Un de Baumugnes

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kabeha

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13 Mai 2002
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Bourg en Bresse
Je suis en train de relire la trilogie "Pan" de Jean Giono. J'avais oublié comme c'est beau.
Un petit passage de "Un de Baumugnes" qui m'a fait craqué :

"Pendant ce temps, je vous dis, Saturnin rigolait. Ce corps-là, c’était du rire, rien de plus, ou, plutôt, ç’avait dû être du rire, du bon rire clair, parce qu’il fait bon, parce que le ciel est profond bleu, parce qu’il y a des gens comme ça qui voient la vie comme un verger de mai, et la fleur vole. Ç’avait dû être du rire, car, pour l’instant, c’était pas précisément du rire. C’est dur à vous faire comprendre ça. Je vais essayer. Mettez que ce soit du bon rire clair et puis que ça gèle subitement comme de l’eau. Mettez ça. C’est gelé parce qu’une chose est arrivée d’un coup qui glace le rire, et le rire s’est gelé, et il est là comme un bloc d’eau. Puis, le temps passe et c’est encore la tiède vie qui vient, la vie têtue qui ne sait pas de quoi il retourne au dehors et qui coule dans le sang, toujours, et tiède, sans se soucier des soucis. Donc, la vie revient tiède, et c’est le dégel, et alors, le rire coule encore, mais il est trouble, du trouble des eaux qui ont gelé et qui dégèlent. Voilà.
Ce rire de Saturnin, au fond, c’était pas très loin de la longue mine à douleur du patron et des pleurs de maman Philomène."


Pour mémoire, Saturnin c'est Fernandel dans le film "Angèle" que Pagnol en a tiré et qui est le premier rôle où il donne toute la mesure de son talent.

Voilà, c'est juste comme ça, parce que j'avais envie de faire partager ça.
 
bwv1006 a dit:
Pour mémoire, Saturnin c'est Fernandel dans le film "Angèle" que Pagnol en a tiré et qui est le premier rôle où il donne toute la mesure de son talent.

Ah bon... je pensais que Saturnin, c'était un canard :heu:
 
Ah la la la ....

Saturnin ! J'ai ADORÉ quand j'étais minot !! Je lisais les aventures dans la Bibliothèque Rose (ah !!! "Saturnin et le Vaca-vaca).

Sympa la photo :up: !
 
:mad: :mad:

Dites-donc, moi qui postais ce pur moment de poésie ! C'est tout l'effet que ça vous fait :eek: :hein: :(

J' t'en ficherais des canards :D ;)
 
Il y des écrivains qui utilisent des mots compliqués pour dire des choses simples. Giono est un des rares a savoir donner des émotions complexes avec des mots simples.

Ce qui m'étonne le plus chez lui c'est son intemporalité, ce qu'il décrit est tellement actuel...

Mon préféré est "Que ma joie demeure", le premier passage avec le type qui va pisser au bord du champ, le nez dans les étoiles, qu'il compare un champ de carottes sauvages, me donne chaque fois des frissons.

J'adore ses 'comme', a chaque fois, il y a une image derrière tellement forte et si évidente qu'elle frise le génie.

Un de mes auteurs de prédilection que je lit et relit.

Cordialement
 
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Réactions: kabeha
Didier Guillion a dit:
Tu me fait penser au gars que si demande : "Que vais je offrir a ma femme pour Noel ? Un livre ? Non, elle en a deja un..."

Cordialement

remarque judicieuse: quand je souhaite offrir un livre, j'aime que la librairie où je me rends ne soit pas un simple foutoir :eek:

mais, que veux-tu, les techniciens de surface ne sont plus ce qu'ils étaient... :siffle:
 
bwv1006 a dit:
Je suis en train de relire la trilogie "Pan" de Jean Giono. J'avais oublié comme c'est beau.
Un petit passage de "Un de Baumugnes" qui m'a fait craqué :

"Pendant ce temps, je vous dis, Saturnin rigolait. Ce corps-là, c?était du rire, rien de plus, ou, plutôt, ç?avait dû être du rire, du bon rire clair, parce qu?il fait bon, parce que le ciel est profond bleu, parce qu?il y a des gens comme ça qui voient la vie comme un verger de mai, et la fleur vole. Ç?avait dû être du rire, car, pour l?instant, c?était pas précisément du rire. C?est dur à vous faire comprendre ça. Je vais essayer. Mettez que ce soit du bon rire clair et puis que ça gèle subitement comme de l?eau. Mettez ça. C?est gelé parce qu?une chose est arrivée d?un coup qui glace le rire, et le rire s?est gelé, et il est là comme un bloc d?eau. Puis, le temps passe et c?est encore la tiède vie qui vient, la vie têtue qui ne sait pas de quoi il retourne au dehors et qui coule dans le sang, toujours, et tiède, sans se soucier des soucis. Donc, la vie revient tiède, et c?est le dégel, et alors, le rire coule encore, mais il est trouble, du trouble des eaux qui ont gelé et qui dégèlent. Voilà.
Ce rire de Saturnin, au fond, c?était pas très loin de la longue mine à douleur du patron et des pleurs de maman Philomène."


Pour mémoire, Saturnin c'est Fernandel dans le film "Angèle" que Pagnol en a tiré et qui est le premier rôle où il donne toute la mesure de son talent.

Voilà, c'est juste comme ça, parce que j'avais envie de faire partager ça.
Tu as bien fait, c'est un très beau passage en effet :zen:

Je n'avais par contre jamais vu ça auparavant:

Ç'avait dû être du rire
 
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