reineman a dit:
Le rapport a la nature et au corps, par contre , s'est profondément deterioé avec le christianisme , le corps est devenu siege de tabous, frappé d'impureté alors que semble t'il ça n'était pas le cas dans les civilisations de la gaule , et encore moins dans la grece antique.
Peux tu développer stp ? Il y a beaucoup d'idées reçues à ce sujet, me semble t'il, comme souvent quand il s'agit du christianisme.
Loin de jetter l'oprobre sur le corps, le christianisme, à la suite du judaïsme, lui donne une dignité rarement égalée. N'oublions pas que le christianisme est la religion de
l'incarnation, où Dieu Lui même, le créateur tout puissant de l'univers, se fait homme, "prend chair" comme on dit. Dieu se donne un corps humain ! Le Christ marche, parle, touche, rie, mange avec son corps humain.
Ce corps humain est tellement digne, qu'il est appelé à Ressusciter (la
résurrection de la chair fait parti de la foi chrétienne). Certes sous une forme glorieuse, mais bien réelle (voir à ce sujet les apparitions du Christ ressuscité dans les évangiles, avec Thomas qui met ses doigts dans les plaies du Christ pour s'assurer de sa résurrection charnelle).
Dans le christianisme, il n'y a pas cette notion d'esprit ou d'âme prisonnier de la chair, et qui attend d'en être, enfin, libéré. Non, le corps et l'âme sont liés éternellement, (ce qui explique aussi pourquoi l'incinération est rare dans les pays catholiques, le corps attendant sa résurrection).
Il est vrai que le judaïsme a de nombreuses règles concernant le corps. Mais, sans être un spécialiste du sujet, il me semble que les mots pureté/impureté sont là aussi souvent mal compris. Par exemple, on peut trouver choquant que dans la religion juive, une femme ayant enfanté est dite "impure" pendant, je crois, 7 jours après la naissance de son enfant, et doit respecter certaines règles pour ne pas entrer en contact avec les autres (tout cela est à préciser). En fait, le mot d'impureté traduit très mal le concept. Il s'agit en fait d'une sorte de "seuil" qui permet de passer d'un état à un autre. La femme qui donne la vie est en quelque sorte dans un état "sacré", et pour revenir à un état "profane", elle doit passer par un "seuil de décompression". De la même manière que le grand prêtre juif, avant d'entrer dans le Saint des Saints (le lieu le plus sacré du temple juif, où lui seul entrait, je crois une fois par an), doit aussi passer par un "seuil de compression ou décompression", une pièce ou il quitte ses vêtements et se lave. Il devait faire ça avant d'entre dans le Saint des Saints, et AUSSI en sortant, marquant le passage d'un état sacré à un état profane par ce seuil. Bref, tout ça pour dire que même dans ses règles corporelles, le judaïsme est plus complexe qu'on peut le dire rapidement.
De plus, le Christ vient justement remettre ces règles à leur place (des moyens et non des buts). Par exemple, dans l'Evangile de Saint Marc, au chapitre 15, Jésus répond à ceux qui lui reprochent que ses disciples ne procèdent pas aux ablutions rituelles avant le repas (ce qui est sensé les souiller lors du repas), il leur répond « Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme ; mais ce qui sort de sa bouche, voilà ce qui souille l'homme. » (sous entendu les médisances, les mensonges etc..)
Enfin, comment ne pas parler de l'
eucharistie, le corps et le sang du Christ selon la foi catholique, que les fidèles recoivent à la messe, et MANGENT (intègrent dans leur corps) pour ainsi se laisser "déifier" ?. Ou bien encore de l'importance des reliques (parties du corps d'un saint, ou d'objet ayant été en contact avec lui), vénérées par les catholiques (comme signe de l'action sanctifiante de Dieu dans un corps, justement), et qu'on applique parfois aux corps des malades (savez-vous par exemple que Edith Piaf a été, enfant, guérie miraculeusement de sa cécité après avoir eu les yeux touchés par des reliques de Sainte Thérèse de Lisieux ?).
Bref, désolé d'avoir été un peu long, :rateau:mais il y aurait encore beaucoup à dire sur ce sujet.
PS : A ce propos, Jean-Paul II a consacré une importante part de son pontificat à enseigner une
théologie du corps complètement méconnue, et qui va
à l'encontre de bien des idées reçues ! Il y rappelle entre autre que
"la sainteté est entrée dans le monde avec le corps humain".