait pas à certains, il ne fallait pas convoquer les États Généraux, et surtout pas sous cette forme.