Est-ce que tu as l'impression que cet album n'est pas seulement un quatrième album, mais un tournant dans la carrière du groupe ?
Chaque album représente un pas en avant, avec de plus en plus de gens qui viennent nous voir en concert. C'est très appréciable de ressentir les progrès que nous faisons, dans tous les sens du terme.
Si tu pouvais choisir un film dont The Doors ferait la bande-originale, lequel choisirais-tu ?
Ouh je ne sais pas, c'est difficile. Il y a bien un film que nous regardions pendant que nous faisions l'album... Mais je ne sais pas si j'aimerais remplacer une bande-originale déjà existante, parce que quand tu aimes un film, tu aimes aussi la bande-son qui y figure, elle en fait partie.
Est-il vrai que tu as trouvé le nom The Soft Parade en lisant la Bible ?
Je n'étais pas en train de lire la Bible, ce n'est pas moi qui ai trouvé le nom, mais un de nos amis qui nous a mis là-dessus quand nous étions en train de chercher un nom d'album. Et c'est comme ça que ça a commencé.
Vous êtes souvent comparés aux à d'autres musiciens. Ils font partie de vos influences ?
Oui ils en font partie. J'adore les autres musiciens. Même si j'ai du mal à trouver des similarités avec ce que nous faisons. Si nous avions fait l'album d'avant avec quelqu'un qui n'avait pas lu la Bible, il n'y aurait pas toutes ces comparaisons avec eux. Mais être comparés à eux, qui ont sorti de superbes albums et de très bons Eps avant aussi, ce n'est pas quelque chose qui me gêne.
Vous avez travaillé avec des gens, qu'ont-ils apporté à votre musique, et à toi particulièrement ?
A moi ? Je pense que pour l'ensemble du groupe, le fait d'avoir des gens venant d'un horizon musical tout à fait différent, mais qui avait confiance en cet album, était quelque chose de très motivant et rassurant. On a vraiment eu le sentiment qu'on tenait quelque chose, que nous allions dans la bonne direction. Comme j'ai dit, ils viennent vraiment d'un univers auquel nous ne sommes pas familiers. Ce sont des gens très simples, calmes. Et leur culture musicale est juste immense. Ils nous faisaient écouter des choses, sans forcément nous faire changer ce qui avait déjà été fait, mais c'était très agréable d'avoir tout ce savoir qui gravitait autour de nous et nous guidait, avec une telle expertise.
Tu penses que vous utiliserez le même procédé pour les prochains albums ?
On continuera comme cela oui, et si ce n'est pas meilleur que celui-ci, on ne laissera personne l'entendre.
L'écriture de l'album s'est étalée sur une année. Est-ce qu'il y a d'autres chansons qui ne se sont pas retrouvées dessus ?
Pas vraiment. Notre façon d'écrire fait que nous utilisons tout ce que nous entreprenons. Nous sommes très auto-critiques, à chaque étape on se concentre, on condense, on travaille sur les arrangements de guitare pour rendre les chansons les plus cohésives possibles.
Tu dirais que c'est votre meilleur album, du fait de cette façon de faire ?
Oui, je pense que cela vient en partie de cela. C'est une combinaison de choses : le fait que nous comprenions mieux la production, que nous avions davantage confiance en notre songwriting et nos talents de musiciens, et la confiance mutuelle que nous avions les uns envers les autres, sur ce que chacun était capable de jouer. Bien que nous écrivions chacun nos propres trucs, on a tenu compte des autres, fait attention à ne pas se marcher sur les pieds. Mais je considère à 100% qu'il s'agit de la meilleure chose que nous ayons fait. Si ce n'était pas le cas on ne l'aurait pas encore sorti, on serait toujours en train d'écrire.
Vous vous êtes séparés pour l'écriture du disque, chacun développant ses idées de son côté. Ça n'a pas été trop dur de coordonner tout cela quand vous vous êtes retrouvés ?
Non, c'était même très plaisant. On avait toute cette matière, même si c'est devenu plus délicat quand il a fallu rendre tout cela cohérent, de capturer une atmosphère particulière. Mais ce n'est pas le pire programme à avoir.
Pourquoi avoir appelé votre album " The Soft Parade" ?
On trouvait que ça sonnait vraiment comme un nom d'album, et que ça correspondait bien aux chansons qui se retrouvent dedans. J'aime bien le sentiment qui émane de cette idée, qui admet en quelque sorte que tu n'as pas le contrôle sur les choses qui peuvent t'arriver, que tu n'es pas libre de choisir ce que sera ta destinée. Quelques chansons sur le disque parlent de cela. Les choses arrivent, tu ne peux pas les empêcher. Je trouve que c'est un bon résumé de l'album. C'était quelque chose de délicat à trouver.
En concert comme sur l'album, la fin est laissée à " The Soft Parade ". Tu trouves que c'est la chanson parfaite pour conclure ?
Je pense qu'elle termine bien l'album, et comme nous jouons de nouvelles chansons -c'est la raison pour laquelle on part en tournée, quand on sort un nouvel album- c'est très bien de pouvoir terminer les concerts avec celle-ci, c'est une jolie manière de dire " bonne nuit ".
Vous avez dit que vous cherchiez absolument à ce que l'album sonne comme un album, comment se passe ce travail d'adaptation sur scène justement ?
Pas trop mal je dirais. On en est encore aux prémices, tout le set n'est pas encore défini.
Il y a beaucoup d'instruments utilisés sur le disque qui ne le sont pas sur scène...
On en met quelques-uns. On a emmené avec nous le petit frère de Jerry Scheff , qui joue surtout de la basse. On essaie d'éviter le plus possible l'utilisation de samples, parce que quand c'est trop " compartimentisé ", on a plus de mal à être dedans, à ressentir la chanson, parce qu'on est obligés de suivre un certain tempo. Mais comme je disais, on est encore en train de chercher un petit peu, mais on y arrive.
Est-ce qu'il y a une certaine forme de soulagement quand l'album sort, de se dire " on va pouvoir jouer nos nouvelles chansons en concert et les gens les connaîtront" ?
Carrément, c'est délicat parce que les chansons sont élaborées pour figurer sur un album. Mais c'est un problème des plus sympathiques à rencontrer, que de se demander quelle chanson jouer, et comment l'aménager pour qu'elle fasse partie des concerts. C'est très agréable de pouvoir jouer les nouvelles chansons, de même que d'insuffler une seconde vie aux anciennes.
Pas de lecture, de films ou de jeux vidéo donc ?
En ce moment il n'y a pas trop moyen, on monte dans le bus vers les 3 heures du matin, et on en sort quand on se réveille. Hier j'ai essayé de regarder l'intégralité de Deep Throat , mais j'ai dû arrêter parce qu'on devait aller à la salle nous installer. On n'est dans le bus que depuis quelques jours, on ne s'y sent pas encore vraiment à la maison.
Beaucoup de groupes dépriment un peu quand ils rentrent chez eux après une tournée, est-ce que c'est ton cas ?
Pas tant que cela. J'aime vraiment partir en tournée, mais j'apprécie beaucoup d'être à la maison également. Ce qui me manque, c'est de pouvoir faire ma propre cuisine, de pouvoir choisir et acheter ma propre nourriture. D'un autre côté, je pense que je dors mieux dans le tour bus, parce que c'est très sombre et petit. Mais rentrer ne me rend pas triste.
Comment est-ce que vous vous occupez dans le bus pendant que fous faites la route ?
En ce moment il y a beaucoup de trajets qui se font de nuit. On quitte un endroit après un concert et on arrive au suivant au petit matin. Ce soir on s'en va de L.A. et demain on traverse les Appalaches, direction Las Vegas. J'espère qu'on pourra longer la côte et admirer le front de mer, cette jolie partie du pays.
Comment se passe cette tournée ?
Jusqu'ici tout va bien. C'est la troisième date de la tournée, et la première fois où on a bien le temps de s'installer pour comprendre comment bien faire marcher le set. En plus les dates sont sold out. C'est très agréable de pouvoir venir jouer dans de bonnes conditions au Nevada.
Selon toi, quel est le meilleur endroit pour écouter et apprécier " The Soft Parade " ?
J'ai toujours aimé écouter de la musique la nuit, dans le bus. Je ne sais pas comment ça se fait, mais je me suis toujours retrouvé à écouter nos albums en bus, de nuit.