Chroniques de l'escalier.

A

Anonyme

Invité
Dans mon immeuble, au premier étage, officie un podologue.

On en repère facilement les clients : ils semblent perdus, hésitent à vous répondre lorsque vous leur dites "bonjour" (Mais qui est ce type ? Pourquoi me salue-t-il ?) - vous, vous leur dites bonjour par simple habitude, pour pas vexer, des fois que ce soit un voisin - et vous en avez tellement de voisins, vous n'en connaissez pas la moitié, ils n'ont pas les mêmes horaires que vous, c'est Paris, vous êtes là aussi pour ça : l'anonymat, vous n'allez pas vous fader le trombinoscope perpétuellement changeant de l'immeuble rien que pour ne pas commetre la faute de goût de saluer cordialement qui n'est là que de passage...
Bref !

On les repère facilement.

Ils entrent dans l'immeuble comme dans un moulin. Le podologue ne doit pas avoir de secrétaire et comme une légère exaspération à devoir passer sa journée à appuyer sur un bouton pour faire entrer ses clients - alors son interphone, en plus de buzzer chez lui, ouvre automatiquement la porte de l'immeuble.
Direct.

Il faut le savoir - ça rentre sans doute pour partie dans l'air un peu perplexe des clients venant là pour la première fois...

Pas des clients, des patients.
Vraiment ?
Ils n'ont pas à patienter longtemps, ce doit être assez déconcertant cette porte qui s'ouvre toute seule, apparament sans la moindre intervention humaine, pas même le plus petit début de "oui?" dans l'interphone.

Mais, bref, encore une fois.
Il faut le savoir.
Et ça se sait, surtout chez les bandes de jeunes en survêtements qui viennent parfois prendre pretexte du froid ou de la pluie pour sonner chez le podologue et glander dans le hall, près des boîtes aux lettres, achevant de terroriser les dernières mamies que les jeunes cadres en cravatte travaillant à La Défense, toute proche, la hausse des loyers ou la Camarde n'ont pas encore repoussées dans des coins plus tranquilles.

Le podologue est le plus sûr moyen pour prendre pied chez moi.
(Dans le même esprit, une vague connaissance me disait une fois que s'il leur faisait mal, ce serait un Aïe-Podologue - embryon poussif de vanne avec iPod (vous aviez compris...) - et, non, je ne fréquente pas que des flèches, j'aurais, sans celà, constament l'impression d'être le petit dernier, ce qui est très désagréable.)

Où en étais-je ?
Le podologue.
Au premier étage.

Et pourtant, tous ses clients prennent l'ascenseur.
Pas un pour, seulement, se préocuper d'où peut bien se situer l'escalier.

Vous me direz : s'ils vont chez le podologue, c'est qu'ils ont mal aux pieds !
Peut-être. Mais...

Mais, une marche à la fois.
Un palier.

Chroniques de l'escalier.
 
J'habite un immeuble qui était auparavant la propriété d'une seule et même famille.
Les travaux ont été fait "en famille", comme ça, parce que ça arrangeait tout le monde.
Maintenant que certains apparts ont été vendus nous sommes 4 copropriétaires dont deux en minorité.
Et nous demandons des comptes sur toutes les malfaçons. Nous ne les aurons jamais sauf à entrer en procédure judiciaire.
Bloc de la famille.
Bonne ambiance dans l'escalier.
 
La rue dans laquelle se trouve l'immeuble où je travaille est en pente.
Du coup, le "rez-de-chaussée" est au troisième étage et, moi qui travaille au quatrième, je me retrouve tous les matins en franchissant la porte dans la situations du client du podologue, à un étage du but.
Sauf que je suis moins surpris.
Sauf que je dis bonjour - mais pour des raisons analogues à celles qui me font dire bonjour aux clients du podologue - en plus fortes - parce que les chances que celui ou celle que je croise soit un collègue sont bien plus élevées que celle que le client présumé soit un voisin.
Sauf qu'il n'y a pas d'interphone, il faut un badge pour entrer et qui n'en a pas doit aller pointer dans l'immeuble d'à côté - là où se trouvent les hôtesses.
Et sauf qu'il est rare qu'à cet instant j'ai mal aux pieds.

Je ne sais pas si vous suivez ?

Qu'importe, il est plus facile de venir chez moi se soigner les pieds que d'aller là-bas travailler.
Paradoxe.

Parallèle : la plupart des collègues prennent l'ascenseur - certains ne savent peut-être même pas qu'il y a un escalier.
Et, cette fois, aucun n'a l'excuse du mal aux pieds.

Il y a sans doutes des considérations esthétiques.
L'escalier, sans espérer atteindre la laideur brut du béton gris de celui de mon immeuble, est tout d'une fadeur industrielle, un lieu de non-vie, fonctionnel, utile - et, donc, droit, deux volées de marches opposées par palier, beige, en permanence éclairé d'un jaune léger.
L'ascenseur est plus feutré, voix annonçant les étages intégrée.
Mais, quand même.

Celà dit, l'escalier a ses adpetes.
Des sportifs, soucieux d'entretenir leur ligne, même dans les petits gestes du quotidien.
Des claustrophobes, qui aimeraient bien... Mais qui ne peuvent point.
Des écologistes.
Et des workers pour qui, la simple idée de passer, ne serait-ce que trente secondes d'inutile immobilité est la pire des tortures.

Mais ils sont une minorité.
Et tous ont une raison de préférer l'escalier.

En cours de journée, des individus se lèvent, les mains chargées. Il s'aglomèrent par petits paquets. Ils vont en réunion - une réunion souvent située à un étage différent du leur.
Des mécanismes se mettent en place - des algorithmes complexes d'aide à la décision - ascenseur ou escalier - fonction du nombre d'étage, de l'heure, des préférences supposées des autres membres du groupe, de la fatigue et de la qualité, peut-être, des parties de jambes en l'air de la veille.
Parfois, même, les groupes se scindent.
Des plaisanteries sont échangées.

En groupe, l'ascenseur est bien plus souvent boudé.

Comme une hiérarchie inorganisée - le leadership de l'escalier.
 
Moi je me classe dans la catégorie de ceux qui montent par l'ascenseur et descendent par l'escalier... :D
 
Ponkhead,
je savais pas que t'étais podologue ...
:D

:siffle:

escalier ou ascenseur, usque non ascendam ?
;)
 
En première année, l’escalier.

Il est froid, tout de béton armé.
En colimaçons, c’est pratique quand faut s’grouiller.
Alors on le gravit avec célérité.
Toujours jouissif d’arriver au deuxième avant les autres, là, dans le monte-charges, entassés.
Ou on descend, nan, on dégringole, même, on est pressé.
C’est le début de soirée.
Alors on trébuche sur un truc assis, dans l’ombre, en forme d’étranger.
C’est ça, le colimaçon, on voit pas les embrouilles arriver.
Lui, il est vexé. Je l’ai touché.
Je suis désolé.
Il a rien à picoler.
J’ai des victuailles du supermarché.

Kro-nique dans l’escalier.

'culé.
 
Elle est là, elle est belle.
Elle me sourit.
Je lui rend son sourire.
Dans cette soirée où l'on s'ennuie
il n'y a qu'elle pour donner de la lumière.
je sors, elle me suit.
La porte poussée, l'escalier dans la pénombre
On s'embrasse.
Déjà à moitié déshabillés.
Halètements qui résonnent

Souvenir dune "grosse nique" dans l'escalier...
 
L'escalier, c'est le lieu à côté - un lieu hors du lieu, un espace de transition. Un lieu de mouvement - mais de mouvement immobile.
Personne ne reste dans l'escalier - même pas pour la pause café, même pas pour cloper, quand il y avait encore vaguement le droit.
.
Les seuls à rester dans les escaliers sont les clochards, quand ils ont pu y avoir accès - mais c'est parce qu'ils ne vont nulle part. Même pas chez le podologue - et, en assemblée, il a été souvent demandé que le podologue cesse ce sésame automatique, que l'on puisse reprendre un peu le contrôle des entrées.
.
Aucun clochard ne reste jamais dans un ascenseur.
.
Et le podologue, lui, reste sur ses positions. Il s'en fout, le podologue, du contrôle des entrées, ceux qui n'ont pas mal aux pieds ne viennent jamais l'emmerder.
.
Alors, à quoi peut bien servir de conserver un escalier ?
Pour évacuer.
Pour les pompiers.
L'escalier comme lieu de la fuite, le passage obligé pour qui veut abandonner.
.
Du coup, pas de budget.
On laisse le béton gris et froid, à peine lavé, de temps en temps, quand l'intérimaire en bleu de la semaine a un brusque accès de zèle.
.
Repeindre l'escalier ?
Tout en bas sur l'échelle de priorité des utilités.
 
Elle est là, elle est belle.
Elle me sourit.
Je lui rend son sourire.
Dans cette soirée où l'on s'ennuie
il n'y a qu'elle pour donner de la lumière.
je sors, elle me suit.
La porte poussée, l'escalier dans la pénombre
On s'embrasse.
Déjà à moitié déshabillés.
Halètements qui résonnent

Souvenir dune "grosse nique" dans l'escalier...

C'était dans l'immeuble de Ponkhead ? :D
Vraiment bizarre cette discussion ... :nailbiting:
 
j'habite dans les escaliers : ma rue est une escalier.
et je vois des gens s'y arrêter, s'y retrouver, des couples s'y assoir pour regarder la ville, profiter de leur temps.

j'habite dans les escaliers et je m'y sens protégé.
on se dit bonjour dans mon escalier.
 
Eh oui. Un escalier, c'est fait pour transiter. D'une escale à une autre, vite. Alors on a inventé l'escalier mécanique. C'est fantastique, on y monte en restant immobile. Et paradoxalement, il est impossible d'y rester, même sans bouger. Dans l'escalier, l'escale a tort.
 
L'escalier qui mène a mon appartement est en métal, avec des inter-paliers. Tout en métal, genre industriel. Sympa, avec un néon bleu caché sous un rebord. Il est prévu d'occuper le mur qui est apparent sur toute la hauteur du batiment par deux plaques de verre entre lesquelles coulera de l'eau, ou par une cascade végétale. Sympa donc, mais pas que pour ca.

Les inter-paliers sont formés de grilles. Vous me suivez ? De l'inter-palier inférieur, en levant la tête, on aperçoit les individus qui sont à l'inter-palier supérieur, un peu comme si on observait la rue depuis une grille de métro. Ca y est : les plus vifs ont compris l'interêt.

Ce qui est amusant, c'est que le seul reproche que les femmes font a cet escalier inquisiteur est qu'il est infernal a utiliser dès que l'on porte des talons fins. Car les marches aussi sont en "grilles" de métal. Mais pour le reste, visiblement elles s'en foutent.

Moi, j'attends l'été avec impatience. Car de plus, de mon bureau, je vois l'escalier.

Avec un peu de chance, il y a bien un jour un écossais qui va passer par là !
 
L'escalier qui mène a mon appartement est en métal, avec des inter-paliers. Tout en métal, genre industriel. Sympa, avec un néon bleu caché sous un rebord. Il est prévu d'occuper le mur qui est apparent sur toute la hauteur du batiment par deux plaques de verre entre lesquelles coulera de l'eau, ou par une cascade végétale. Sympa donc, mais pas que pour ca.

Les inter-paliers sont formés de grilles. Vous me suivez ? De l'inter-palier inférieur, en levant la tête, on aperçoit les individus qui sont à l'inter-palier supérieur, un peu comme si on observait la rue depuis une grille de métro. Ca y est : les plus vifs ont compris l'interêt.

Ce qui est amusant, c'est que le seul reproche que les femmes font a cet escalier inquisiteur, c'est qu'il est infernal a utiliser dès que l'on porte des talons fins. Car les marches aussi sont en "grilles" de métal. Mais pour le reste, visiblement elles s'en foutent.

Moi, j'attends l'été avec impatience. Car de plus, de mon bureau, je vois l'escalier.

Avec un peu de chance, il y a bien un jour un écossais qui va passer par là !

Evidemment vu sous cet angle ... :siffle:
 
...blablabla...
Les inter-paliers sont formés de grilles. Vous me suivez ?
...blablabla...
Pas du tout !... :confused: :p

escalier001wf9.jpg


Le "bon usage" étant, d'ailleurs, que l'homme précède toujours la femme dans un escalier... :siffle:
 
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Réactions: Amok
Et voila,
Ponkhead ouvre une discussion originale, permettant l'expression poétique de chacun, nous offrant en quelque sorte la possibilité de nous élever ...
Et que se passe-t-il a cause de l'intervention d'un petit homme vert ? (toujours eux pour ce genre de déviation salaces :D ) Ça vire totalement et maintenant c'est string et compagnie !
Je suis écoeuré ...
:siffle:
 
Dans le genre, il a des repères dans Paris ou les escaliers ou escalators sont tellement pentus qu'il suffit d'avoir le bon timming au bon moment pour looker sous les jupes des filles.
Je peux vous distiller les lieux au fur et a mesure du fil......:rolleyes:

1er lieu :
Escalator de la galerie marchande saint-Lazarre, l'escalator qui monte directement dans le Séphora.
En plus d'être bien pentu, les trois quart des personnes qui y montent sont tout de même des femmes....
;)
 
L'escalier ?!...
Il est désert...
Pas assez de locataires dans l'immeuble...
Les étudiants du 3ième étage ?!...
Sont célibataires pour l'instant, ces cons...
Le voisin du 1er, pareil...
L'escalier ?!...
Rien de visuel...
Que des bruits de pas...
Je n'y vois jamais personne...
Donc...
Je suis ma compagne...
Quand elle monte ou descends les escaliers... :love:

:)
 
Le "bon usage" étant, d'ailleurs, que l'homme précède toujours la femme dans un escalier... :siffle:

En l'occurrence, je ne parlais pas ici du fait de monter cet escalier accompagné, mais de l'intérêt de certains escaliers par rapport à l'ascenseur. ;)

D'ailleurs, il y a une chose que l'ascenseur ne peut remplacer : le fait de croiser qqu'un et de partir dans une longue discussion, appuyé(s) sur la rambarde. Ce qui est affreux avec la mécanique, c'est qu'elle rappelle toujours à l'ordre : fin de la bande roulante, arrivée à l'étage... l'escalier laisse le temps. On le prend, on s'y arrête, on reprend quand on veut...

Et voila,
Ponkhead ouvre une discussion originale, permettant l'expression poétique de chacun, nous offrant en quelque sorte la possibilité de nous élever ...
Et que se passe-t-il a cause de l'intervention d'un petit homme vert ? (toujours eux pour ce genre de déviation salaces :D ) Ça vire totalement et maintenant c'est string et compagnie !
Je suis écoeuré ...
:siffle:

Mais j'ai toujours pensé que les jambes d'une femme étaient une des "expressions poétiques" (pour reprendre ton terme) les plus abouties qui soit. :)
Et ce serait "salace" si nous n'étions une majorité à penser ce que j'écrivais quelques posts plus haut. Or, c'est systématique : tous les mecs qui passent me voir m'en parlent et envient cette masse de fer ! ;) Ce n'est donc pas salace : juste masculin.
 
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Réactions: rezba et tirhum