De passage sur Terre

Il fait toujours très chaud, torse poil n'a jamais autant été d'actualité. Les corps se frôlent, se touchent, plutôt plus que moins. Le son englobe tout de sa puissance et de sa douceur. Regards échangés, parfois vagues, d'autres fois plus prononcés. Le vocabulaire ici reste celui de la chasse.

Plus tard.

Timide. Il disparait au loin, à peine un sourire esquissé. Dommage.

Encore plus tard.

Provocateur. Il s'approche, plongeon dans des yeux altérés. Son avant-bras qui me frôle est étonnamment frais contre le mien, regards appuyés. Il est chargé. Il s'éloigne. Je regarde ailleurs.

L'attraction est ailleurs. Chacun le regarde. La moitié de la pièce y pense. Phoebus et Dionysos incarné, loin des statues et des fresques. La chair, le sang. Solaire.

Après les heures.

Je suis adossé contre la longue fresque de verre dépoli, mon verre encore couvert de buée. J'aime ce moment de fatigue extatique. Un corps me pousse légèrement, je tourne la tête. Un sourire, que je rend, deux-trois mots à peine entendus, la banalité. Ses yeux vagues, son sourire toujours. Dirty blond.

Finalement, à peine plus grand que moi. La sensualité brutale du corps, les mouvements, mon cerveau enregistre les détails, les petits défauts, l'ensemble, toutes sensations possibles, pour références ultérieures, je me sens comme les yeux avides d'une sonde en approche finale dans l'atmosphère de Mars avant la grande dissolution. Il manque le goût, le son laisse à désirer. Mais la vie est là.

Je le regarde s'éloigner, ses deux verres à la main. Je suis repu, reposé, vivant. Le son revient brusquement, les lumières reprennent forment sur les corps et les visages. Une vague de chaleur m'enveloppe, pleine et sauvage. Les fauves sont lâchés.

Parenthèse terminée.
 
Je suis là, à regarder les semaines se bousculer sans moi. Période particulière. La nouvelle, la douleur, l’impuissance, la solitude. Puis ils viennent, on oublie presque. Ils repartent, c’est arrivé, ça y est. Soirée irréelle, seul dans une résidence de vacances. Même l’iPod est déchargé. Les dispositions sont prises au travail. L’attente, dans ce bureau, à faire comme si de rien n’était. Deux jours. Puis l’action, la nouveauté. Un bol d’air à sauter des obstacles qui apparaissent tout à coup ridicules. Ranger, plier, manger, dormir un peu. Se lever, partir pour l’aéroport. Baptême de l’air. Une certaine excitation, noyée dans la tristesse et l’appréhension de ce qu’il y a là-bas, dans une heure. On le vit comme il serait impossible de le prévoir. Puis vient le départ. C’est fait. On le savait depuis trois semaines, et quelque part, on l’attendait. On atterrit au bord de l'Etang, c’est fait. Ne subsistent que le vide et la compassion. Le travail reprend. On va tout à coup beaucoup mieux, comme si c’était nécessaire.
 
Je suis rentrée. Dans ce garage qui n'en a jamais été un, j'étale les livres, les classeurs, les piles de fiches sur tout et n'importe quoi. Les cours sont terminés, c'est la dernière ligne droite. Mon chat, ma cafetière, ma connexion à internet. Le confort. Lui qui passe, on s'en ouvre une. Discussion grave, je râle, j'y crois pas, je traite tout le monde de pessimiste. Je retourne à mes cours : j'oublie. Lui qui passe. Le verdict inéluctable. Je souris, je soutiens tout ce que je peux. J'y retourne. J'oublie. Coups de fil, ils partent. Solitude. Chalet immense tout à coup. Chat minuscule. L'oie qui gueule comme d'habitude. Jardin si vaste : "Putain, c'est juste là, tout à côté, que ça se passe" chaque fois que j'y fume une clope. J'y retourne plus, je pense qu'à ça. Coups de fil, grands-parents si émotifs en plein conflit. Mots d'amour pour les calmer, au passage j'engueule leur fils qui ne pense qu'à lui.
On va le voir. Choc. Coup de fil : vous devez revenir, il n'en peut plus. D'accord. Solitude, à nouveau perdue dans cette vaste propriété. Triste silence, sauf une terrible tempête dehors. Bizarre, c'est pas la saison. Spectacle dantesque au réveil. Je range le paysage, je ramasse des branches et des feuillages toute la journée. J'oublie un peu.
21H09, je les retrouve sur le quai, soulagée.
21H15, coup de fil dans la voiture, boulevard de la Liberté. Terminé.
L'avion arrive, je redoute qu'il s'écrase mais non. On chiale.
 
  • J’aime
Réactions: alèm
On marche un peu, le petit classique familial, c'est l'été, mais il y a l'altitude, il fait frais. On regarde la grande ville en bas, sa rade illuminée, son aspect de ville de façade, c'est ça, de façade. On essaie de rire, on rit, en buvant notre bière, accoudés aux barrières. Pas facile de rire, avec ces émotions, cette vie qui s'en est allée, qu'il va falloir ne pas oublier. La culpabilité de ne pas avoir bien agit ces dernières semaines. Ne pas déformer. Voir le gris, le noir, le blanc. En lui, en nous.

- Tu crois qu'il nous voit là maintenant, boire une bière ce soir, qu'il nous "voit" comme on est ?

- Oui je pense…


Sans trop y croire.
---------

Plus tard. Bien plus tard.
Quelque part j'aimerai y croire.
Je crois surtout que face à cette amas de rocs et de neige, sous la ramure, il ne reste maintenant que des cendres et des souvenirs qui vont passer, comme lui, comme nous. J'aimerai en tout cas m'y reposer un jour.
 
  • J’aime
Réactions: CouleurSud
Seuls, dans cette grande pièce à peine aménagée. Ce plafond si haut qu’il nous laisse une impression de liberté incongrue.
Fantasia. Quelle drôle d’idée de vouloir regarder ce film. Peu importe. C’est une belle excuse. Je reste assise là, sur ce canapé usé par le temps. Un temps que j’ai vu défiler si lentement, la peur au ventre. Ce temps pourtant si court car nous sommes si jeunes encore, si innocents, si ignorants de ce que nous allons vivre. Ensemble. Séparément. Who cares ?
Mon corps est si proche du tien. C’est la première fois que je te sens en prendre conscience. Nos yeux ne se détachent pas de l’écran, mais pourtant nous plongeons l’un dans l’autre. Tu feins de cette attitude décontractée qui t’es si naturelle. Moi, je débute dans la zen attitude : faire semblant que rien ne se passe n’est pas mon fort.
Je sens ta main soulever un pan de mon pull. Je cale un coussin sur mon flanc pour ne pas qu’un soupçon vole. Cette chaleur sur ma peau, quelle merveille. Quel bien être.
Cette respiration sur mon cou, je l’entends, je la suis, je me cale.
Les minutes s’écoulent, je savoure ce premier contact intime.

Elle entre. Non ne bougeons pas ! Comédie du naturel jusqu’au bout mon ami. Quel acteur !
La séparation n’est pas brutale, certes. Tu me manques déjà.
 
Je regarde autour et je ne vois que du fade, du mat, du froid : murs beiges, plancher dur, meubles sans personnalité. Matériel synthétique, « Made in China », objets plus ordinaires les uns que les autres. Décorations sorties du magasin du coin.

Pas cher, pas d’air.

Une pièce carrée, proprement faite, presque trop parfaite. Voilà ce qui fait bailler : l’obligation du propre, du convenu, du « tout le monde en veut ». On y vit, on y mange. Certains soirs, peut-être y rigole-t-on , mais on ne s’y passionne certainement pas.

Ces lieux sont plats, ennuyants, parce que soumis à une homogénéisation ridicule.

Heureusement, il y a encore les objets ramenés d’Afrique, qui rappellent que le bois vivant, la force du travail artisanal, la chaleur des rondeurs et le goût du désir sont bien plus vivants. Ils enveloppent ma moelle noire africaine comme rien ici ne peut le faire.
 
Tu étais là, il y a un instant

Ben, oui, mais je n'y suis plus. La règle, c'est l'indicatif. Pas d'imparfait, pas d'action mal ou non finie.

Mais là, où es-tu ?

Embourbé dans le présent

Mais alors, pas moyen d'en sortir ?

Non, je ne vois rien, pas d'horizon, pas de lignes de fuite

Tu veux dire qu'on ne peut pas sortir d'ici ?

Peut-être

Mais il doit bien avoir des guides, des passeurs, des tour-opérateurs, des panneaux, un GPS ?

On parle de temps, pas d'espace

Ah, parce que ce n'est pas pareil ?

Non. Le temps tourne en rond. Et puis, il ne te lâche pas

Mais c'est quoi le temps ?

L'enfance, non l'enfer

Et ?

Nous y sommes

Le piège d'une éternité entre l'enfer et l'enfance

Mais tu m'enlèves tout espoir !

Tant pis. Il ne faut rien demander au temps
 
c'est alors que nous montons dans l'ascenseur que cette bouffée de chaleur nous enveloppe. nous nous dévisageons surpris. c'est donc ça. le chemin vers la maison de raoul n'existe pas et nous voilà dans cette cuisine. moi allongé sur le flanc à même la table, toi sur la chaise qui étend tes jambes. je masse tes pieds. nous parlons longtemps. le temps disparait.

ce soir nous nous croisons à nouveau. le temps n'existe toujours pas.
nous sommes comme nous avons été.

je prendrais volontiers ton pied dans mes mains.
 
  • J’aime
Réactions: teo et CouleurSud
Une main vient de me réveiller , elle m'étouffe, quelque chose de froid frôle ma gorge .....
Qui est le cretin qui me fait cette blague a 2 balles?
Ce n'est pas une blague , je viens de comprendre , j'ai peur , je ne bouge plus.
Garder mon calme , contrôler la panique , répondre a ses questions.
Je fais quoi ?
Tout va vite dans ma tete, je calcule les possibilités , m'echapper ou rester ?
L'amadouer , rester en vie
Le laisse faire , ne plus parler , sa main m'etrangle ...fort
Fermer les yeux , immaginer cette main qui me touche appartenant a quelqu'un d'autre
Ne pas le regarder , penser que bientot il aura fini et qu'il va disparaître comme il est apparu : de nulle part en plein milieu de la nuit.
Il se leve , range son couteau , il part
Je m'approche de la fenetre , un'ombre cours a travers les arbres
Je cris .........longtemps :zen:
 
Je suis là, assise
Le soleil brule ma peau
J'attends
Rien

Le soleil...
Rien, il me brule

Il sèche ce qui s'est levé avant lui, la rosée et les larmes

Maintenant, il est au zénith

Le monde est là, en pleine lumière

Trop, peut-être

Je sais ce que j'attends

L'ombre

Le crépuscule

Et la nuit
 
Go West Young Man, disaient-ils

Bien sûr, je les ai parcouru ces chemins

Vers l'Océan

Je savais bien que le but était là

L'Océan

Mais là, Young Man

Tu n'as fait qu'arriver

Tu n'es pas au bout de ton voyage

Les choses deviennent plus difficiles quand tu arrives dans l'Ouest

Près de l'Océan

Ses vagues sont parfois hostiles

Young Man, prends garde à toi
 
  • J’aime
Réactions: PoorMonsteR
13h30, je sonne à ta porte.
les croissants promis.
tu ouvres.

dans la ville, la nuit est tombée, c'est l'hiver et les passants s'affairent avant le repas.
je t'invite à manger ? chez toi ?
tu es étonnée, tu es d'accord.

il est tard, il est l'heure.
je ne serai pas la demain

nos lèvres se rencontrent.
 
  • J’aime
Réactions: Aurélie85
Allongée sur ton petit lit, les yeux rivés au plafond ; le seul endroit lisse de la pièce. Une pièce sans placard, sans lavabo, avec une plaque électrique négligemment placée sur un micro-onde lui-même calé on ne sait comment sur une pile de cartons, avec toilettes et douche sur le palier. Une pièce que l’on appelle appartement quand on débarque de nulle part sans un sous et qu’on cherche à se trouver une voie. Un appartement situé à côté d’autres aux histoires étranges, comme tu viens de m’en faire part, avant que l’on s’ébatte, avant que tu t’endormes épuisé.
Les effets de l’herbe ne sont pas encore dissipés. Entre cette drogue inhalée et celle que le cerveau délivre en pleine jouissance, je ne suis pas encore reconnectée à mon corps. Mes rêveries s’envolent de part et d’autres de ce regard fixe. A quoi je pense ? Pas à nous, non, il n’y a pas de nous. Je pense au bien-être que je peux ressentir depuis que j’ai changée de façon de vivre. Un choix de vie qui me fait être une sal*pe puisque je suis une femme. Je pense à ce qu’on me dirait si j’étais un homme. Chanceux, probablement. Normal sûrement.
Multiplier les amitiés sexuelles, voilà à quoi je pense. Et surtout il n’y a pas de lendemain dans ces réflexions. Prendre ma revanche sur le sexe opposé, prendre du plaisir là où il m’a fait du mal. Je nargue son acte. Je regarde au dessus de moi et je le vois. Je lui sourit avec pitié et me moque du pouvoir qu’il pense avoir sur moi. Il n’existe pas. Ce n’est pas lui à mes côtés, ce n’est pas à lui que je me suis offerte, et ce n’est pas son essence qui m’a nourrit.
Mes yeux se closent. Je remonte le drap, laisse la chaleur intérieure me posséder.
Je suis.​
 
13h30, je sonne à ta porte.
les croissants promis.
tu ouvres.

dans la ville, la nuit est tombée, c'est l'hiver et les passants s'affairent avant le repas.
je t'invite à manger ? chez toi ?
tu es étonnée, tu es d'accord.

il est tard, il est l'heure.
je ne serai pas la demain

nos lèvres se rencontrent.

Je suis passé à 3H31, j'ai pas sonné j'ai frappé pour pas reveiller le chat,
Pas de victuailles, juste un clou rouillé dans la main,
Tu n'ouvres pas...
Dans la campagne, le jour se lève, c'est lété et y'a personne dans ce hameau paummé,
Je t'inviterai pas, y'a rien à bouffer, chez moi?
Pas d'étonnement tu sera négative à l'idée.

Il est tôt, pas maintenant,
Je serai là demain planté devant ta porte comme un nigaud,

pas de bisou....
:D
 
  • J’aime
Réactions: mado
Epuisés. Tout et rien à dire. Inutile. Moiteur. Symbiose aussi parfaite que possible.
Les regards ne trompent pas. Je vois que tu le vois. Je me sens comme un livre ouvert et tu sais que tout ça n'est pas possible pour toi. Je sais déjà que je ne te reverrai pas, même si on en a envie tout les deux.

Un moment.

Un thé à la menthe.

Encore un moment.

Une clope en marchant. Des mots simples. Comme si on se connaissait. Des pistes qui font envie et que l'on déguste juste pour se dire qu'on s'est reconnu et que seul le hasard à nouveau nous fera découvrir.

Je te laisse un peu plus loin. Je rentre sans me retourner et toi pareil. Je suis persuadé que j'ai bien fait de ne pas demander plus que ton prénom.

Ce moment et cette sensation de justesse m'emplisse de bonheur.
 
  • J’aime
Réactions: mado
Le vent a tourné au nord-est et la houle arrive

L'Océan s'est sculpté pour nous

Quelle belle journée !

Là, j'ai sorti le vieux pick-up, avec les planches

Je le sais d'avance, les Gauches seront pour nous les plis de l'être

L'accueil des choses

Avec le soleil

Et puis, ma roue a crissé

Le chat

J'ai freiné

Les mouches, innombrables, l'odeur

Le chat

Jamais vu ce chat

Noir, le poil brillant encore

Et le rictus de la souffrance. Bien sûr, le lanat

L'œuvre d'un petit homme

Mais les vagues sont là

Elles ne peuvent pas attendre

Je t'ai laissé à leur attention, avec ton museau déformé par la haine des petits

Et j'ai surfé

Et j'ai oublié ton martyr
 
  • J’aime
Réactions: Aurélie85
Le vent a tourné au nord-est et la houle arrive
L'air est resté droit, cap sud-ouest et la mer est plate comme une limande

L'Océan s'est sculpté pour nous
La terre s'en fou de nos tronches de cake

Quelle belle journée !
Quel temps de chien!

Là, j'ai sorti le vieux pick-up, avec les planches
Autre part, j'ai laissé le vélo dans le garage

Je le sais d'avance, les Gauches seront pour nous les plis de l'être
Je l'ignore, La droite ne sera pas pour toi le gonflement du ciprès

L'accueil des choses
L' inhospitalité du néant

Avec le soleil
Sans la pluie

Et puis, ma roue a crissé
Pas un pet de bruit

Le chat
Le chien?

J'ai freiné
J'ai accéléré

Les mouches, innombrables, l'odeur
Un parfum subtil de jasmin et de citronelle

Le chat
Le clébard

Jamais vu ce chat
C'est mon compagnon le plus fidèle

Noir, le poil brillant encore
Blanc comme neige, mais il se lave jamais

Et le rictus de la souffrance. Bien sûr, le lanat
Toujours joyeux

L'œuvre d'un petit homme
La merde d'un géant

Mais les vagues sont là
Qu'est-ce qu'elle fout la mer? Elle monte ou pas?

Elles ne peuvent pas attendre
Il est toujours préssé

Je t'ai laissé à leur attention, avec ton museau déformé par la haine des petits
Je t'ai pris pour ne pas qu'ils te voient, sans ton nez magnifique sculpté par la paix des grands

Et j'ai surfé
Je me suis noyé, j'ai coulé comme une pierre

Et j'ai oublié ton martyr
Je me rappelles très bien de ta joie et ton alegrèsse.
;)
:D
 
  • J’aime
Réactions: CouleurSud
L'air est resté droit, cap sud-ouest et la mer est plate comme une limande

La terre s'en fou de nos tronches de cake

Quel temps de chien!


Autre part, j'ai laissé le vélo dans le garage

Je l'ignore, La droite ne sera pas pour toi le gonflement du ciprès


L' inhospitalité du néant


Sans la pluie


Pas un pet de bruit


Le chien?


J'ai accéléré


Un parfum subtil de jasmin et de citronelle


Le clébard


C'est mon compagnon le plus fidèle


Blanc comme neige, mais il se lave jamais


Toujours joyeux


La merde d'un géant


Qu'est-ce qu'elle fout la mer? Elle monte ou pas?


Il est toujours préssé


Je t'ai pris pour ne pas qu'ils te voient, sans ton nez magnifique sculpté par la paix des grands


Je me suis noyé, j'ai coulé comme une pierre


Je me rappelles très bien de ta joie et ton alegrèsse.
;)
:D


Il m'arrive parfois de lire ici des textes qui sortent du commun

Et, donc, ma journée se colore

De quoi ?

D'une teinte d'une inquiétante étrangeté

Je lis et je relis

Je relis ce que j'avais lu

J'enlève les scories

Et là un nouveau texte apparaît

Comme dans un palimpseste

:)
 
Le taxi roule dans l'ocre des sodiums du périphérique. F. regarde défiler, contre les reflets de son visage, cette répétition indéfinie de rectangles jaunes. Cécité ironique de la lumière revisitée qui vient écrire l'équivalence des lieux. Le taxi s'engage dans la cour de l'hôtel. F. règle la course. Le hall de l'hôtel. Une fille à la réception. Elle téléphone. Et, d'un coup, le téléphone explose. F. regarde le corps de la fille qui s'éparpille en mille parcelles de couleurs qui viennent, après quelques mouvements grâcieux, se figer pour composer le tableau hyperréaliste de Ralph Goings "La glace au chocolat chaud"