J'ai peine à suivre votre raisonnement @Average Joe. La protoécriture date de 50'000 ans, si l'on considére les dessins rupestres comme une forme d'écriture. Sinon, on a retrouvé en Chine une protoécriture datant de 7'000 ans. Depuis Gutenberg, la poésie, la littérature, l'histoire, la philosophie… ne se transmettent plus de bouche à oreille. La musique non plus d'ailleurs. Enfin, l'art pictural s'est aussi transmis depuis la préhistoire. Or, si nous avons connaissance de tout cela, c'est bien que l'information a pu nous parvenir sous forme de supports matériels de différentes natures (pierre, terre cuite, bois, papyrus, …, papier).
Au XIXe siècle apparaîssent des supports pour les images (1826) ou selon l'Académie des Sciences, le daguerréotype est considéré comme la première invention. À noter que ce procédé a «été donné au monde» par le fils de l'inventeur. Le premier enregistrement sonore date de 1857 et le procédé a fait l'objet du dépôt d'un brevet par le français Édouard-Léon Scott de Martinville. Le cinématographe est breveté par les frères Lumières en 1895. Puis sont apparus les films et les microfilms comme moyens de transmission et de conservation. René Dagron, un photographe et inventeur français, sera le premier à breveter un procédé de microfilm, le 21 juin 1859.
Tout un commerce s'est organisé autour de l'Art depuis l'Antiquité, sur tous les continents. Dans ma première intervention, j'ai évoqué la question du droit de transmettre mon patrimoine (matériel ou dématérialisé) à mes enfants. Or le droit d'héritage fait l'objet d'une codification depuis l'Antiquité.
Autrement dit, toutes ces inventions datent d'avant 1900. Le XXe siècle n'a fait que développer et exploiter ces inventions pour les rendre industrielles. L'apparition des micro-ordinateurs datent des années 1970 environ. Et tout fonctionne semble-t-il sans mécontentement excessif de la part des auteurs, des industriels, des possesseurs ou collectionneurs d'oeuvres jusque vers les années 1990.
Je pense donc que le problème est excessivement récent, eu égard à toutes les notions historiques développées ci-dessus. Je suis tout à fait convaincu que tout ceci n'a rien à voir avec la matérialité ou la dématérailité des supports, toutes formes d'Art confondues.
Le véritable problème apparaît comme par hasard avec la concrétisation de la critique de l'état-régulateur et «l'économie de marché au nom de la liberté de l'individu et de l'efficacité ». Ce sont les théories néolibérales qui pronent la dérégulation du commerce, la mondialisation des marchés, … Bref, je ne vais pas m'étendre sur un sujet que certains connaissent, mais surtout que beaucoup subissent. C'est une infime période de l'Histoire, pendant laquelle l'économie apparaît être une loi universelle (un peu comme la gravité, la thermodynamique…
, sinon divine (le Veau d'Or…
. Jamais dans l'Histoire, la cupidité et son pendant la convoitise ne sont apparues d'une telle ampleur.
Aujourd'hui, cet appât du gain est devenu tel qu'il va jusqu'à prétendre que les oeuvres que chacun peut acquérir dans les commerces plus ou moins spécialisés,
n'appartiennent pas à l'acheteur. Donc, il ne peut pas le prêter sans autorisation, ni le donner (en tant que don ou cadeau), ni le transmettre aux héritiers, etc. C'est une notion totalement nouvelle, dont l'élément central est effectivement la notion de license, après des millénaires d'histoire de l'art et du commerce qui s'est construit autour de ces biens (matériels ou dématérialisés). C'est une forme nouvelle d'autoritarisme. Le contrôle tend à devenir total d'un bout à l'autre de la chaîne. Personne n'ignore jusqu'à quels excès peuvent évoluer les formes de totalitarisme.
Et bien je prétends que cet autoritarisme, ce despotisme et tous les autres -ismes sont nuisibles et inacceptables à toute vie communautaire un tant soit peu équilibrée (je n'ai pas écrit égalitaire). Et il faut lutter contre cette tendance qui ne favorise même pas les artistes, sinon un petit nombre de privilégiés, pour autant qu'ils fassent preuve d'un certain conformisme. Les autres sont plus ou moins … de la revue !
Navré @Average Joe, je n'arrive pas à entrer dans votre raisonnement
PS : Wikipedia a fortement été mis à contribution dans ce texte. Toutes les citations ne sont pas entre parenthèses.