M
Membre supprimé 2
Invité
Une personnes (dont je ne me rapelle plus le nom) avait mis en ligne plusieurs messages sur la typographie, qui était très intéressants et très bien documentés. J'avais récupéré la majorité (l'essentiel) du contenu en ayant enlevé les passages où l'auteur discutait avec des membres du forum pour ne garder que ce qui touchait directement à la typo. Je le remet donc en ligne en rapellant que le sujet intial portait sur les choix typo concernant un document technique.
En résumé, les règles de bases :
une bonne police de texte (serif ou empattement) pour les textes
une bonne police de titrage (sans serif, bâton) pour les titres.
Ça se sont les principes, mais les choses sont plus nuancées que ça
Je préconise en général d'appliquer les règles de bases énoncées plus haut, y compris pour ton type de documents.
Mais , ces règles peuvent être amendées, dans le cas d'un rapport technique ou scientifique, tout dépend :
beaucoup du rapport entre le volume des textes courants par rapport au volume des titres.
un peu du sujet et des destinataires et de la qualité de ce qu'on a à défendre.
Mais les règles qui s'appliquent aux textes en général pourrait être contestées dans ce type de documents car les paragraphe de textes courants sont rarement trés développés. Et que la part des titres et sous titre par rapport aux textes, est généralement disproportionnée.
La pensée dominante vise à rendre les documents scientifiques bien raides, voire rigide bref rigoureux jusqu'à la trique (d'ou l'utilisation des polices bâtons)
Et que les caractères à empattements seraient réservés aux travaux littéraires je crains qu'il s'agisse de conformisme typographique.
La science étant une chose trop sérieuse pour la laisser aux scientifiques, je préconise tous les jours qu'un document technique doit lui aussi flatter le regard, stimuler le plaisir du beau et de l'élégance.
Cette dychotomie qui consisterait à affirmer par principe qu'un texte scientifique doit être soporifique, est un appauvrissement de la culture typographique.
Voilà pour les critères subjectifs.
En dehors des critères esthétiques, il y a des critères encore plus importants : Écrire pour être lu.
Et si on veut être lu le seul souci typographique à avoir est celui de la LI SI BI LI TÉ.
(Vous remarquerez au passage, qu'écrire en capitale n'est pas le gage de la lisibilité mais le contraire donc on oublies les majuscule, et vivent les polices qui disposent d'au moins trois graisses différentes light/book/bold par exemple et on joue sur les changements de corps pour les titres).Donc critère absolue : la lisibilité.
Lorsque les paragraphes de textes sont plutôt longs (articles, journaux, revues, bouquins) les polices à empattements s'imposent par leur lisibilité.
Les empattements, précisément, servent à identifier beaucoup plus rapidement les caractères ils font donc gagner du temps à la reconnaissance des caractères par l'il qui doit les parcourir le plus vite possible.
Les test de lisibilité fait par Richeaudeau confirment cela largement.
Les polices bâtons ont été modernes dans les années 20-30 à l'époque ou tout devait être dessiné dans des lignes et des cercles parfaits (comme les architectures de l'époque vous savez ? les grands grands ensembles par exemple ). Aujourd'hui cette rigidité mériterait d'être contestée en architecture comme en typographie
Bref, les polices bâtons pour les textes, c'est à force d'être moderne, ça finit même par être limite ringue
La règle générale pour la lisibilité des textes, dans les pays qui ont notre culture typographique, est d'utiliser des polices à empattements. Cela fait cinq siècles que ça dure, c'est peut être pas le fruit du hasard.
Deux familles de ces polices là ce démarquent :
les Garaldes : la plus célèbre est incontestablement le Garamond (1550 environ), dont on trouve de nombreuses variantes. Ce sont des polices a trés forte lisibilités et dont le dynamisme varie selon les fondeurs ou le dessin original (de Claude Garamond ou de Jeannon, dessinateurs originaux, déclinés par Itc, Adobe, Simoncini, Amsterdam, ). Ces variantes, sont à la fois riches et porteuses de différences mais on reconnait toujours un garamond pour sa classe et son élégance.
Parmi les Garaldes, on trouvera aussi :
- le Caslon (1720)
- le Bembo (1495)
- le Sabon (1965)
- le Century old style (1906)
- le Galiard (1978)
Ces polices se prêtent aussi bien pour des livres, des rapports, des articles, des manuels, des mémos, des lettres ou des journaux
Certaines de ces polices se déclinent avec 4, 6 ou 8 graisses différentes : light, book, bold, et ultra (avec leur version italique respectives) chez le Garamond ITC par exemple.
Qui se double avec des version condensées soit 16 polices.
Cette richesse des Garamonds, permet d'en faire une police à la fois de titrage et de texte.
Associer du texte en Garamond light (corps 12 ou 13) avec des intertitre en Garamond bold (corps 14 ou 16) peut être une bonne idée.
Le Garamond ITC, avec l'Ultra se prête trés bien aux gros titres.
Donc on peut rester dans la même famille de caractères, avec cette police qui est se prête aux sujets scientifiques comme littéraires. ndlr : point de vue subjectif et revendiqué ]
On pourra employer pour les titres plus importants, une police sans empattement (souvent relativement peu lisible en textes courants dans tous les cas de figure, même pour un rapport technique, je le crains) type Gill Sans ultra ou Bold), Futura Heavy ou Extra) pour créer un double choc visuel sur la forme des caractères d'une part, et sur la graisse d'autre part), ou encore l'Eras, voire le Block Ultra pour de violents effets de contraste.
Pour ma part, j'ai une prédilection pour la combinaisons des Garamond avec les Frutiger.
Ou bien le Garamond et le Copperplate qui est une police de titrage dont les bas de casses (minuscules) sont plutôt des petites capitales
l'autre famille de polices de texte, à empattement ou sérif, selon l'expression adéquate, est appelée Réales.
Elles sont réputées plus sérieuses ou moins romantiques que les Garaldes.
Parmi ces polices on comptera :
- le Times (à priviligier dans sa version new roman si on l'a) mais beaucoup trop vu et manquant de dynamisme pour le coup
- le Baskerville et New Baskerville - l'Antiqua - le New century schoolbook - le Novarese
Ces polices Réales à réserver vraiment pour les textes (les Times en titres sont abominables), se combinent bien avec des polices bâtons trés géométriques comme l'Avant garde, mais surtout les Franklin Gothic, l'Helvetica ou l'Univers, Swiss
Pour sortir des sentiers battus
Trois familles de polices remarquables ont été créé par Sumner Stone au début de la PAO dans les années 80.
Stone serif Stone sans (tout à fait remarquable pour ce type de document)
Stone informal
Pour un rapport scientifique ou technique : on peut les combiner entre elles selon la règle suivante
Stone Sans pour les titres
Stone Sans ou Stone Sérif, pour les textes.
Ces trois familles sont déclinées en
Medium
Semi bold
Bold
(avec leurs italiques respectives).
Elles sont à mon avis parfaites pour des rapports de natures techniques ou scientifiques.
Elles combinent élégance, simplicité et évidence telles qu'ils peuvent paraître idéaux pour ce type d'usage.
Ils se prêtent bien, aussi à la signalétique, et aux présentations powerpoint ou aux sites web.
Ce sont des exemples d'associations, mais ce qui est important, c'est que l'auteur du rapport, trouvre sa propre combinaison celle qui reflête au mieux son message, sa personnalité et le lectorat auquel il s'adresse.
Le jour où tu aura trouvé cette combinaison optimum, tu risques la garder longtemps.
Sensibilité typographique oui
Mais résister aux tentations [charybde]
Tu semble avoir pleinement conscience des écueils, ton but est louable, c'est précisément ce que j'attends de mes étudiants aussi
En effet, il ne n'agit pas de faire de l'improvisation typo sous prétexte que nous disposons d'un choix considérable à portée de main (Non, les titres en Algerian, police utilisée pour les enseigne des cafés aux États unis, n'est pas faites pour faire des titres dans un mémoire question qui m'a été posée en Dess la semaine dernière). On imagine mal des titres dans une polices type Art Nouveau et des textes en caractères gothique en effet
et aux académismes universitaires [scylla]
Une question toutefois il est assez facilement convenu qu'un rapport académique se situe entre 70 et 100 pages en effet.
Il me semble que ces notions de pages sont obsolètes, elles reposent sur un modèle défini du temps des machines à écrire ou les rapports et thèses devaient être composés sur la base de 30 lignes de 50 signes soit 1 500 signes par page en recto simple.
Soit un volume de texte d'environ 105 000 à 150 000 signes.
Depuis 18 ans l'agence scoop a beaucoup travaillé cette question de l'ingénierie et du design éditorial universitaire (même si la presse est notre spécialité) et nous avons décidé de violer délibérement et sans mauvaise conscience toutes les règles en vigueur pour redonner à la lisibilité toutes ses lettres de noblesses.
Nous avons conçu la charte éditoriale de quelques départements universitaires ou labo de recherches du Cnrs montons allègrement jusqu'à 4500 signes par page pour les thèses soit 9000 par feuilles (six fois plus que les normes en vigueur, par l'utilisation de polices, de corps, d'interlignages, et de empagement trés calculés), en ne nous contentant pas d'une seule face des pages imprimées.
Les bouquins, les journaux, sont imprimés en recto verso y a pas de raison que les rapports, les brochures professionnelles et les thèses de le soient pas.
Et je peux t'assurer que les jury de thèse de doctorat ont préféré les 1086 grammes soit 250 feuilles recto verso, avec des onglets, des index et des notes de bas de pages de la thèse de Jean-Michel Larrasquet sur l'entreprise à la recherche du complexe, soutenue en février 1997 que les sept volumes de 500 pages pièces (soit 3 500 feuilles et un peu plus de 18 kg de papier) qu'il avait posé sur mon bureau un jour d'octobre 96 en me disant tu crois qu'on peut en tirer quelque chose ?'. On a pu lol.
Non seulement le jury ne s'est pas préoccupé de savoir si les règles avaient été violées mais il a particulièrement apprécié la forme du travail qui donnait encore plus de sens à un contenu remarquable.
Car une typographie doit être mise au service d'un contenu. Un mauvais contenu hypervalorisé deviendra encore plus flagramment mauvais. Par contre, nombre de travaux brillants passent à côté du public qu'ils méritent pour n'avoir pas été suffisamment mis en scène.
Ce qui me parait important finalement, ce n'est pas le nombre de pages. C'est la qualité de l'information, sa valorisation, la façon de naviguer à l'intérieur et d'accéder rapidement à l'information (rôle de la titraille, et de tous les élements visuels (fonds tramés, repères de couleurs, onglets sur les côtés qui permettront, rien qu'en regardant la tranche, de savoir dans quel chapitre on est ).
Savoir faire court [faudrait que j'apprennes moi même
Un rapport de 16 pages par une mise en forme audacieuse, peut contenir plus d'information qu'une centaine de pages classiques.
Ces frais de reproduction et de stockage étant moindre (en photocopie, en manutention, en frais d'expédition, en volume occupé dans les bibliotèques), on peut se permettre l'audace de l'imprimer sur une imprimante numérique type Chromapress (de chez Agfa) pour une qualité d'impression et visuelle hors du commun.
Les photos et les graphiques en couleurs, valorisent l'information textuelle.
Ou sur une Docutext de chez Xéros, pour un tirage noir et blanc (à 600 dpi) une qualité finalisé remarquable pour un coût raisonnable et un gain de temps d'impression, surtout si on parle de recto-verso tout à fait remarquables.
Bref, même si ce n'est pas pour le rapport du jour ton intention témoigne de ton intêret pour la valorisation de ta production. Et même si cela prend du temps, cet investissement est payant sur le long terme.
Valorisation des contenus et environnement
Au passage je ferais observer que diviser par 4 ou 6 le volume des rapports, et thèses bien mis en scène à deux effets évidents :
la valorisation du contenu, améliore la probabilité d'être lu, reconnu et compris (même si ça ne suffit pas, c'est une condition nécessaire à défaut d'être suffisante)
l'environnement à tout à gagner à la diffusion à la réduction de la consommation de papier, d'eau et d'arbres qui servent à sa fabrication c'est une dimension à laquelle nous sommes assez sensible ici au Pays basque, nous qui bénéficions encore d'un environnement mieux protégé qu'ailleurs.
Revenons à la typo un instant
Je professe qu'on peut à la fois utiliser de belles polices sans faire preuve de conformisme.
Le times courant (celui d'Apple ou de crimosoft) est d'abord archi rebattu et ensuite on ne dispose pas de suffisamment de graisses pour faciliter les variations.
Parmi les polices textes méconnues mais intéressantes on peut aussi citer le Weideman de chez ITC (qui as l'avantage d'assez bien optimiser l'espace pour faire rentrer beaucoup de texte dans peu de volume).
Une police aussi intéressante, mais qui exige, des imprimantes laser d'au moins 600 dpi, voire plus, pour visualiser sa finesse est l'Optima. Une police bâton, certes, mais dont les fûts évasés ont une remarquable élégance
Certaines de ces fontes sont trouvables dans le domaine public ou ont été repris par des fondeurs grands publics à des prix accessibles (sous des noms légèrement différent, histoire quand même de pas se faire poursuivre pour violation du copyright sans trop se fatiguer à créer des polices comme ont su si bien le faire Adrian Frutiger, Heman Zafp ou Sumner Stone et bien d'autres). Même si ces solutions sont financièrement accessibles il est manifeste que ces polices ont rarement la grâce de celles qui leur ont servi de modèle mais elles permettent de se s'initier à moindre coût avec la belle typo.
quote:
------------------------------------------------------------------------
De plus je compte inclure des illustrations, tableaux, assez régulièrement (sans compter les annexes) : quelle police vous me conseillez pour les légendes ?
------------------------------------------------------------------------
Les principes que j'applique dans mes maquettes c'est le choix de deux familles de caractères en général.
Une pour tous les textes, de quelques natures qu'ils soient :
textes courants
citation
énumérations
encadrés
notes
bibliographies
Une pour toute la titraille :
gros titres
surtitres et sous titres
intertitres
signatures
appels de notes
légendes
crédits photos ou références de tableaux
Dans le cas des mémoires et des thèses, on déclinera les chapitres, parties, sous parties, sections et sous sections en partant de graisses Ultra pour descendre vers le Bold par exemple, tout en réduisant les corps au passage de l'un à l'autre, et par la combinaison idéale des deux.
Dans ma charte visuelle, je rajoute une troisième police qui me sert exclusivement pour donner les titres généraux des ouvrages en premiere de couverture (j'ai une grande affection pour le Baker signet personnellement)
Les légendes
Donc les légendes font partie des titres (des bold, ou mieux des semi bold quand ils existent, se prêtent bien à l'écriture des légendes, dans des petits corps).
Les tableaux
Si les tableaux comportent essentiellement des chiffres, une police sans empattement est recommandée ou bien une police mécanes (square serif) comme les Glypha, Lubalin, Helvetica light et black, histoire d'alterner résultats et données ordinaires, ou Franklin Gothic book et heavy. Bref, des polices Mécanes ou Sans Serif sont recommandées.
Dans ce cas là, histoire de garder une cohérence visuelle, pourquoi ne pas faire appel à la même police pour les titres et la réalisation de tableaux ? sauf pour les parties contenant des textes ou des commentaires (alors on pourra à nouveau faire appel à la police des textes).
Stone, le monde est stone
quote:
------------------------------------------------------------------------
La police Stone Sans à l'air adaptée, mais est-ce vraiment agréable à la longue ?
------------------------------------------------------------------------
Le Stone Sans (et accessoirement informal ou serif) est encore méconnu par le grand public. Ta contribution à son utilisation ne devrait provoquer une lassitude des lecteurs avant plusieurs années, même si tu produit beaucoup de documents lol
Je penses que cette police peut aussi être tout aussi optimum pour la réalisation de tableaux, de lexiques, de dictionnaires ce ne sont pas des polices outrancières, mais ce sont des polices audacieuses mais finalement, elle contribue à faciliter la lecture, de ce type documents qui généralement manquent de lisibilité et de personnalité.
Pour désigner la lisibilité, les anglo saxons utilisent deux mots différents :
readibility
legibility
Ces deux mots implique une lisibilité typographique et une lisibilité linguistique et ces deux notions atteignent leur quintescence dans l'esthétique.
Une affiche 4/3 doit être lisible en effet ce qui n'est pas toujours le cas. Mais admettons qu'elle le soit. L'utilisation d'un Bodoni Poster (caractère Didone) à empattements aplatis (entre autre) sera magnifiquement lisible sur une affiche et beau à regarder. Mais appliqué à une page de texte, il te provoquera une migraine dont tu te souviendra.
Il faut provoquer l'intérêt en effet, mais cet intérêt repose sur :
tout d'abord la qualité du texte
la qualité de la typograpie choisie (son originalité certes, mais la manière dont on la met en uvre est au moins aussi importante : corps, interlignagne, approche des caractères, gestion des blancs entre les mots, gestion des espaces avant et après les paragraphes, alinéas ou pas
la mise en scène de la page, ces petits repères visuels qui attirent l'attention, te donnent envie d'y plonger, en surfant sur la titraille avant d'aller t'étendre auprès du texte pour y retrouver le réconfort.
Dans ma tête, lisibilité rime avec sensualité, et même l'annuaire retrouvera une force attractive s'il est bien mis en scène. Mais c'est pas pour l'histoire qu'il te passionnera.
D'accord avec Vieux Mac-user sur la cohérence forme fond et la notion de conflit interne. Avons nous horreur des conflits ? sans doute, mais de la tension entre deux familles complémentairement opposées naissent des dynamiques.
Cette alchimie m'a pris des années pour décoder les bonnes associations, et c'est une quête permanente, sans cesse remise en question
Utiliser une Garalde et une Réale pour alterner les titres et les textes produiraient un conflit improductif, une absence de repère, et aboutirait à la confusion des sens.
Je te rejoins sur le fait que lorsque notre il perçoit ce type de conflits stériles entre deux polices mal choisies (ou une seule parfois suffit à t'ennuyer à mourrir) alors tu n'as qu'une seule envie au bout de trois ou quatre pages, reposer le livre, et passer à autre chose. (Ça m'arrive avec un livre sur sept à peu près).
En résumé, les règles de bases :
une bonne police de texte (serif ou empattement) pour les textes
une bonne police de titrage (sans serif, bâton) pour les titres.
Ça se sont les principes, mais les choses sont plus nuancées que ça
Je préconise en général d'appliquer les règles de bases énoncées plus haut, y compris pour ton type de documents.
Mais , ces règles peuvent être amendées, dans le cas d'un rapport technique ou scientifique, tout dépend :
beaucoup du rapport entre le volume des textes courants par rapport au volume des titres.
un peu du sujet et des destinataires et de la qualité de ce qu'on a à défendre.
Mais les règles qui s'appliquent aux textes en général pourrait être contestées dans ce type de documents car les paragraphe de textes courants sont rarement trés développés. Et que la part des titres et sous titre par rapport aux textes, est généralement disproportionnée.
La pensée dominante vise à rendre les documents scientifiques bien raides, voire rigide bref rigoureux jusqu'à la trique (d'ou l'utilisation des polices bâtons)
Et que les caractères à empattements seraient réservés aux travaux littéraires je crains qu'il s'agisse de conformisme typographique.
La science étant une chose trop sérieuse pour la laisser aux scientifiques, je préconise tous les jours qu'un document technique doit lui aussi flatter le regard, stimuler le plaisir du beau et de l'élégance.
Cette dychotomie qui consisterait à affirmer par principe qu'un texte scientifique doit être soporifique, est un appauvrissement de la culture typographique.
Voilà pour les critères subjectifs.
En dehors des critères esthétiques, il y a des critères encore plus importants : Écrire pour être lu.
Et si on veut être lu le seul souci typographique à avoir est celui de la LI SI BI LI TÉ.
(Vous remarquerez au passage, qu'écrire en capitale n'est pas le gage de la lisibilité mais le contraire donc on oublies les majuscule, et vivent les polices qui disposent d'au moins trois graisses différentes light/book/bold par exemple et on joue sur les changements de corps pour les titres).Donc critère absolue : la lisibilité.
Lorsque les paragraphes de textes sont plutôt longs (articles, journaux, revues, bouquins) les polices à empattements s'imposent par leur lisibilité.
Les empattements, précisément, servent à identifier beaucoup plus rapidement les caractères ils font donc gagner du temps à la reconnaissance des caractères par l'il qui doit les parcourir le plus vite possible.
Les test de lisibilité fait par Richeaudeau confirment cela largement.
Les polices bâtons ont été modernes dans les années 20-30 à l'époque ou tout devait être dessiné dans des lignes et des cercles parfaits (comme les architectures de l'époque vous savez ? les grands grands ensembles par exemple ). Aujourd'hui cette rigidité mériterait d'être contestée en architecture comme en typographie
Bref, les polices bâtons pour les textes, c'est à force d'être moderne, ça finit même par être limite ringue
La règle générale pour la lisibilité des textes, dans les pays qui ont notre culture typographique, est d'utiliser des polices à empattements. Cela fait cinq siècles que ça dure, c'est peut être pas le fruit du hasard.
Deux familles de ces polices là ce démarquent :
les Garaldes : la plus célèbre est incontestablement le Garamond (1550 environ), dont on trouve de nombreuses variantes. Ce sont des polices a trés forte lisibilités et dont le dynamisme varie selon les fondeurs ou le dessin original (de Claude Garamond ou de Jeannon, dessinateurs originaux, déclinés par Itc, Adobe, Simoncini, Amsterdam, ). Ces variantes, sont à la fois riches et porteuses de différences mais on reconnait toujours un garamond pour sa classe et son élégance.
Parmi les Garaldes, on trouvera aussi :
- le Caslon (1720)
- le Bembo (1495)
- le Sabon (1965)
- le Century old style (1906)
- le Galiard (1978)
Ces polices se prêtent aussi bien pour des livres, des rapports, des articles, des manuels, des mémos, des lettres ou des journaux
Certaines de ces polices se déclinent avec 4, 6 ou 8 graisses différentes : light, book, bold, et ultra (avec leur version italique respectives) chez le Garamond ITC par exemple.
Qui se double avec des version condensées soit 16 polices.
Cette richesse des Garamonds, permet d'en faire une police à la fois de titrage et de texte.
Associer du texte en Garamond light (corps 12 ou 13) avec des intertitre en Garamond bold (corps 14 ou 16) peut être une bonne idée.
Le Garamond ITC, avec l'Ultra se prête trés bien aux gros titres.
Donc on peut rester dans la même famille de caractères, avec cette police qui est se prête aux sujets scientifiques comme littéraires. ndlr : point de vue subjectif et revendiqué ]
On pourra employer pour les titres plus importants, une police sans empattement (souvent relativement peu lisible en textes courants dans tous les cas de figure, même pour un rapport technique, je le crains) type Gill Sans ultra ou Bold), Futura Heavy ou Extra) pour créer un double choc visuel sur la forme des caractères d'une part, et sur la graisse d'autre part), ou encore l'Eras, voire le Block Ultra pour de violents effets de contraste.
Pour ma part, j'ai une prédilection pour la combinaisons des Garamond avec les Frutiger.
Ou bien le Garamond et le Copperplate qui est une police de titrage dont les bas de casses (minuscules) sont plutôt des petites capitales
l'autre famille de polices de texte, à empattement ou sérif, selon l'expression adéquate, est appelée Réales.
Elles sont réputées plus sérieuses ou moins romantiques que les Garaldes.
Parmi ces polices on comptera :
- le Times (à priviligier dans sa version new roman si on l'a) mais beaucoup trop vu et manquant de dynamisme pour le coup
- le Baskerville et New Baskerville - l'Antiqua - le New century schoolbook - le Novarese
Ces polices Réales à réserver vraiment pour les textes (les Times en titres sont abominables), se combinent bien avec des polices bâtons trés géométriques comme l'Avant garde, mais surtout les Franklin Gothic, l'Helvetica ou l'Univers, Swiss
Pour sortir des sentiers battus
Trois familles de polices remarquables ont été créé par Sumner Stone au début de la PAO dans les années 80.
Stone serif Stone sans (tout à fait remarquable pour ce type de document)
Stone informal
Pour un rapport scientifique ou technique : on peut les combiner entre elles selon la règle suivante
Stone Sans pour les titres
Stone Sans ou Stone Sérif, pour les textes.
Ces trois familles sont déclinées en
Medium
Semi bold
Bold
(avec leurs italiques respectives).
Elles sont à mon avis parfaites pour des rapports de natures techniques ou scientifiques.
Elles combinent élégance, simplicité et évidence telles qu'ils peuvent paraître idéaux pour ce type d'usage.
Ils se prêtent bien, aussi à la signalétique, et aux présentations powerpoint ou aux sites web.
Ce sont des exemples d'associations, mais ce qui est important, c'est que l'auteur du rapport, trouvre sa propre combinaison celle qui reflête au mieux son message, sa personnalité et le lectorat auquel il s'adresse.
Le jour où tu aura trouvé cette combinaison optimum, tu risques la garder longtemps.
Sensibilité typographique oui
Mais résister aux tentations [charybde]
Tu semble avoir pleinement conscience des écueils, ton but est louable, c'est précisément ce que j'attends de mes étudiants aussi
En effet, il ne n'agit pas de faire de l'improvisation typo sous prétexte que nous disposons d'un choix considérable à portée de main (Non, les titres en Algerian, police utilisée pour les enseigne des cafés aux États unis, n'est pas faites pour faire des titres dans un mémoire question qui m'a été posée en Dess la semaine dernière). On imagine mal des titres dans une polices type Art Nouveau et des textes en caractères gothique en effet
et aux académismes universitaires [scylla]
Une question toutefois il est assez facilement convenu qu'un rapport académique se situe entre 70 et 100 pages en effet.
Il me semble que ces notions de pages sont obsolètes, elles reposent sur un modèle défini du temps des machines à écrire ou les rapports et thèses devaient être composés sur la base de 30 lignes de 50 signes soit 1 500 signes par page en recto simple.
Soit un volume de texte d'environ 105 000 à 150 000 signes.
Depuis 18 ans l'agence scoop a beaucoup travaillé cette question de l'ingénierie et du design éditorial universitaire (même si la presse est notre spécialité) et nous avons décidé de violer délibérement et sans mauvaise conscience toutes les règles en vigueur pour redonner à la lisibilité toutes ses lettres de noblesses.
Nous avons conçu la charte éditoriale de quelques départements universitaires ou labo de recherches du Cnrs montons allègrement jusqu'à 4500 signes par page pour les thèses soit 9000 par feuilles (six fois plus que les normes en vigueur, par l'utilisation de polices, de corps, d'interlignages, et de empagement trés calculés), en ne nous contentant pas d'une seule face des pages imprimées.
Les bouquins, les journaux, sont imprimés en recto verso y a pas de raison que les rapports, les brochures professionnelles et les thèses de le soient pas.
Et je peux t'assurer que les jury de thèse de doctorat ont préféré les 1086 grammes soit 250 feuilles recto verso, avec des onglets, des index et des notes de bas de pages de la thèse de Jean-Michel Larrasquet sur l'entreprise à la recherche du complexe, soutenue en février 1997 que les sept volumes de 500 pages pièces (soit 3 500 feuilles et un peu plus de 18 kg de papier) qu'il avait posé sur mon bureau un jour d'octobre 96 en me disant tu crois qu'on peut en tirer quelque chose ?'. On a pu lol.
Non seulement le jury ne s'est pas préoccupé de savoir si les règles avaient été violées mais il a particulièrement apprécié la forme du travail qui donnait encore plus de sens à un contenu remarquable.
Car une typographie doit être mise au service d'un contenu. Un mauvais contenu hypervalorisé deviendra encore plus flagramment mauvais. Par contre, nombre de travaux brillants passent à côté du public qu'ils méritent pour n'avoir pas été suffisamment mis en scène.
Ce qui me parait important finalement, ce n'est pas le nombre de pages. C'est la qualité de l'information, sa valorisation, la façon de naviguer à l'intérieur et d'accéder rapidement à l'information (rôle de la titraille, et de tous les élements visuels (fonds tramés, repères de couleurs, onglets sur les côtés qui permettront, rien qu'en regardant la tranche, de savoir dans quel chapitre on est ).
Savoir faire court [faudrait que j'apprennes moi même
Un rapport de 16 pages par une mise en forme audacieuse, peut contenir plus d'information qu'une centaine de pages classiques.
Ces frais de reproduction et de stockage étant moindre (en photocopie, en manutention, en frais d'expédition, en volume occupé dans les bibliotèques), on peut se permettre l'audace de l'imprimer sur une imprimante numérique type Chromapress (de chez Agfa) pour une qualité d'impression et visuelle hors du commun.
Les photos et les graphiques en couleurs, valorisent l'information textuelle.
Ou sur une Docutext de chez Xéros, pour un tirage noir et blanc (à 600 dpi) une qualité finalisé remarquable pour un coût raisonnable et un gain de temps d'impression, surtout si on parle de recto-verso tout à fait remarquables.
Bref, même si ce n'est pas pour le rapport du jour ton intention témoigne de ton intêret pour la valorisation de ta production. Et même si cela prend du temps, cet investissement est payant sur le long terme.
Valorisation des contenus et environnement
Au passage je ferais observer que diviser par 4 ou 6 le volume des rapports, et thèses bien mis en scène à deux effets évidents :
la valorisation du contenu, améliore la probabilité d'être lu, reconnu et compris (même si ça ne suffit pas, c'est une condition nécessaire à défaut d'être suffisante)
l'environnement à tout à gagner à la diffusion à la réduction de la consommation de papier, d'eau et d'arbres qui servent à sa fabrication c'est une dimension à laquelle nous sommes assez sensible ici au Pays basque, nous qui bénéficions encore d'un environnement mieux protégé qu'ailleurs.
Revenons à la typo un instant
Je professe qu'on peut à la fois utiliser de belles polices sans faire preuve de conformisme.
Le times courant (celui d'Apple ou de crimosoft) est d'abord archi rebattu et ensuite on ne dispose pas de suffisamment de graisses pour faciliter les variations.
Parmi les polices textes méconnues mais intéressantes on peut aussi citer le Weideman de chez ITC (qui as l'avantage d'assez bien optimiser l'espace pour faire rentrer beaucoup de texte dans peu de volume).
Une police aussi intéressante, mais qui exige, des imprimantes laser d'au moins 600 dpi, voire plus, pour visualiser sa finesse est l'Optima. Une police bâton, certes, mais dont les fûts évasés ont une remarquable élégance
Certaines de ces fontes sont trouvables dans le domaine public ou ont été repris par des fondeurs grands publics à des prix accessibles (sous des noms légèrement différent, histoire quand même de pas se faire poursuivre pour violation du copyright sans trop se fatiguer à créer des polices comme ont su si bien le faire Adrian Frutiger, Heman Zafp ou Sumner Stone et bien d'autres). Même si ces solutions sont financièrement accessibles il est manifeste que ces polices ont rarement la grâce de celles qui leur ont servi de modèle mais elles permettent de se s'initier à moindre coût avec la belle typo.
quote:
------------------------------------------------------------------------
De plus je compte inclure des illustrations, tableaux, assez régulièrement (sans compter les annexes) : quelle police vous me conseillez pour les légendes ?
------------------------------------------------------------------------
Les principes que j'applique dans mes maquettes c'est le choix de deux familles de caractères en général.
Une pour tous les textes, de quelques natures qu'ils soient :
textes courants
citation
énumérations
encadrés
notes
bibliographies
Une pour toute la titraille :
gros titres
surtitres et sous titres
intertitres
signatures
appels de notes
légendes
crédits photos ou références de tableaux
Dans le cas des mémoires et des thèses, on déclinera les chapitres, parties, sous parties, sections et sous sections en partant de graisses Ultra pour descendre vers le Bold par exemple, tout en réduisant les corps au passage de l'un à l'autre, et par la combinaison idéale des deux.
Dans ma charte visuelle, je rajoute une troisième police qui me sert exclusivement pour donner les titres généraux des ouvrages en premiere de couverture (j'ai une grande affection pour le Baker signet personnellement)
Les légendes
Donc les légendes font partie des titres (des bold, ou mieux des semi bold quand ils existent, se prêtent bien à l'écriture des légendes, dans des petits corps).
Les tableaux
Si les tableaux comportent essentiellement des chiffres, une police sans empattement est recommandée ou bien une police mécanes (square serif) comme les Glypha, Lubalin, Helvetica light et black, histoire d'alterner résultats et données ordinaires, ou Franklin Gothic book et heavy. Bref, des polices Mécanes ou Sans Serif sont recommandées.
Dans ce cas là, histoire de garder une cohérence visuelle, pourquoi ne pas faire appel à la même police pour les titres et la réalisation de tableaux ? sauf pour les parties contenant des textes ou des commentaires (alors on pourra à nouveau faire appel à la police des textes).
Stone, le monde est stone
quote:
------------------------------------------------------------------------
La police Stone Sans à l'air adaptée, mais est-ce vraiment agréable à la longue ?
------------------------------------------------------------------------
Le Stone Sans (et accessoirement informal ou serif) est encore méconnu par le grand public. Ta contribution à son utilisation ne devrait provoquer une lassitude des lecteurs avant plusieurs années, même si tu produit beaucoup de documents lol
Je penses que cette police peut aussi être tout aussi optimum pour la réalisation de tableaux, de lexiques, de dictionnaires ce ne sont pas des polices outrancières, mais ce sont des polices audacieuses mais finalement, elle contribue à faciliter la lecture, de ce type documents qui généralement manquent de lisibilité et de personnalité.
Pour désigner la lisibilité, les anglo saxons utilisent deux mots différents :
readibility
legibility
Ces deux mots implique une lisibilité typographique et une lisibilité linguistique et ces deux notions atteignent leur quintescence dans l'esthétique.
Une affiche 4/3 doit être lisible en effet ce qui n'est pas toujours le cas. Mais admettons qu'elle le soit. L'utilisation d'un Bodoni Poster (caractère Didone) à empattements aplatis (entre autre) sera magnifiquement lisible sur une affiche et beau à regarder. Mais appliqué à une page de texte, il te provoquera une migraine dont tu te souviendra.
Il faut provoquer l'intérêt en effet, mais cet intérêt repose sur :
tout d'abord la qualité du texte
la qualité de la typograpie choisie (son originalité certes, mais la manière dont on la met en uvre est au moins aussi importante : corps, interlignagne, approche des caractères, gestion des blancs entre les mots, gestion des espaces avant et après les paragraphes, alinéas ou pas
la mise en scène de la page, ces petits repères visuels qui attirent l'attention, te donnent envie d'y plonger, en surfant sur la titraille avant d'aller t'étendre auprès du texte pour y retrouver le réconfort.
Dans ma tête, lisibilité rime avec sensualité, et même l'annuaire retrouvera une force attractive s'il est bien mis en scène. Mais c'est pas pour l'histoire qu'il te passionnera.
D'accord avec Vieux Mac-user sur la cohérence forme fond et la notion de conflit interne. Avons nous horreur des conflits ? sans doute, mais de la tension entre deux familles complémentairement opposées naissent des dynamiques.
Cette alchimie m'a pris des années pour décoder les bonnes associations, et c'est une quête permanente, sans cesse remise en question
Utiliser une Garalde et une Réale pour alterner les titres et les textes produiraient un conflit improductif, une absence de repère, et aboutirait à la confusion des sens.
Je te rejoins sur le fait que lorsque notre il perçoit ce type de conflits stériles entre deux polices mal choisies (ou une seule parfois suffit à t'ennuyer à mourrir) alors tu n'as qu'une seule envie au bout de trois ou quatre pages, reposer le livre, et passer à autre chose. (Ça m'arrive avec un livre sur sept à peu près).