jeanba3000 a dit:
Qu'est-ce qui te parait ambigu ?
Je trouve qu'aujourd'hui il est de plus en plus difficile de prendre des photos de gens ou de biens en France et encore plus de les publier. Le nombre de procès pour droit à l'image ou à la protection de la vie privée ou de la propriété, en augmentation ces dernières années, la défiance voire l'agressivité des gens dès qu'un objectif se pointe, tout ça participe je trouve d'un rejet de l'acte photographique ou du photographe considéré comme agresseur, comme si tous les photographes étaient des paparazzi. Même dans nos entourages des tas de gens en réunion privée, familiale par exemple refusent d'être pris en photo "parce qu'ils n'aiment pas être pris en photo".
Les gens qui n'aiment pas être pris en photo, cela date depuis longtemps et je ne pense pas que cela ait à voir avec la judiciarisation du monde la photo (et du documentaire -cf Philibert-, toutes les représentations du réel en somme, semblent touchées), mais juste avec des gens qui ont du mal avec leur image.
Par ailleurs, il faut faire la distinction entre le monde pro où les images sont destinées à la publicité (au sens large : "rendre public") et le monde amateur où l'image demeure majoritairement reclue à la sphère privée.
C'est assez logique, le discours -souvent paranoïaque- de la protection de la vie privée atteint son paroxysme avec la surmédiatisation de celle-ci : le commerce de l'intime comme icône médiatique.
Enfin, pour revenir à ce que disait Kasparov, il me semble aussi que la photo a le vent en poupe en ce moment, mais c'est au prix d'une banalisation terrible (et là, j'en "veux" un peu au numérique) : tout le monde s'autoproclame "photographe", quelques fois "artiste" dès lors que l'on sait faire trois manips sous Photoshop (je n'apprendrais à personne que l'art n'est pas une affaire d'expertise logicielle ...).
L'humilité devient une denrée rare dans le monde de la photo (là est peut-etre une des leçons d'HCB, meme s'il faut là aussi relativiser).
Enfin, je terminerais sur un coup de gueule : la banalisation de la pratique photographique (le leurre du "possible artisitique" induit par la frénésie techniciste : "tout le monde peut être artiste dès lors qu'il s'achète le dernier 4 MP à la mode") pousse justement vers une manque de reconnaissance vis-à-vis de "vrais", de ceux qui se sont investis totalement dans leur art et qui peinent à vendre leurs images (j'achète assez souvent des tirages de photographes que j'apprécie car je trouve que c'est un peu facile de n'être que le spectateur à dépenser 3 euros le dimanche dans une expo, ce qui n'a jamais fait vivre un artiste ...).