Vos poèmes préférés

Le beau voyage

Les trains rêvent dans la rosée, au fond des gares...
Ils rêvent des heures, puis grincent et démarrent...
J'aime ces trains mouillés qui passent dans les champs,
Ces longs convois de marchandises bruissant,
Qui pour la pluie ont mis leurs lourds manteaux de bâches,
Ou qui forment la nuit entière dans les garages...
Et les trains de bestiaux où beuglent mornement
Des bêtes qui se plaignent au village natal...
Tous ces rands wagons gris, hermétiques et clos,
Dont le silence luit sous l'averse automnale,
Avec leurs inscriptions effacées, leurs repos
Infinis, leurs nuits abandonnées, leurs vitres pâles...
 
Déjà posté ailleurs, mais toujours subtil :), ce texte intitulé Le mot et la chose, de l'Abbé de l'Atteignant, un contemporain et ami de Voltaire :



Madame quel est votre mot
Et sur le mot et sur la chose
On vous a dit souvent le mot
On vous a fait souvent la chose

Ainsi de la chose et du mot
Vous pouvez dire quelque chose
Et je gagerais que le mot
Vous plaît beaucoup moins que la chose

Pour moi voici quel est mon mot
Et sur le mot et sur la chose
J'avouerai que j'aime le mot
J'avouerai que j'aime la chose

Mais c'est la chose avec le mot
Mais c'est le mot avec la chose
Autrement la chose et le mot
À mes yeux seraient peu de chose

Je crois même en faveur du mot
Pouvoir ajouter quelque chose
Une chose qui donne au mot
Tout l'avantage sur la chose

C'est qu'on peut dire encore le mot
Alors qu'on ne fait plus la chose
Et pour peu que vaille le mot
Mon Dieu c'est toujours quelque chose

De là je conclus que le mot
Doit être mis avant la chose
Qu'il ne faut ajouter au mot
Qu'autant que l'on peut quelque chose

Et que pour le jour où le mot
Viendra seul hélas sans la chose
Il faut se réserver le mot
Pour se consoler de la chose

Pour vous je crois qu'avec le mot
Vous voyez toujours autre chose
Vous dites si gaiement le mot
Vous méritez si bien la chose

Que pour vous la chose et le mot
Doivent être la même chose
Et vous n'avez pas dit le mot
Qu'on est déjà prêt à la chose

Mais quand je vous dis que le mot
Doit être mis avant la chose
Vous devez me croire à ce mot
Bien peu connaisseur en la chose

Et bien voici mon dernier mot
Et sur le mot et sur la chose
Madame passez-moi le mot
Et je vous passerai la chose


:cool:
 
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Réactions: imimi et CarodeDakar
Allez, je me lance. Il s'agit d'un texte non daté avec précision, mais qui semblerait avoir été écrit au milieu du 12ème siècle. Auteur inconnu :

Vous m'avez eu, d'un seul regard, celui qu'il faut
Vous avez su, en quelques phrases, en quelques mots
M'apprivoiser, me préparer, les mets qu'il faut
Et maintenant je n'en puis plus, put'ain* d'gastro

* j'ai respecté l'orthographe de l'époque
 
La déesse

Au midi vide qui dort
combien de fois elle passe,
sans laisser à la terrasse
le moindre soupçon d'un corps.

Mais si la nature la sent,
l'habitude de l'invisible
rend une clarté terrible
à son doux contour apparent.
 
krystof a dit:
Allez, je me lance. Il s'agit d'un texte non daté avec précision, mais qui semblerait avoir été écrit au milieu du 12ème siècle. Auteur inconnu :

Vous m'avez eu, d'un seul regard, celui qu'il faut
Vous avez su, en quelques phrases, en quelques mots
M'apprivoiser, me préparer, les mets qu'il faut
Et maintenant je n'en puis plus, put'ain* d'gastro

* j'ai respecté l'orthographe de l'époque

C'est du douzième siècle ou du douzième arrondissement ? :eek: :D

Sinon, un autre du douzième (le siècle pas l'arrondissement :D), enfin juste une strophe, pour la suite, j'ai trop la flemme :

Lanquan li jorn son lonc en may
M'es belhs dous chans d'auzelhs, de lonh,
E quan mi suiy partitz de lay
Remembra-m d'un'amor de lonh ;
Vau de talan embroncx e clis
Si que chans ni flors d'albespis
No-m platz plus que l'yverns gelatz

Lorsque les jours sont longs en mai,
J'aime un doux chant d'oiseaux, lointain,
Et quand de là je suis parti,
Il me souvient d'amour lointain,
De désir vais morne et courbé
Si bien que chant, fleur d'aubépine
Valent pour moi gelée d'hiver.

Jaufré Rudel, Canso
(traduction René Lavaud et René Nelli)

Jaufré Rudel a écrit plusieurs poèmes qui font référence à cet "amor de lonh", amour lointain et ils sont ... beaux. :zen:
 
-
hum ! hum !hum !
je sais pas si KRYSTOF est bien du 12 eme,mais son langage est correct, MONSIEUR ! :o
-
quand a vous ,nous n'en sommes pas sur , :mad:
.................
..........................
...ou alors c'est la traduction :confused: :D :up:
 
L'âme du vin

Un soir, l'âme du vin chantait dans les bouteilles :
" Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité,
Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles,
Un chant plein de lumière et de fraternité !

Je sais combien il faut, sur la colline en flamme,
De peine, de sueur et de soleil cuisant
Pour engendrer ma vie et pour me donner l'âme ;
Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant,

Car j'éprouve une joie immense quand je tombe
Dans le gosier d'un homme usé par ses travaux,
Et sa chaude poitrine est une douce tombe
Où je me plais bien mieux que dans mes froids caveaux.

Entends-tu retentir les refrains des dimanches
Et l'espoir qui gazouille en mon sein palpitant ?
Les coudes sur la table et retroussant tes manches,
Tu me glorifieras et tu seras content ;

J'allumerai les yeux de ta femme ravie ;
A ton fils je rendrai sa force et ses couleurs
Et serai pour ce frêle athlète de la vie
L'huile qui raffermit les muscles des lutteurs.

En toi je tomberai, végétale ambroisie,
Grain précieux jeté par l'éternel Semeur,
Pour que de notre amour naisse la poésie
Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur ! "
 
_
puisqu'on a droit a un petit bout, alors de mémoire bien sur
..............

que sont mes amis devenus
que j'avais de si prés tenu
et tant aimés
ils ont eté trop clairsemés
le vent je crois les a otés
l'amour est morte
ce sont amis que vent emporte
et il ventait devant ma porte
les emporta
.................................
-
quand on lit RUTEBEUF entre autres,on pleure des fois de notre personnelle indigence poetique
-
il ne nous teste qu'a nous refugier dans le saint emilion :o :o :(
:D
 
loustic a dit:
Tu parles pour nous ? Merci !

:confused:
:D
-
que diantre (remarquez ce mot ancien finement appuyé,preuve du talent de l'auteur:o )
que diantre dis je,non je ne parle pas pour vous,je me parle couramment a la troisieme MOSSIEU !:mad:
:siffle:
 
La part de négritude, qui coule en moi

---

Femme nue, femme noire
Vétue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J'ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu'au coeur de l'Eté et de Midi,
Je te découvre, Terre promise, du haut d'un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein coeur, comme l'éclair d'un aigle

Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d'Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l'Aimée

Femme noire, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l'athlète, aux flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.

Délices des jeux de l'Esprit, les reflets de l'or ronge ta peau qui se moire

A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.

Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l'Eternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.

L. S. Senghor

Extrait de
" Oeuvres Poétiques"
Le Seuil
 
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Réactions: Philippe
ESPERANCE


Petit courant qui passe, petite donnée,
Milliard à la clef.

Petite conscience qui traîne, petite terre,
Nouveau millénaire.

Petit changement d'air, petite trève,
Simple rêve.

Petit tout, petit rien,
Un brin...d'amour !


F. D'Hondt
 
Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce

Il n'y a pas d'amour heureux

Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes

Il n'y a pas d'amour heureux

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent

Il n'y a pas d'amour heureux

Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare

Il n'y a pas d'amour heureux

Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l'amour de la patrie
Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs

Il n'y a pas d'amour heureux
Mais c'est notre amour à tous les deux


Louis Aragon (La Diane Francaise, Seghers 1946)

J'adôôôôôôre ! :love:
 
J'adore aussi...
(La preuve : voir un peu plus haut... ;))

Tout aussi connu, tout aussi prenant :


Est-ce ainsi que les hommes vivent

Tout est affaire de décor
Changer de lit changer de corps
À quoi bon puisque c'est encore
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m'éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j'ai cru trouver un pays.
Cœur léger cœur changeant cœur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes nuits
Que faut-il faire de mes jours
Je n'avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m'endormais comme le bruit.
C'était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d'épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j'y tenais mal mon rôle
C'était de n'y comprendre rien
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent
Dans le quartier Hohenzollern
Entre La Sarre et les casernes
Comme les fleurs de la luzerne
Fleurissaient les seins de Lola
Elle avait un cœur d'hirondelle
Sur le canapé du bordel
Je venais m'allonger près d'elle
Dans les hoquets du pianola.
Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons des quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon être
Et je croyais y reconnaître
Du Rainer Maria Rilke.
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.
Elle était brune elle était blanche
Ses cheveux tombaient sur ses hanches
Et la semaine et le dimanche
Elle ouvrait à tous ses bras nus
Elle avait des yeux de faïence
Elle travaillait avec vaillance
Pour un artilleur de Mayence
Qui n'en est jamais revenu.
Il est d'autres soldats en ville
Et la nuit montent les civils
Remets du rimmel à tes cils
Lola qui t'en iras bientôt
Encore un verre de liqueur
Ce fut en avril à cinq heures
Au petit jour que dans ton cœur
Un dragon plongea son couteau
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent
 
Nataq

Richard Desjardins 1990 "Tu m'aimes-tu"


Toi, tu es ce soleil aveuglant les étoiles ;
Quand tu parles au mourant sa douleur est si douce.
Pour trouver le racage et tuer l'animal,
Pour trouver le refuge tu es mieux que nous tous,
Nataq.

Je dis que je ne peux rêver la vie sans toi.
J'ai la mémoire des eaux où je me suis baignée.
Maintenant que tu vis, que je rêve à la fois,
Tout mon être voudrait que tu sois le dernier,
Nataq.

Mais je ne veux pas mourir sur ce rocher accore
A la vue des autres, abusée par les dieux.
Il n'y a pas de fleurs pour jeter sur mon corps,
Et qui donc frappera le tambour de l'adieu ?

Je te le redis, je te suivrai dans la fosse,
Mais je veux de la terre, ô Nataq, tu m'entends !
Si cela te convient, si la vie nous exauce,
Nous serons ensemble jusqu'à la fin des temps.

Mais je suis si inquiète, la lumlère retarde
Un peu plus chaque jour, ton silence m'opprime.
Ouvre les yeux et vois que les loups nous regardent,
Ils ont déjà choisi le moment, la victime.

Et voilà que s'échappe dans ce ciel obscurci
Le souffle du chaman étranglé de remords.
Vois ! il tremble de peur et ses doigts sont noircis,
Et pendant que je t'aime, il appelle la mort.

Si la mort se hasarde où s'achève le monde
Sois certain qu'elle ne viendra pas que pour lui ;
Cachons bien nos blessures, elle s'en vient pour le nombre.

Ô Nataq bien-aîmé, moi, mon cœur a conclu,
Moi, je meurs de mourir dans ce funeste camp.
Oui, nous sommes perdus comme nul ne le fut,
Oui, nous sommes perdus mains encore vivants.

Ouvre les yeux et vois cette nuée d'oiseaux
A l'assaut de la mer inconnue, où vont-ils ?
Moi je dis que là-bas il y a des roseaux ;
Allons voir, allons voir ; je devine des îles

Où le jour se lève, me nourrit et se couche,
Sur des plumes divines et des cavernes sûres.
Il y aura de l'eau chaude comme ta bouche
Pour accoucher la fille et fermer sa blessure.

A ton signe, à ta voix, recueillis sous tes lances,
Des troupeaux de bisons réclamant sacrifices,
Et quand éclatera la lune d'abondance,
Des orages de fruits pour que vive ton fils.

Ton destin est le mien, nous ne mangerons plus ;
Nous irons frayer aux savanes intérieures,
Et tu t'enflammeras mon désir pur et nu ;
Que je hurle ta joie, que tu craches mon cœur.

Et si par miracle nos prières parviennent
A calmer ces dieux fous que ta douleur fascine,
Je n'accepterai pas que l'un d'eux me ramène
Où j'ai pleuré du sable et mangé des racines.

Je ne retourne pas sur les lieux anciens,
Sous les lois de guerriers débouchant aux clairières,
La mémoire brûlée, le flambeau à la main ;
S'il me faut retourner, je retourne à la mer.

Je suis jeune, Nataq, comme un faon dans l'aurore,
Et la vie veut de moi et voudrait que tu viennes ;
Réveillons la horde, je l'entends qui l'implore ;
Attachons les épaves aux vessies des baleines.

Nous serons les premiers à goûter aux amandes ;
Traversons, traversons, amenons qui le evut.
Aime-moi ! >>Aide-moi ! Mon ventre veut fendre.
Je suis pleine, Nataq, il me faudra du feu.
 
"On médite, on rédige dans l'urgence des rimes inedites
on hésite, on ecrit sur l'etat de nos péripéties
on évite les épines, les aiguilles, on dessine des piles de plan pour deetruire les MC"

TTC - 21eme's
:D
 
L'amitié

L'amitié est un trésor,
que l'on s'est difficilement gagné,
et il faut mettre tous nos efforts
le protéger, à ne pas l'user.
L'amitié c'est aussi le don du coeur,
sans attente aucune en retour,
ce sont des sourires de chaleur,
que l'autre nous rend à son tour.
L'amitié, c'est prendre le temps d'écouter
et ne pas chercher de réponse.
C'est comprendre sans avoir pitié
les larmes que l'on dénonce.
L'amitié c'est bien plus que l'amour,
c'est un sentiment que l'on ne peut jamais tricher.
C'est une promesse de franchise pour toujours
qui ne risque jamais de nous blesser...