On peut dire que j'ai mal débuté dans la vie ... Né grand prématuré en 1949, les médecins avaient jugé que mon espérance de vie ne dépasserait pas 3 mois et avaient conseillé à mes parents de me laisser à l'hôpital pour pouvoir me prodiguer les soins adéquats.
Une semaine après, j'étais à la maison entouré de l'amour et des soins de mes parents et de mes grands parents à qui je dois d'être encore en vie aujourd'hui (et merci en passant à l'huile de foie de morue dont j'ai été gavé pendant de nombreuses années ... :hilarious: ).
Les 10 premières années ont été relativement difficiles ... chétif et peureux j'étais harcelé à l'école - c'est toujours les plus petits qu'on spotche - et je n'attendais qu'une seule chose, c'était de rentrer chez moi pour retrouver tout l'amour débordant de ma famille !
Les cours de natation étaient d'une horreur sans nom pour moi - en effet, j'avais une véritable phobie de l'eau ce qui provoquait une avalanche de quolibets tant de la part des moniteurs que des autres élèves.
Le supplice était tel que la veille des cours de natation j'étais dans un état de frayeur et d'angoisse dont je me souviens avec horreur encore aujourd'hui - et, ce qui n'arrangeait rien, mes parents n'hésitaient pas à me faire des attestations me permettant d'éviter ce supplice.
Un matin, je me suis levé en me disant : "Bon ! C'est fini tout ça !" et j'étais fermement décidé à mourir s'il le fallait !
Alors, à la piscine, en sortant de ma cabine je me suis jeté dans le "grand bain" avant même de me doucher à la grande surprise des moniteurs - et là, ce fut une sorte de résurrection : je flottais et je nageais comme les autres ... finies les angoisses et envolée la frayeur.
Ce fut le début d'une grande passion ... Je passais brevet sur brevet et je participais même à des compétitions régionales avec un certain succès au grand bonheur de mes parents qui étaient toujours là pour me supporter.
Quand je réfléchis à cette situation, je suis certain que ma vraie vie a débuté ce jour-là ! Le déclic était enfin arrivé !
J'ai commencé à pratiquer le sport de façon immodérée : natation (bien entendu), sports de combat (judo, karate) ce qui, entre nous, m'a permis de foutre une bonne trempe à ceux qui me harcelaient, et parachutisme (ma dernière passion en date ).
J'ai toujours voulu prouver à mes parents que, prématuré ou pas, c'était grâce à eux que j'étais capable d'être parmi les meilleurs ... c'était ma façon de les remercier.
En 1969, je me suis engagé en qualité de volontaire chez les paras ... non pas par patriotisme exacerbé, mais par besoin de me dépasser en me disant que si je résistais à cette épreuve durant 2 années, je serai capable de résister à tout !
Et ce jour-là, pour la première fois, j'ai vu ma Mère pleurer !
Et j'ai résisté jusqu'au bout en me souvenant de ce qu'on m'avait dit le premier soir : "Ici, vous souffrirez jusqu'à la limite de vos forces, mais dites vous bien qu'à l'avenir, vous ne souffrirez jamais autant que ce que vous avez souffert ici !"
Et ils avaient raison, cette période a forgé mon caractère et a conditionné le reste de ma vie ... Who dares wins !
Ensuite, la vie "normale" a repris son cours, émaillée de grandes joies - mon mariage, la naissance de mes 3 enfants et de mes 4 petits enfants - et de drames - la mort de mes parents tant aimés, le décès de mon épouse en 2014 après 42 années d'un mariage sans nuages - bref, les drames que chacun d'entre nous est susceptible de connaître au cours de notre passage ici bas.
Ce qui m'a sauvé après un démarrage un peu "difficile", c'est l'amour de mes parents et de ma famille en général et l'amour des autres - Quant à moi, les épreuves rencontrées durant la première partie de ma vie m'ont permis de garder la niaque et de résister envers et contre tout aux aléas qui font partie de notre quotidien.
Alors, je dis : "Merci la vie" ... Même si parfois c'est difficile !